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À La Une - Liban

Trêve tacite parrainée par l'armée à Tripoli

Trois tués et 23 blessés en deux jours.

Dix militaires parmi les blessés lors des affrontements. Omar Ibrahim/Reuters

Un calme précaire règne dimanche à Tripoli après deux jours d'affrontements armés entre des éléments de deux quartiers rivaux, Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen, l’un soutenant le régime du président syrien Bachar el-Assad et l’autre le contestant. Des coups de feu ont toutefois été signalés en matinée dans la capitale du Liban-Nord lors de funérailles d'un jeune hommé tué samedi.

 

Les accrochages à Tripoli avaient repris samedi puis se sont arrêtés dans l'après-midi à l'issue d'une trêve entre les deux clans musulmans, sunnite et alaouite, parrainée par l'armée libanaise.

 

"Un sunnite et un alaouite ont été tués et 23 personnes ont été blessés lors des heurts qui ont éclaté vendredi", a indiqué un responsable sécuritaire à l'AFP. Mais en fin d'après midi, une adolescente de 17 ans a succombé à ses blessures, a-t-il précisé. Dix militaires figurent parmi les blessés, dont un sergent dans un état critique. Cinq personnes avaient déjà été blessées vendredi.

 


L'armée maintient une forte présence aux abords des deux quartiers, notamment près de la rue de Syrie qui les sépare.
"L'armée s'opposera à tous ceux qui portent atteinte à la stabilité quelle que soit la partie à laquelle ils appartiennent", lit-on dans un communiqué de l'institution militaire qui affirme avoir arrêté des hommes armés et saisi armes et munitions.

 

Les familles habitant aux alentours de cette "ligne de démarcation" ont fui la zone, selon un correspondant de l'AFP sur place.

 

Selon des témoins sur place, l’incident a éclaté vendredi lorsque des habitants de Bab el-Tebbaneh ont accroché, la veille, des photos de Bachar el-Assad sur lesquelles ils ont écrit "le bourreau" et planté des drapeaux de l’Armée syrienne libre dans leur quartier. Les échanges entre les deux parties ont commencé hier dans l’après-midi après la prière du vendredi, qui a été suivie de deux manifestations anti-Bachar en plusieurs endroits de la ville.

 

 

"Depuis hier, les roquettes pleuvent sur nous", affirme à l'AFP un habitant sunnite. "Ils nous provoquent tout le temps en montrant des photos de Bachar el-Assad", dit cet homme qui a requis l'anonymat, assurant n'être pas contre ses compatriotes "parce qu'ils sont alaouites". "Ils ne sont pas seulement partisans du régime syrien, ils participent également à la répression avec les 'chabbiha' (milices civiles du régime) en Syrie où ils tuent femmes et enfants", dit-il. "Ils se détruisent eux-mêmes car ce régime va disparaître".

 

Un responsable du Parti arabe démocrate alaouite, Abdel Latif Saleh, a démenti les informations selon lesquelles des éléments du parti ont tiré en premier, soulignant la volonté des alaouites de se conformer aux directives de l’armée.

 

Sitôt après le déploiement de la troupe, celle-ci a demandé aux deux parties rivales de retirer les armes afin de permettre aux soldats de se redéployer dans les deux quartiers. Selon l’Agence nationale de l’information, l’armée a riposté aux tirs. C’est ce que confirme un habitant de Tripoli qui a affirmé à L’Orient-Le Jour que l’armée a réagi cette fois-ci fermement et avec détermination, contrairement aux précédents déploiements dans ce quartier névralgique où elle ménageait les deux parties.

 

 

Plusieurs contacts politiques ont été effectués pour mettre fin aux affrontements. De Paris où il se trouve, le Premier ministre, Nagib Mikati, est entré en contact avec le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, à qui il a demandé de prendre les mesures nécessaires pour juguler les incidents et ramener le calme dans la ville. De Paris, Nagib Mikati s'est dit "confiant dans la capacité de l'armée et de son commandement à rétablir l'ordre" dans la capitale du Nord.

 

Le chef de l’État, Michel Sleiman, a appelé la troupe et les forces de l’ordre qui se trouvent sur le terrain à faire preuve de fermeté et à réprimer les fauteurs de troubles, insistant sur la nécessité pour les habitants des deux quartiers de se conformer aux directives de l’armée et des forces de l’ordre en vue de ramener le calme.

 

Le mufti de la République libanaise, cheikh Mohammed Kabbani, a de son côté qualifié samedi les affrontements armés à Tripoli, en cours depuis vendredi après-midi, "d'inquiétants". "Il y a une tentative de semer la discorde entre les Libanais", a-t-il dit, tout en appelant l'armée à régler la crise et à rétablir la stabilité dans la région. Selon lui, "tout dérapage sécuritaire sera néfaste pour tout le pays".

 

Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Fayçal Karamé, a dénoncé les incidents qui, a-t-il dit, "coïncident avec les craintes formulées à propos de certains plans suspicieux visant à transformer la ville de Tripoli en une arène sur fond de crise syrienne". Selon lui, le Liban deviendrait ainsi une plate-forme à partir de laquelle se déclencheraient des guerres civiles qui s’étendraient à toute la région. Et le ministre d’en appeler aux forces de l’ordre qu’il a invitées à œuvrer en vue de parvenir à un règlement solide afin de faire échec à la discorde.

 

Le député du courant du Futur, Khaled Zahraman, a indiqué dans un entretien que les réunions se poursuivent afin de prévenir tout dérapage à Tripoli aussi bien qu’au Akkar. Il a espéré que la voix des "sages" puisse être plus entendue que celle des fauteurs de troubles, mettant en garde contre les risques de zizanie. "À l’ombre des dangers qui nous guettent, nous devons être prudents et tabler sur le dialogue comme moyen de consolider la scène libanaise", a-t-il dit.

 

Une réunion a eu lieu vendredi soir au domicile du député Mohammad Kabbara, regroupant les parlementaires de la ville avec leur collègue Ahmad Karamé, dépêché par le Premier ministre, et plusieurs notables de Tripoli.

Un calme précaire règne dimanche à Tripoli après deux jours d'affrontements armés entre des éléments de deux quartiers rivaux, Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen, l’un soutenant le régime du président syrien Bachar el-Assad et l’autre le contestant. Des coups de feu ont toutefois été signalés en matinée dans la capitale du Liban-Nord lors de funérailles d'un jeune hommé tué...
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