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À La Une - Révolte

Syrie : la Russie entrave toujours le plan de sortie de crise

Les forces de sécurité lancent une offensive contre Hama ; les observateurs du Golfe quittent Damas ; le Canada impose de nouvelles sanctions au régime.

Les efforts internationaux pour sortir la Syrie de la crise se heurtent toujours à l’intransigeance de la Russie à l’ONU, au moment où l’armée syrienne a lancé une vaste offensive dans le centre du pays.

Les Européens, qui avaient adopté lundi de nouvelles sanctions contre Damas, ont effectivement indiqué vouloir un vote au Conseil de sécurité de l’ONU lundi ou mardi prochains sur un nouveau projet de résolution basé sur le plan de sortie de crise proposé par la Ligue arabe. Le projet de texte concerné appelle à suivre l’exemple de la Ligue en imposant des sanctions à Damas. Mais cette clause à elle seule pourrait entraîner un blocage de la part de la Russie, grande alliée de Damas.

 

« Nous sommes ouverts à toute proposition constructive visant à mettre fin aux violences » en Syrie, a ainsi déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Mais la Russie reste opposée à toute initiative permettant le recours à la force ou à « des sanctions prises sans aucune consultation » avec Moscou et Pékin, a-t-il ajouté. Par ailleurs, Moscou est également ouverte à l’idée d’éventuels pourparlers directs entre le régime syrien et l’opposition à l’endroit qui leur conviendrait, a observé M. Lavrov. « Si l’opposition ne veut pas se rendre à Damas, ce pourrait être Le Caire (...), la Turquie et le territoire de la Fédération de Russie », a-t-il dit. M. Lavrov a aussi souligné que la Russie était ouverte à des amendements à son propre projet de résolution à l’ONU, qui condamne l’usage de la force à la fois par le régime de Bachar el-Assad et l’opposition syrienne. Mais des diplomates occidentaux jugent la version de Moscou trop floue et dépassée depuis l’adoption, ce week-end, du nouveau plan de la Ligue arabe.

 

Concernant la Ligue arabe, cette dernière a pris contact avec l’Égyptien Mohammad el-Baradeï, ancien directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), pour lui proposer le poste d’envoyé spécial en Syrie. