Le Soudan renforce ses milices, une semaine avant un sommet Khartoum-Juba

Le Soudan a annoncé lundi des mesures renforçant ses milices paramilitaires, une semaine avant un sommet prévu au Soudan du Sud entre les présidents Omar el-Béchir et Salva Kiir pour tenter de faire baisser les tensions entre les deux pays.

Le président Béchir a émis un décret créant un comité de haut-niveau "responsable de préparer les camps d'entraînement" de la Force de défense du peuple (PDF), a annoncé l'agence de presse officielle SUNA.
Le comité pour la "mobilisation et l'alerte" sera dirigé par le vice-président Ali Osmane Taha, selon SUNA.

Début mars, alors que des observateurs et des diplomates prévenaient d'un risque de guerre entre Khartoum et Juba, le président Béchir avait ordonné aux gouverneurs de tous les Etats d'ouvrir des camps d'entraînement pour de nouvelles recrues du PDF. Cette milice avait été créée pendant la guerre civile qui a opposé pendant 22 ans Khartoum au Sud, devenu indépendant en juillet dernier.

Chaque Etat du Soudan devra former une brigade, sept autres venant de Khartoum, a dit le président. Il a promis que les nouvelles recrues "vaincraient toute partie qui tenterait de perturber la sécurité du Soudan".

Les relations entre le Soudan et le Soudan du Sud se sont détériorées depuis janvier quand Juba a interrompu sa production de pétrole qui représente 98% de ses revenus, accusant Khartoum de le "voler".
Les deux pays s'opposent sur le montant des frais de passage que doit verser Juba à Khartoum pour utiliser ses oléoducs. 

A l'issue d'un nouveau cycle de négociations à Addis Abeba à la mi-mars, les deux pays ont convenu de la tenue d'un sommet entre leurs chefs d'Etat pour faire progresser les questions des revenus pétroliers et des zones frontalières contestées, principaux sujets de tensions.

Jeudi, Omar el-Béchir a été invité officiellement par Salva Kiir à un sommet le 3 avril à Juba.
Les relations entre le Soudan du Sud et le Soudan sont désormais "positives", a assuré Pagan Amum, chef négociateur de Juba.
Mais après l'annonce de cette invitation, des membres du parti au pouvoir à Khartoum avaient dit craindre une ruse. Le Soudan du Sud a, depuis, assuré qu'il ne profiterait pas de ce sommet pour arrêter M. Béchir, recherché par la Cour pénale internationale (CPI).