Le poète syrien exilé Adonis (Ali Ahmad Saïd Esber) a porté un regard très critique sur l'opposition syrienne au président Bachar el-Assad, dénonçant l'appel aux pays occidentaux pour soutenir la révolte, dans un entretien accordé au magazine autrichien "Profil" à paraître lundi.
"Comment peut-on poser les fondements d'un Etat avec l'aide des mêmes personnes, qui ont colonisé ce pays?" se demande Adonis, considéré comme le plus grand poète vivant du monde arabe. Il fait ainsi allusion au mandat exercé par la France en Syrie de 1920 à 1941 en application de l'accord secret anglo-français Sykes-Picot (1916) et du Traité de Sèvres (1920), après l'effondrement de l'empire ottoman, allié de l'Allemagne pendant la Première Guerre mondiale, la présence militaire française en Syrie ne prenant fin qu'en 1946.
"Je ne soutiens pas l'opposition" au président Assad, indique le poète. Pour lui, une intervention militaire occidentale aurait les mêmes conséquences que la guerre déclenchée en Irak en 2003: "Le pays serait alors détruit".
En août dernier, le poète avait appelé le président Assad à "quitter la présidence". "Le moins qu’il puisse faire est de démissionner de son poste", avait-il dit au journal koweïtien al-Raï.
Dans "Profil", Adonis tire également un bilan très négatif du "Printemps arabe". S'il reconnaît avoir été impressionné par le début du mouvement, il critique son évolution, avec l'arrivée au pouvoir des islamistes en Tunisie et en Egypte, après les élections organisées à l'automne 2011.
"Il n'y a pas d'islamisme modéré", clame-t-il, comparant les Frères musulmans, grands vainqueurs des élections législatives en Egypte, à de "purs fascistes". Selon lui, une véritable révolution dans le monde arabe ne peut avoir des chances de réussite que sur "des bases laïques".
La répression du soulèvement populaire en Syrie a fait plus de 6.000 morts depuis début mars, selon un dernier bilan de l'Organisation des Nations Unies (ONU).
Adonis, de son vrai nom Ali Ahmad Saïd Esber, âgé de 82 ans, né à Al-Qassabin, près de Lattaquié, en Syrie, est l'aîné d'une famille paysanne de six enfants. Après un séjour en prison pour son appartenance au Parti nationaliste syrien, il s'exile au Liban en 1956 avant de venir s'installer en France. Il réside depuis 1985 à Paris, où il a enseigné à la Sorbonne et a été le représentant de la Ligue arabe à l'UNESCO. En 2011, il a remis ses archives à l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine (IMEC) à Caen (ouest de la France).
commentaires (4)
- - La Philosophe et politologue du site , Nayla Sursock nous parle de Musulmans " modérés " , je veux bien ! elle nous donne comme exemple la Suisse et son modèle de coexistence , puisque selon elle , l'islam est la deuxième religion dans la Confédération ! Je voudrai d'abord corriger un fait que l'islam en Suisse est la " Troisième " religion et non la deuxième , avec 4,26 % de la population , des enfants d'émigrés nés sur le sol Helvétique en deuxième et troisième génération . Le Catholicisme qui vient en premier avec 43 % suivi de l'église Evangélique réformée qui est de 34 % de la population Suisse qui est de presque 8 millions d'habitants avec 22 % d'étrangers dont 39 % résident en Suisse depuis plus de 10 ans et 21 % sont nés en Suisse . Je voudrai aussi lui demander si un jour les musulmans " modérés " deviennent majoritaires , est-ce qu'ils garderons la Croix comme emblème sur le drapeau Suisse ?! Est-ce que les accords de tAEF lui rappellent quelque chose à notre chère madame je sais tout ?
JABBOUR André
09 h 36, le 12 février 2012