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Moyen Orient et Monde - Syrie

Pas une minute de répit pour les Homsiotes

Assef Chawkat dirigerait la bataille dans la ville-martyre ; la nourriture commence à manquer ; au moins 115 morts hier.

Le quartier de Baba Amro est presque complètement détruit. Mulham Alnader/Reuters

Les bombardements de l’armée syrienne se sont poursuivis hier à Homs, foyer de la contestation contre le régime du président Bachar el-Assad. Au moins 115 personnes ont ainsi péri sous les tirs de roquettes de gros calibre ou les armes des chabbiha, ont rapporté des militants de l’opposition.
Dans la nuit de mardi à mercredi, des chars ont fait leur entrée dans le quartier d’Inchat, écrasant des voitures, pendant que des soldats pillaient des commerces alimentaires. Ils se sont également approchés du quartier de Baba Amro, qui est complètement détruit selon des militants en contact avec la chaîne de télévision al-Arabiya. Ils ont en outre indiqué que l’armée a utilisé des boucliers humains lors de son offensive dans les quartiers d’al-Khalidiyeh et de Bayyada.
Télécommunications et électricité coupées, infrastructures détruites, nourriture de plus en plus rare : les forces syriennes resserrent l’étau sur cette ville rebelle et extrêmement importante pour le régime sur le plan géographique, déterminées à y écraser la résistance. Selon le militant Omar Chaker, les bombardements sont destinés à préparer le terrain à un assaut terrestre. « Les explosions sont assourdissantes. Nous ne pouvons atteindre certaines zones en raison de l’intensité des bombardements et de la présence de snipers », a relaté un autre militant Hadi Abdallah, ajoutant qu’il était très difficile de savoir ce qui se passe car « les communications ont été coupées ». Quant au colonel dissident Omar el-Homsi, il a indiqué sur al-Jazira que l’Armée syrienne libre « ne peut pas faire face à des attaques aux Grad, des obus qui ne sont utilisés que dans les guerres et qui ont plu hier sur Homs ».
Pour Basma Qedmani, membre du Conseil national syrien (CNS), « c’est le directeur des renseignements militaires Assef Chawkat qui dirige la bataille de Homs ». Mme Qedmani a exhorté, toujours sur al-Jazira, la communauté internationale à intervenir « ne serait-ce que sur le plan humanitaire. La Turquie a un rôle primordial à jouer parce qu’elle est l’alliée du peuple syrien », a-t-elle dit.

Trois familles massacrées
Trois familles, soit 20 personnes dont les femmes et les enfants, ont par ailleurs été tuées par des chabbiha, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Ils sont entrés de force dans les maisons des victimes, les familles Ghantaoui, Terkaoui et Zamel, dans les quartiers de Karm el-Zeïtoun et de Nazihine. L’ONG a précisé qu’elles ont été tuées par balles alors que Hadi Abdoullah, un militant présent sur place, a indiqué qu’elles avaient été égorgées. Selon le chef de l’OSDH Rami Abdel Rahmane, l’une des familles comptait cinq personnes, dont une adolescente de 15 ans et deux enfants de cinq et sept ans. La deuxième famille comptait sept membres et la troisième huit, a ajouté M. Abdel Rahmane sans préciser pour quelles raisons ces familles avaient été visées. Ce dernier a par ailleurs indiqué que « les morts à Homs dépassent les 400 et que le régime syrien ne se différencie pas du régime israélien ».
L’agence officielle syrienne a écrit pour sa part que des « groupes terroristes armés » ont attaqué des barrages érigés par la police et ont tiré au mortier sur la ville. Ces mêmes groupes ont attaqué à coups d’obus la raffinerie de la ville, « incendiant deux dépôts de carburant », a précisé la télévision. Un autre « groupe terroriste » a fait exploser une voiture piégée, tuant et blessant plusieurs personnes dont des civils et des membres des forces de sécurité, toujours selon la télévision d’État. Cette dernière a fait état en outre de l’explosion d’ « un certain nombre de charges dans le quartier de Baba Amro faisant des morts parmi les civils et les forces de l’ordre ».
« L’électricité est revenue brièvement et nous avons été en mesure de contacter plusieurs quartiers, les activistes ayant réussi à recharger leurs batteries de téléphone », a indiqué Mohammad Hassan, un militant d’opposition. Les hôpitaux de la ville n’ont toutefois plus d’électricité et se trouvent à court de matériel médical. Quant aux blessés et à ceux qui les emmènent à l’abri, ils risquent à tout moment d’être arrêtés par les forces de sécurité, selon un groupe se présentant comme la Commission générale de la révolution syrienne.

