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Lifestyle - Objets et histoire

Et boum boum !

La médecine avançant à pas de géants, on pourrait penser qu’il se rapproche du musée d’histoire de la médecine, mais c’est loin d’être le cas. Bien qu’à l’hôpital bon nombre d’examens le rendent inutile (échographie, scanner et autre imagerie essentiellement) dès que l’on quitte la sphère de la haute technologie, il reste le bon sens et une oreille entraînée pour aller à l’essentiel du diagnostic, en toutes circonstances. Lui, c’est le stéthoscope (du grec stêthos, « poitrine », et scope – du grec ancien « skopein », « observer » ), instrument médical acoustique utilisé pour l’auscultation, c’est-à-dire l’écoute des sons internes du corps humain. Il fut inventé en 1816 par le médecin français René Laennec.
Né à Quimper le 17 février 1781, Laennec perd sa mère à l’âge de six ans. Son père n’ayant pas le temps d’élever son fiston, celui-ci passe alors sous la tutelle de ses oncles. L’un de ces oncles, Guillaume Laennec, l’incite à suivre des études de médecine dès l’âge de quatorze ans. Il réussit à se faire admettre comme chirurgien de troisième classe aux hôpitaux militaires de Nantes. Travailleur acharné, il obtient tous ses diplômes. En 1801, il fait son sac et quitte sa Bretagne pour Paris. Toujours travailleur acharné, il publie de nombreux articles scientifiques et devient le médecin des stars : en 1808, il est nommé médecin du cardinal Fesch (oncle de Napoléon). Il soigne aussi Chateaubriand et son épouse, Félicité de Lamennais, l’abbé Emery mourant, les cardinaux Ruffo, Visconti et Eskin, Mme de Staël ainsi que les pauvres gens qu’il examine gratuitement. Praticien célèbre, journaliste médical reconnu, son ascension est vertigineuse...
L’évaluation des sons émis par le corps humain remonte à l’Égypte ancienne. Des papyrus datant du XVIIe siècle avant Jésus-Christ mentionnent déjà l’écoute des sons intérieurs du corps en fonction des maladies. Jusqu’au début du XIXe siècle de notre ère les médecins examinaient leurs patients de façon directe, c’est-à-dire l’oreille collée au thorax afin de percevoir ces bruits internes. Mais les mœurs, en ce temps-là, si elles n’étaient peut-être pas plus pures qu’aujourd’hui, n’en étaient pas moins plus pudiques. Un médecin, obligé souvent de deviner un mal à travers plusieurs épaisseurs de voiles qu’on ne soulevait pas pour lui, risquait fort sa réputation de dignité lorsqu’il osait appuyer sa tête sur le corps de ses patients. Si, par hasard, il se le permettait, c’était avec de telles précautions que sa science n’en tirait que de médiocres bénéfices.
En 1816, le grave et pieux Laennec reçoit la direction de l’hôpital Necker. Il se préoccupait de concilier les exigences de la morale et les intérêts de l’observation scientifique. Ce fut cette préoccupation qui le conduisit à sa découverte. Cette année-là, il doit ausculter une jeune patiente mais il ne sait quel mal la ronge. Il décide de mettre de l’ordre dans ses esprits et part se promener dans le jardin des Tuileries. Lors de cette escapade, il observe deux jeunes enfants jouer autour d’une poutre en bois. Un des enfants s’amuse à taper sur une des extrémités de la poutre, alors que l’autre se surprend à entendre les tapotements de son compagnon à l’extrémité opposée. Revenant à son cabinet, il reçoit sa jeune patiente. Face à sa jeune et généreuse poitrine il n’ose apposer son oreille sur son corps pour établir son diagnostic. Se remémorant sa promenade matinale, il prend alors un cahier qu’il roule et l’appose sur sa poitrine. Il est alors surpris par la netteté des bruits perçus et entend distinctement les battements de son cœur. Véritable conducteur de sons. Ce fut un trait de lumière. Le premier stéthoscope est né !
Si simple que fut l’instrument, non seulement il éludait le souci des convenances, mais encore il transmettait les bruits en les localisant, en les renforçant, en les précisant, bien mieux que n’eût fait l’auscultation directe. Le stéthoscope initial de Laennec est en bois et n’est qu’un long cylindre amplifiant les sons. La forme définitive, avec deux embouts pour chaque oreille, ne sera inventée que beaucoup plus tard, en 1852, par l’Américain George Cammann. La méthode d’auscultation de Laennec utilisant un instrument devient donc « médiate ». Mais cette méthode avait des bornes, ses lacunes, ses erreurs. On tournait sa découverte et sa personne en ridicule ; on publiait ses erreurs de diagnostic, à lui qui, dans une certaine mesure, avait inventé le diagnostic. C’est que son avènement bousculait bien des doctrines toutes faites. Le célèbre Broussais (médecin et chirurgien) s’efforça notamment d’écraser de sa renommée et de son éloquence foudroyante celui qu’il appelait « le petit prospecteur, l’homme au cornet ». Laennec ripostait dans ses cliniques de la Charité et dans ses leçons au Collège de France et son stéthoscope devint incontournable !
René Laennec meurt à l’âge de 45 ans. Il décède de phtisie, ce qui est particulièrement ironique pour un homme qui a passé la plus grande partie de sa vie à étudier les maladies pulmonaires. En 1879, l’hospice des incurables prend le nom d’hôpital Laennec ; c’était la première fois en France qu’un hôpital recevait le nom d’un médecin. Dans son testament on peut lire ce qu’il léguait à un ami : « Je lui donne ma montre, mes breloques, ma bague. Je lui donne aussi mon stéthoscope, la meilleure partie de ma succession. »
Et j’entends tous les médecins se dire : « Oh que c’est vrai... Merci Laennec ! »

Sources principales :
histoire.brève.fr
gralon.net
hippocrate.org
La médecine avançant à pas de géants, on pourrait penser qu’il se rapproche du musée d’histoire de la médecine, mais c’est loin d’être le cas. Bien qu’à l’hôpital bon nombre d’examens le rendent inutile (échographie, scanner et autre imagerie essentiellement) dès que l’on quitte la sphère de la haute technologie, il reste le bon sens et une oreille...

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