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À La Une - violences

En Egypte, les heurts ne connaissent pas de répit

Quarante-quatre personnes, dont des Egyptiens, 19 Américains, et des personnes d'autres nationalités, déférées devant la cour criminelle dans l'affaire du financement des ONG.

Une crise déclenchée par la mort de 74 personnes lors de violences à l'issue d'un match de football. Mahmud HAMS/

Protestataires et police anti-émeutes s'affrontaient au Caire dimanche, au quatrième jour de heurts déclenchés par la mort de 74 personnes lors de violences à l'issue d'un match de football.


Des centaines de policiers bloquaient les rues menant au ministère de l'Intérieur, dans le centre de la capitale égyptienne, et tiraient des gaz lacrymogène pour contrôler des dizaines de manifestants lançant des pierres et des cocktails molotov. La police a construit un mur de béton en travers de la rue Mansour, devenue l'épicentre des violences, et s'abritaient derrière des rouleaux de fils barbelés dans d'autres rues de ce secteur proche de la place Tahrir.


Des manifestants ont capturé un homme qu'ils ont présenté comme étant un officier de police en civil, le ramenant derrière leurs lignes sous les hourras, pendant que certains tentaient de protéger l'homme des coups portés par des protestataires.


Selon un médecin sur place, Mostafa Nabil, la police a lancé un assaut sur les positions des manifestants, tirant à la chevrotine et arrêtant des médecins d'un hôpital de campagne, qui ont été libérés peu après.

Après avoir baissé d'entensité en milieu de journée les accrochages ont repris de manière sporadique dans l'après-midi.


"Mon coeur brûle quand je pense à ce qui s'est passé à Port-Saïd, et nous savons tous que la police est responsable", a lancé un manifestant, Ahmed Farag, expliquant que les protestataires n'avaient pas l'intention d'attaquer le ministère de l'Intérieur, mais de manifester devant le siège de la police.


Depuis le début des manifestations et des affrontements jeudi, au lendemain du drame du football à Port-Saïd (nord), douze personnes ont été tuées au Caire et à Suez (est) et 2.532 blessées, dont des policiers et des manifestants, a annoncé samedi le ministère de l'Intérieur. Des Egyptiens sont descendus dans la rue pour réclamer le départ du pouvoir militaire, accusé d'inaction face aux violences dans le stade.
Parmi les victimes du drame de mercredi se trouveraient de nombreux "ultras", supporteurs de foot bien organisés et politisés, qui ont participé aux manifestations ces derniers mois contre l'armée au pouvoir en Egypte depuis la chute du président Hosni Moubarak il y a un an.


Le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim a dénoncé devant la presse "la volonté constante" des manifestants d'envahir son ministère, qu'il a mise sur le compte d'un "complot" pour "affaiblir le pays". "C'est à cause de cette volonté persistante (de s'en prendre au bâtiment) que nous sommes obligés de le défendre", a-t-il poursuivi.


Il a également démenti les spéculations selon lesquelles l'ancien ministre de l'Intérieur de Hosni Moubarak, Habib el-Adli, actuellement jugé en même temps que l'ancien président, serait derrière les événements de Port-Saïd et les troubles qui ont suivi. "Adli est en prison et il n'a plus de partisans dans ce ministère", a-t-il déclaré.

Tous sont détenus à la prison de Torah, dans la banlieue du Caire, mais le ministère de l'Intérieur a annoncé dimanche qu'à la demande des manifestants, ils seraient répartis dans cinq établissements différents. Et une unité médicale est en préparation à Torah, afin que M. Moubarak, actuellement en détention dans un hôpital militaire du Caire, puisse y être transféré, a ajouté le ministère.


Ces tensions interviennent dans un climat où le pouvoir et les médias gouvernementaux mettent régulièrement la contestation et les manifestations contre l'armée sur le compte de "complots" ourdis hors du pays et de "mains étrangères".

Les autorités s'apprêtent d'ailleurs à juger 44 prévenus, parmi lesquelles 19 Américains et d'autres étrangers, accusés de financement illégal d'organisations non-gouvernementales opérant en Egypte, a-t-on appris dimanche de source judiciaire égyptienne. Toutes ces personnes sont pour l'instant en liberté conditionnelle et aucune date n'a été précisée pour le procès. Ces ONG sont accusées d'avoir "établi des filiales d'organisations internationales en Egypte sans avoir obtenu l'agrément du gouvernement égyptien", et d'avoir "reçu des financements illégaux de l'étranger", selon la source judiciaire.


Signe que la situation sécuritaire ne s'améliore pas, des hommes armés ont saboté dans la nuit de samedi à dimanche dans le nord du Sinaï le gazoduc fournissant Israël et la Jordanie. Il s'agit du 12e acte de sabotage en un an contre cette installation stratégique. La fourniture de gaz égyptien à Israël, négociée sous le règne de Hosni Moubarak, chassé par la rue en février 2011, fait l'objet de vives critiques en Egypte, où l'on estime en particulier que le prix a été sous-évalué.

Protestataires et police anti-émeutes s'affrontaient au Caire dimanche, au quatrième jour de heurts déclenchés par la mort de 74 personnes lors de violences à l'issue d'un match de football.
Des centaines de policiers bloquaient les rues menant au ministère de l'Intérieur, dans le centre de la capitale égyptienne, et tiraient des gaz lacrymogène pour contrôler des dizaines de...

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