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L’an II du printemps arabe entre islamisme, démocratisation et tensions - Portrait

Abed Rabbo Mansour Hadi, unique candidat et homme de consensus

Un partisan de M. Hadi, candidat unique, accroche son poster à Sanaa. Mohammad Huwais/AFP

Le vice-président Abed Rabbo Mansour Hadi qui accédera mardi à la tête de l’État au Yémen est un militaire de carrière sans base populaire ou tribale, mais qui s’est révélé un homme de consensus.
M. Hadi occupe depuis 1994 le poste de vice-président, mais il n’a jamais joué de rôle politique important avant que le président Ali Abdallah Saleh ne soit blessé en juin dans un attentat et ne se rende en Arabie saoudite pour se faire soigner.
Ce personnage discret, avare en déclarations, s’est imposé durant les quatre mois d’absence de M. Saleh comme un homme jouissant du respect de l’ensemble des acteurs politiques, dont ceux de l’opposition. M. Hadi, secrétaire général du Congrès populaire général (CPG, parti au pouvoir), a également contribué à convaincre le président Saleh de signer en novembre l’accord de sortie de crise en vertu duquel il deviendra mardi président pour une période intérimaire de deux ans.
« La manière dont il a géré la négociation du plan de règlement et surtout dont il a convaincu M. Saleh de s’y rallier montre qu’il est très habile », souligne un diplomate occidental, sous le couvert de l’anonymat.
Originaire du sud du pays, M. Hadi a rejoint le camp des Nordistes dès 1986, soit quatre ans avant l’unification des Yémen du Nord et du Sud, en raison des sanglants règlements de comptes entre dirigeants sudistes. Et, contrairement à M. Saleh, « il n’a pas d’assise tribale, familiale, régionale ou partisane et n’a pas véritablement d’expérience du pouvoir. Mais il apparaît comme au-dessus des parties en conflit et c’est ce qui fait sa force », ajoute ce diplomate.
Diplômé de l’école militaire d’officiers de l’armée du Yémen du Sud en 1964, il suit ensuite un cycle de formation militaire en Grande-Bretagne, puis une formation spécialisée dans les armes blindées au Caire jusqu’en 1970. Il n’a pas joué de rôle particulier dans la lutte pour l’indépendance du Yémen du Sud qui a abouti au départ des Britanniques en 1967. M. Hadi continue à gravir les échelons dans l’armée sous la République démocratique et populaire du Yémen, seul État marxiste arabe qui avait des liens étroits avec l’Union soviétique. Il effectue en 1976 une formation de commandement et d’état-major dans ce pays qui dure quatre ans, et fait ensuite partie de commissions d’achat d’armes à l’ex-URSS.
Le 13 janvier 1986, une bataille meurtrière éclate à Aden entre dirigeants du Parti socialiste yéménite (PSY, parti unique du Yémen du Sud). Le président Ali Nasser Mohammad se réfugie au Yémen du Nord, déjà dirigé par M. Saleh, en compagnie d’une partie de l’armée qui lui est restée fidèle, dont M. Hadi. Cette date annonce le début de la fin du régime marxiste du Yémen du Sud et accélère les pourparlers pour l’unification des deux Yémen, proclamée le 22 mai 1990. Mais les Sudistes font sécession en mai 1994 et s’ensuit une sanglante guerre civile à laquelle M. Hadi prend part, du côté des forces nordistes qui écrasent l’insurrection, ce qui lui vaut aujourd’hui peu de sympathie dans le sud du pays. C’est pendant ces combats, en mai 1994, qu’il est nommé ministre de la Défense. Et le 4 octobre 1994 il est nommé vice-président par M. Saleh.

El-Qaëda
Marié, M. Hadi est père de deux filles et de trois garçons. Il est né le 1er mai 1945 dans le village du Dhakin, dans la province sudiste d’Abyane, où le réseau d’el-Qaëda est aujourd’hui fortement implanté. Et il s’est engagé à poursuivre la lutte contre le réseau terroriste et à le « détruire », a déclaré hier à Sanaa un émissaire américain, John Brennan, conseiller du président Barack Obama pour la Sécurité nationale et qui a rencontré samedi M. Hadi. « Nous allons continuer d’encourager le gouvernement yéménite à lutter contre el-Qaëda. J’ai eu une conversation avec le vice-président et j’ai été très encouragé par ses propos. M. Hadi s’est engagé à détruire el-Qaëda », a affirmé M. Brennan à la presse. Interrogé sur la participation éventuelle des États-Unis à des raids contre el-Qaëda dans le sud du Yémen, le responsable américain s’est borné à répondre que son pays « fournit conseils, assistance et équipements aux unités yéménites qui combattent » le réseau dans cette région. Rappelons que des raids attribués par des responsables militaires yéménites aux États-Unis visent régulièrement des membres d’el-Qaëda au Yémen. Les États-Unis n’ont jamais reconnu mener de tels raids mais des documents diplomatiques diffusés par WikiLeaks en ont fait état.
Le vice-président Abed Rabbo Mansour Hadi qui accédera mardi à la tête de l’État au Yémen est un militaire de carrière sans base populaire ou tribale, mais qui s’est révélé un homme de consensus.M. Hadi occupe depuis 1994 le poste de vice-président, mais il n’a jamais joué de rôle politique important avant que le président Ali Abdallah Saleh ne soit blessé en juin dans un...