Zabadani
Par ailleurs, l’armée syrienne pilonne Zabadani depuis une semaine pour faire plier cette ville de la province de Damas. Depuis les premières heures du matin, « 100 obus sont tombés sur les maisons » de la ville, selon les Comités locaux de coordination (LCC) qui organisent la mobilisation sur le terrain. Beaucoup « se sont effondrées. La population vit une situation humanitaire difficile, l’électricité et l’eau sont coupées », selon l’OSDH qui évoque « la fuite de centaines de familles » vers les localités voisines. Dans le village proche de Kfeir Yabous, « quatre militaires ont été tués et un cinquième capturé » après une attaque de soldats rebelles, a ajouté l’OSDH.
L’armée et les forces de sécurité ont en outre attaqué la ville de Deraa où un officier et 17 soldats ont quitté les rangs de l’armée loyaliste. Parallèlement, l’armée a encerclé Douma et Palmyre, où elle a procédé à des arrestations arbitraires, selon al-Jazira. La ville d’Idleb a également été bombardée à l’arme lourde.

Les Frères musulmans
Les commentaires de différents pôles syriens étaient éloquents hier... Waël Homsi, membre du conseil de la révolution à Homs, s’est demandé sur la chaîne al-Jazira « qu’est devenue la conscience du monde face au massacre à Homs ? » Mohieddinie Lazkani, membre du CNS, a jugé que la Syrie « est occupée par le régime assado-irano-russe » et qu’il est « du droit du peuple syrien de se défendre ». Le président du Conseil supérieur de la révolution syrienne Walid Farès a quant à lui jugé que la situation humanitaire à Homs est « terrifiante et que les martyrs sont enterrés dans des fosses communes dans les quartiers de la ville ».  De leur côté, les Frères musulmans de Syrie, par la voix de Mohammad Taïfour, ont supplié le monde arabo-musulman et la communauté internationale à intervenir immédiatement pour arrêter les « massacres » à Homs, indiquant que les Arabes « sont prêts à reconnaître » le CNS. « Un crime de guerre organisé est commis devant le monde entier après que Lavrov a donné son feu vert à la poursuite de ce crime », ont vivement dénoncé de leur côté des militants sur leur page Facebook « Syrian Revolution 2011 », en appelant les Syriens à « réciter la prière du mort sur toutes les places de Syrie ».

Pillay « consternée »
Face à ces atrocités, la haut commissaire de l’ONU aux Droits de l’homme Navi Pillay a demandé hier des « mesures efficaces » pour protéger la population syrienne, estimant que l’échec du Conseil de sécurité à trouver un accord a aggravé « l’empressement du gouvernement à massacrer son propre peuple ».
« Je suis consternée par l’attaque délibérée menée par le gouvernement syrien sur Homs ainsi que par l’utilisation de l’artillerie et d’autres armes lourdes, pour ce qui semble relever d’attaques indiscriminées sur les zones civiles de la ville », a-t-elle dénoncé dans un communiqué, soulignant qu’en 2005 les leaders mondiaux ont « convenu que lorsqu’un État échoue manifestement à protéger sa population contre de graves crimes internationaux, la communauté internationale tout entière a la responsabilité d’intervenir en prenant conjointement, au moment opportun et de façon décisive, des mesures de protection ».
(Sources : agences et rédaction)
Les bombardements de l’armée syrienne se sont poursuivis hier à Homs, foyer de la contestation contre le régime du président Bachar el-Assad. Au moins 115 personnes ont ainsi péri sous les tirs de roquettes de gros calibre ou les armes des chabbiha, ont rapporté des militants de l’opposition.Dans la nuit de mardi à mercredi, des chars ont fait leur entrée dans le quartier d’Inchat,...

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