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L’an II du printemps arabe entre islamisme, démocratisation et tensions - Revendications

Le Mouvement du 20 février s’est imposé dans le paysage marocain

Ambiance festive hier à Rabat et Casablanca pour le 1er anniversaire du M20.

Les manifestants brandissaient hier à Casablanca l’étendard du M20. Quelques heurts avec la police ont été signalés.         Youssef Boudlal/Reuters

Quelque deux mille personnes étaient rassemblées hier dans le centre de Casablanca au Maroc, célébrant dans une ambiance festive le 1er anniversaire du mouvement de contestation du 20 février (M20), né dans le sillage du printemps arabe.
Au milieu d’une dizaine de tentes dressées la veille au soir et de banderoles appelant à « la fin de la corruption », à la « liberté » et à plus de justice sociale, les militants du 20 février, mêlés aux badauds et promeneurs de dimanche, chantaient, dansaient et lançaient des slogans en faveur de la démocratie.
« Nous préférons être 200 avec des revendications précises et claires plutôt que des dizaines de milliers porteurs de messages ambigus », a indiqué un des responsables du mouvement, Ahmad Mediany. Le M20 a perdu un grand nombre de militants lorsque l’association islamiste Justice et Bienfaisance, qui pouvait compter sur une forte mobilisation de ses adhérents, a claqué la porte du mouvement en décembre. « Le M20 n’a pas atteint tous ses objectifs mais le citoyen marocain n’a plus peur. Nous avons éliminé la peur qui était omniprésente », a dit à l’AFP le jeune rappeur Mouad Belghouat, récemment sorti de prison. Quant à Hamza Mahfoud, dirigeant de la section Casablanca du M20, il a relevé que « notre mouvement a atteint beaucoup de ses objectifs, malgré l’entêtement du régime. Nous sommes optimistes pour l’avenir car nous avons changé la société en profondeur », s’est-il exclamé.
Le mouvement, une coalition hybride de jeunes activistes, réclame une monarchie parlementaire à l’image de l’Espagne, mais aussi l’éradication de la corruption, et des inégalités.
« Le 20 février a joué un grand rôle dans les réformes au Maroc », a reconnu Saadeddine Othmani, le ministre des Affaires étrangères et un des dirigeants du PJD, dans une déclaration au site Internet Goud.ma, souhaitant toutefois « un renouveau du discours et des moyens » du mouvement pour qu’il puisse « continuer de peser sur les événements à l’avenir ». Quant au chef du PJD et du nouveau gouvernement Abdelillah Benkirane, il a appelé, après sa victoire aux législatives, au « dialogue au plus tôt » avec le M20. Mais l’appel est resté lettre morte, le mouvement craignant probablement une manipulation du pouvoir.
Le mouvement avait appelé au boycott des dernières élections et du référendum constitutionnel, une attitude qui lui a été reprochée par certains de ses sympathisants. « Il ne s’agit pas de savoir si le gouvernement doit dialoguer avec le M20 car ce n’est pas un parti avec des organes de décision. C’est un mouvement de contestation qui veut la justice sociale dans un pays où les inégalités sont criantes », estime Omar Balafrej, président de la Fondation Abderrahim Bouabid, un think tank marocain pour la démocratie, et sympathisant du mouvement. Selon lui, « le gouvernement serait bien avisé de prendre l’initiative d’ouvrir un vaste débat pour un nouveau contrat social avant qu’il ne soit trop tard. Il y a des villes aujourd’hui qui connaissent des tensions profondes » liées au chômage et aux difficiles conditions de vie. « Grâce au M20, on a vu l’émergence d’une nouvelle génération de jeunes militants qui sont prêts à prendre leur destin en main, et à construire un autre Maroc », ajoute cet ingénieur.
Mais si l’émergence du M20 a brisé de nombreux tabous en libérant la parole et en la portant dans la rue, les défis restent immenses. Face à lui, le gouvernement islamiste reste confronté à des tensions sociales, parfois marquées par des affrontements violents entre forces de l’ordre et manifestants, sur fond de fort chômage des jeunes aggravé par la crise financière de l’Europe, partenaire indispensable du Maroc.
(Source : agences)
Quelque deux mille personnes étaient rassemblées hier dans le centre de Casablanca au Maroc, célébrant dans une ambiance festive le 1er anniversaire du mouvement de contestation du 20 février (M20), né dans le sillage du printemps arabe.Au milieu d’une dizaine de tentes dressées la veille au soir et de banderoles appelant à « la fin de la corruption », à la « liberté » et à...