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Culture - Événement

Gloire à l’or de rue

Le centre culturel danois a proposé samedi une journée d’art urbain mêlant Orient et Occident. Un bâtiment de trois étages, Solea V, à Jisr el-Wati, pour accueillir une explosion sensorielle.

Jeunes et moins jeunes se sont succédé pour des improvisations au piano.

En franchissant la porte d’entrée bordée de murs où les tags colorent le béton armé, on s’engage pour une longue soirée (ou une autre dimension). Les quelques premières secondes, le cerveau humain a quelques difficultés à suivre le regard, l’ouïe et tous les sens. Puis très vite les synapses se lient pour finalement s’adapter petit à petit à un vertige agréable. À l’intérieur, un espace qui s’étend à vue d’œil. Et puis des étages. Et encore des corridors, des salles cachées, des escaliers... Si la caverne d’Ali Baba regorgeait d’art et non pas d’or, on serait à la bonne adresse.
À partir de 15h, et pendant 720 minutes, cette salle a été la scène de multiples merveilles. Merveilles d’abord par ce qu’elle est. « Tarte aux poires », la société d’événementiel qui organisait la course contre la montre, avait aménagé chaque recoin de l’antre. Un arbre somptueux enlace le plafond au milieu. Un peu plus loin, un piano à queue blanc fait faux bond aux éclairages psychédéliques. Vladimir Kurumilian y fera de l’impro dans l’après-midi. Le mur du fond sera la toile d’artistes de rue qui, aux dernières heures de la nuit, l’auront recouvert de couleurs et de contours. Une estrade et plein d’instruments pour que se succèdent au micro de jeunes artistes libanais, danois et syriens.
Michelle et Noël Kesrouani chantent côte à côte en arabe avec des voix fluettes, puis cèdent la place à Ladybox & Dix One qui revisitent les instruments orientaux en y ajoutant des touches danoises. À gauche, à droite, des œuvres, tables, chaises, installations de lumières semblent tout droit sorties de l’imaginaire de Tim Burton. Un bar où s’adossent des coiffures platines et déjantées. Les styles se mélangent et les langues se délient.
Au premier étage, deux stations culinaires se font face. Spécialités libanaises et danoises différentes, mais jamais concurrentes. La gourmandise pousse chacun à goûter à tout.
Un étage plus haut, des milliers de livres sont posés à même le sol et la déclamation de poésies arabes succède à celle des poèmes danois pour le bonheur de certains amateurs qui semblent être cloués à leurs coussinets depuis trop longtemps.
Sous l’escalier, une salle de cinéma de fortune. Courts (et plus longs) métrages libanais et danois s’enchaînent (Essay from a room de Rana Salem, ou encore Shatila girls d’Ina Lindgreen et Kamilla Bruus) sous des regards rêveurs.
L’événement est retranscrit en direct par des tweets que tous les adeptes peuvent laisser sur la toile. Un coin est même destiné aux blogueurs qui échangent des pensées et des mots avec les passants.
L’ambassadeur du Danemark se promène parmi les personnes présentes, et le public se fait l’écho d’une génération peut-être décalée, mais tellement inspirante. La génération que certains qualifieront d’underground. Mais ce n’est un secret pour personne, les trésors les plus riches ont longtemps été enfouis sous des couches épaisses de poussière. Il était temps de les déterrer.
Une chose est certaine, la collaboration de la culture danoise et de ce jeune label de Libanais dynamiques n’a pas fini d’étonner. Collaboration porteuse de l’art de la rue au Liban, devenu véritable réalité.
En franchissant la porte d’entrée bordée de murs où les tags colorent le béton armé, on s’engage pour une longue soirée (ou une autre dimension). Les quelques premières secondes, le cerveau humain a quelques difficultés à suivre le regard, l’ouïe et tous les sens. Puis très vite les synapses se lient pour finalement s’adapter petit à petit à un vertige agréable....
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