La Chine a pour sa part réitéré son opposition au recours à la force pour résoudre la crise, estimant que cela violerait « l’objet et les principes de la Charte des Nations unies ».
Face au risque de veto, une réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe initialement prévue dimanche a été repoussée d’une semaine, a-t-on appris auprès d’un responsable de l’organisation panarabe. Un diplomate de la Ligue a estimé que le report de la réunion au 11 février visait « à donner plus de temps au Nations unies pour prendre une décision et voir quelle est la réaction du gouvernement syrien ».
Le Premier ministre qatari Hamad ben Jassem a de son côté tenté d’apaiser les inquiétudes de Moscou et Pékin tout en soulignant que « la machine à tuer est toujours à l’œuvre » en Syrie. « Nous ne préconisons pas une intervention militaire », a-t-il déclaré, disant vouloir éviter un scénario à la libyenne. Le Maroc est « engagé à travailler avec tous ses partenaires pour parvenir à un consensus » autour du projet de résolution, a affirmé pour sa part le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères marocain Youssef Amrani.
La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a appelé quant à elle « chaque membre du Conseil de sécurité de l’ONU à choisir son camp » en Syrie, entre celui du « peuple syrien » et celui « d’une dictature brutale ». Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l’UE, a exhorté les membres du Conseil à « agir sans plus tarder » pour mettre fin aux violences, affirmant dans un communiqué qu’elle est « horrifiée par la situation en Syrie, où le régime poursuit son impitoyable et scandaleuse campagne de répression contre le peuple syrien ». Même le chef du gouvernement du Hamas Ismaïl Haniyyé y a été de son couplet, assurant qu’il est « du droit du peuple syrien de jouir de la liberté, des réformes et de la démocratie ».
En attendant, les ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité se sont réunis hier à New York pour poursuivre leurs difficiles tractations, selon des diplomates. Le représentant syrien au Palais de Verre Bachar Jaafari a quant à lui réitéré que son gouvernement n’était pas responsable de la crise, accusant les États-Unis et leurs alliés européens de chercher à contrôler de nouveaux territoires au Proche-Orient.
Impatience et répression
Du côté des militants, la frustration se fait de plus en plus sentir. « Depuis des mois, le peuple syrien fait face pacifiquement à un régime des plus violents dans la région, et jusqu’à ce jour le monde arabe et les Occidentaux sont incapables de prendre une décision qui contribue à faire cesser la spirale de violence », ont ainsi écrit les Comités locaux de coordination (LCC) qui organisent la mobilisation.
Sur le terrain, les affrontements entre les forces syriennes et l’Armée syrienne libre (ASL) se sont rapprochées de Damas. D’après les militants, la campagne de répression est la plus violente depuis le début de la révolte en mars 2011. Au moins 70 personnes sont mortes hier, selon al-Jazira. Le bilan le plus lourd a été établi dans la province de Damas, avec 24 civils tués, dont une enfant de trois ans, par des tirs des forces de l’ordre. D’après les insurgés, l’armée a lancé une offensive dans la nuit de mardi à mercredi pour contrer la menace des forces rebelles. Dans le nord de Damas, les soldats ont pris le contrôle de Rankous et l’ont étendu aux alentours, bombardant notamment le village de Telfita. Dans la zone de Wadi Barada, quatre personnes ont en outre été tuées dans un bombardement visant l’ASL opérant près de la capitale, d’après des militants de l’opposition.
Selon un groupe d’opposants, huit personnes ont également été tuées à Homs par les forces de sécurité et 15 soldats ont été tués lors d’un accrochage avec une unité de rebelles. Selon l’agence de presse officielle SANA, le général Rajeh Mahmoud a été tué avec deux autres soldats dans la banlieue de Damas. L’agence de presse fait également état de 11 soldats tués par un « groupe terroriste armé » près de Deraa. Les combats entre l’armée et les dissidents ont également fait rage dans la province d’Idleb.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a fait par ailleurs état d’une cinquantaine de défections pour la seule journée d’hier.
Hama et... Khaddam
Face à cette répression qui s’intensifie, l’opposition a appelé à manifester massivement les deux prochains jours dans l’ensemble du pays pour marquer le 30e anniversaire du massacre de Hama commis par le régime en 1982 et qui avait fait des dizaines de milliers de morts. Nous souhaitons « marquer notre solidarité avec les victimes de cette tuerie qui a été passée sous silence et pour réaffirmer notre volonté de renverser le régime actuel », affirment dans un communiqué plusieurs instances de l’opposition, dont le Conseil national syrien. « Le silence arabe et international face aux crimes de Hafez el-Assad et sa clique il y a 30 ans est en grande partie responsable de la poursuite de ces crimes et des atrocités quotidiennes commises par Bachar au vu et au su » du monde entier, ajoute le texte.
Quant à l’ancien vice-président syrien Abdel-Halim Khaddam, il a relevé que Bachar el-Assad « conduit la Syrie vers une guerre civile qui va embraser toute la région ».
Par ailleurs, onze nouveaux pèlerins iraniens ont été enlevés à Hama, a rapporté l’agence de presse officielle iranienne IRNA, en précisant que ce rapt portait à 29 le nombre d’Iraniens kidnappés dans ce pays depuis décembre.
Signalons finalement que la Norvège a réduit le personnel de son ambassade à Damas pour des raisons de sécurité, a annoncé le chef de la diplomatie norvégienne.
(Sources : agences et rédaction)
commentaires (4)
M. Kamel, pour l'instant il n'y a que ceux qui croient que Bashar restera qui se leurrent. Au risque de me répéter, l'erreur a eu lieu le jour ou il a décidé de couvrir ceux qui ont décidé de réprimer par la force une petite manifestation, en tuant des jeunots. A présent il y eu trop de morts et c'est tout un peuple qui se meut. Rien ne peut y résister. La chute du régime n'est plus importante dans le temps car au final, chute il y aura. En attendant, il nous est donné la chance de nous bâtir et remettre sur nos pieds, sans influence néfaste de qui que ce soit. La condition essentielle est la remise des armes du Hezbollah a l’armée. Après cela, c'est a l’armée de mettre au pas tous les réfractaires palestiniens, libanais, zoulous, pygmées ou autre et a l’état d’établir, calquée sur celle du Hezbollah si cela vous fait plaisir, la nouvelle stratégie de défense et de politique étrangère. Pour finir, mettez vous bien dans la tête que les Russes et les chinois n'en ont cure de qui gère un pays. Ils ont une économie a gérer. Pour arriver la ou ils sont ils ont eu tous les deux besoins des USA. Les USA sont les plus grand acheteurs de produits Chinois et les partenaires des Russes dans des projets a milliards. Au bout du compte 1% par ci ou 2% par la et Bashar, tout comme ses supporters iront a la retraite. Avant, ils feront bien en sorte que la Syrie mettra longtemps avant d’être un trublion dans la région.
Pierre Hadjigeorgiou
07 h 12, le 03 février 2012