Un attentat, le troisième en deux jours, a fait dimanche au moins deux morts à Alep dans le nord de la Syrie. Cette attaque, la deuxième du genre dans cette ville récemment gagnée par la contestation, intervient au lendemain de deux attentats à Damas qui ont fait des dizaines de morts et de blessés.
"L'attentat à la voiture piégée a eu lieu dans le quartier de Souleimanyieh à Alep, près du siège de la sécurité politique, faisant trois morts et 25 blessés", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
La télévision d'Etat a fait état pour sa part de deux morts et d'"une trentaine de blessés" dans cette explosion "terroriste".
Comme lors des attentats précédents, opposants et régime se sont accusés mutuellement d'être derrière cette attaque.
"Le régime syrien cherche à terroriser les grandes régions, particulièrement Damas et Alep, où d'importantes manifestations ont eu lieu ces dernières semaines", a affirmé Samir Nachar, membre du bureau exécutif du Conseil national syrien (CNS, opposition), soulignant que deux de ces attaques avaient eu lieu dans des quartiers où vit une importante communauté chrétienne.
Le CNS a, lui, réclamé dans un communiqué une commission d'enquête internationale sur les récents attentats, ainsi que sur la responsabilité du président syrien dans les "actes terroristes commis sur le sol syrien".
A Damas, des dizaines de Syriens se sont rassemblés dans le quartier de Qassaa, en mémoire des victimes de la veille, accusant les dirigeants qatari et saoudien, favorables à l'armement des rebelles, d'être responsables du "sang qui coule" dans le pays. "Nous rejetons la liberté que veulent nous apporter Hamad (Ben Jassem Al-Thani, Premier ministre qatari), le Golfe et l'Arabie saoudite", a déclaré à la télévision d'Etat une habitante de Qassaa.
La presse officielle syrienne a lancé de son côté une attaque en règle contre ces deux pays.
"Le terrorisme de Hamad et (du roi saoudien Abdallah) al-Saoud n'est pas une première, leur crime de sang, issu de leur rancoeur, nous le connaissons déjà (...) nous avons entendu leurs appels et leur incitation", a écrit notamment le quotidien officiel as-Saoura.
Le journal privé Al-Watan, proche du régime, estime de son côté qu'avec ces attentats, "les Syriens ont trouvé la raison pour laquelle les ambassades du Golfe à Damas ont été fermées", après que les six pays du Conseil de coopération du Golfe ont annoncé mercredi avoir fermé leurs chancelleries et rapatrié leurs diplomates.
Samedi, un diplomate arabe avait affirmé à l'AFP que Riyad acheminait, via la Jordanie, du matériel militaire pour équiper les dissidents de l'Armée syrienne libre (ASL), une information "catégoriquement démentie" par la Jordanie.
Parallèlement, une mission d'évaluation de l'aide humanitaire en Syrie, formée par l'Organisation de coopération islamique (OCI) et l'ONU, est arrivée vendredi dans le pays, a affirmé à l'AFP le secrétaire général adjoint de l'OCI pour les affaires humanitaires, Atta al-Mannan Bakhit. C'est la première fois que l'ONU est autorisée par Damas à faire une telle évaluation depuis le début de la crise en Syrie il y a un an.
La mission "couvre 15 villes", notamment les plus touchées par les violences qui ont fait plus de 9.000 morts depuis mars 2011, selon l'OSDH. Au terme de cette mission, dont la durée n'a pas été précisée, un rapport sera soumis à l'OCI et à l'ONU sur les besoins de la population en aide humanitaire.
Le président du Comité international de la Croix-Rouge, Jakob Kellenberger, doit de son côté rencontrer lundi à Moscou le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, un allié de Damas, pour évoquer la "situation humanitaire qui s'aggrave en Syrie".
Sur le plan diplomatique, des experts mandatés par l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, doivent partir lundi de Genève et de New York pour rejoindre la Syrie. Ils sont chargés de négocier l'envoi d'une mission d'observation dans le but de faire cesser les "tueries", selon Ahmed Fawzi, porte-parole de M. Annan.
Sur le terrain, les exactions commises par le régime de Bachar el-Assad se poursuivaient, tout comme les combats entre soldats et dissidents, selon l'OSDH qui a fait état d'au moins 22 morts- quinze civils, six soldats et un rebelle.
Les villes d'Atareb et de Aazaz étaient bombardées depuis l'aube, selon Mohammad al-Halabi, militant à Alep, joint par l'AFP via Skype. Aazaz "représente un enjeu stratégique car, à cause de sa proximité avec la frontière turque, de nombreux civils blessés ainsi que des déserteurs y transitent", a-t-il souligné.
A Deraa (sud), les funérailles d'un jeune homme tué par les agents de sécurité se sont transformées en une manifestation rassemblant plus de 7.000 personnes appelant au départ d'Assad, selon l'OSDH.
Quelque 2.000 étudiants ont également manifesté à l'université d'Alep, avant que l'armée n'entre dans le campus, et une manifestations massive s'est déroulée dans le quartier de Khaldiyé à Homs (centre), selon des militants.
Enfin, dans la capitale, l'opposant Mohammad Sayed Rassass "a été battu et arrêté en compagnie de plusieurs jeunes", lors d'une manifestation violemment dispersée, d'après l'OSDH.
Pour sa part, l'agence officielle Sana a fait état de la mort samedi de deux "terroristes" tués dans l'explosion de leur voiture piégée dans le camp des réfugiés palestiniens de Yarmouk, dans la banlieue sud de Damas.
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"L'attentat à la voiture piégée a eu lieu dans le quartier de Souleimanyieh...
commentaires (8)
Apres 30 ans de culture terroriste au Liban, la Syrie récolte ce qu'elle a semé! Plutôt Bashar s'en ira plus vite la Syrie s'en remettra, moins terroristes il y aura!
Pierre Hadjigeorgiou
08 h 55, le 19 mars 2012