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À La Une - Révolte

L’armée syrienne contrôle Idleb, Moscou frustré

Lavrov déplore la lenteur des réformes ; Annan a reçu la réponse de Damas, mais des zones d’ombre persistent.

Des Syriens vivent depuis des mois dans le camp pour réfugiés de Reyhanli à Antakya, à la frontière turco-syrienne. Ankara a entamé la construction d’un nouveau camp, d’une capacité de 20 000 places, pour pouvoir répondre si nécessaire à un nouvel afflux de déplacés. Bulent Kilic/AFP

Alors que le conflit syrien entre aujourd’hui dans sa 2e année, l’armée a repris hier le contrôle d’Idleb et intensifié la répression dans d’autres fiefs de la contestation (voir par ailleurs).

 

Sur le plan diplomatique, la Russie a critiqué hier le président syrien Bachar el-Assad pour les « gros retards » dans l’application des réformes et mis en garde Damas contre un risque d’escalade de la crise, si le régime n’écoutait pas les conseils de son allié russe.

 

« Malheureusement, tous nos conseils, et de loin, n’ont pas été suivis d’effet et n’ont pas toujours été mis en pratique en temps voulu, loin de là », a ainsi déploré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, lors d’une séance de questions-réponses à la Chambre basse du Parlement (Douma). Le régime Assad a « introduit de bonnes réformes qui renouvellent le système et l’ouvrent au pluralisme, mais cela est fait avec un gros retard », a critiqué M. Lavrov. La proposition d’entamer un dialogue intersyrien intervient elle aussi « avec retard », a renchéri le ministre, avertissant que cette « inertie » pourrait finir par « engloutir tout le monde ».

 

M. Lavrov a insisté sur le fait que la Russie faisait tout ce qu’elle pouvait pour contribuer à résoudre le conflit, soulignant que Moscou gardait une capacité d’influence sur le régime Assad et observant que la Russie ne défend « pas le régime syrien, mais la justice » dans le pays.

 

Aux yeux de l’analyste russe Viktor Kremeniouk, les propos de M. Lavrov montrent que la Russie cherche à aplanir les divergences avec ses partenaires sur la question syrienne, après l’élection de Vladimir Poutine à la présidentielle du 4 mars. « Maintenant que l’élection est passée, que Poutine a assuré sa victoire, on peut commencer à réfléchir à la manière de ne plus se brouiller avec les partenaires arabes et occidentaux, à essayer d’adoucir le climat », a-t-il souligné. À ce sujet, une coalition de 200 ONG issues de 27 pays a exhorté la Russie – et l’ONU – à agir pour mettre fin à l’effusion de sang en Syrie.

 

De leur côté, les Nations unies ont annoncé que l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Kofi Annan, a désormais reçu une réponse des autorités syriennes à ses propositions pour régler la crise. Indiquant que « des questions » demeurent, le communiqué des Nations unies ajoute que « compte tenu de la situation grave et tragique sur le terrain, tout le monde doit comprendre que le temps presse ». « Comme l’a dit M. Annan lors de sa visite dans la région, on ne peut permettre que cette crise traîne en longueur », poursuit le bref communiqué.

 

Pour sa part, Jihad Makdessi, porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, a estimé que Damas a répondu « clairement » aux propositions de M. Annan, ajoutant que « si l’intention est d’aider la Syrie, la Syrie s’est engagée à agir positivement » en coopérant avec l’émissaire. « Cette tâche demande de la bonne volonté de la part des autres parties », a-t-il poursuivi, réaffirmant que certains « arment (l’opposition) et incitent à la violence en Syrie ».

 

En attendant, M. Annan rendra compte demain au Conseil de sécurité des premiers résultats de sa mission de médiation, ont indiqué des diplomates à l’ONU. Toutefois, ils se montraient pessimistes sur la signification de la réponse syrienne. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a pour sa part exhorté le Conseil à « adopter immédiatement une résolution » appelant à la fin des violences, la fourniture d’aide humanitaire et un dialogue politique entre le régime et l’opposition. « Nous ne pouvons pas continuer comme ça », a-t-il affirmé.

 

Et depuis la Maison-Blanche où il rencontrait le président Barack Obama, le Premier ministre britannique David Cameron a estimé que si M. Assad « continuait » à réprimer son propre peuple, il ferait face à une « guerre civile et une révolution ». « Le chemin le plus court pour mettre fin aux violences, c’est une transition avec un départ de M. Assad, pas une révolution venant de la rue », a-t-il ajouté.

 

De son côté, M. Obama a assuré que le président syrien allait partir, quoi qu’il advienne, martelant : « La question n’est pas de savoir s’il va quitter (le pouvoir), mais quand. » Par ailleurs, un émissaire chinois a été reçu hier par des conseillers du président français Nicolas Sarkozy, dans le cadre des consultations diplomatiques internationales sur la Syrie. L’émissaire chinois doit également être reçu mardi prochain au Quai d’Orsay.

 

À Pékin, le Premier ministre Wen Jiabao a affirmé qu’il faut répondre aux aspirations démocratiques qui se sont manifestées lors du printemps arabe. Interrogé sur la Syrie, M. Wen a toutefois rappelé la position chinoise qui prône une solution politique de cette crise et refuse toute intervention étrangère, en assurant qu’elle était impartiale. Quant à la France, elle a envoyé dans des pays frontaliers de la Syrie son ambassadeur chargé des droits de l’homme, François Zimeray, afin de réunir des preuves des atrocités commises par le régime Assad pour constituer un dossier à remettre à la Cour pénale internationale.

 

Enfin, plusieurs pays ont fermé hier leurs ambassades à Damas et retiré l’ensemble de leurs diplomates et de leurs familles. Il s’agit de l’Arabie saoudite, des Pays-Bas et de l’Italie. L’Espagne, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont, eux, fermé leur représentation diplomatique depuis plusieurs jours déjà.

 

Alors que le conflit syrien entre aujourd’hui dans sa 2e année, l’armée a repris hier le contrôle d’Idleb et intensifié la répression dans d’autres fiefs de la contestation (voir par ailleurs).
 
Sur le plan diplomatique, la Russie a critiqué hier le président syrien Bachar el-Assad pour les « gros retards » dans l’application des réformes et mis en garde Damas contre un...

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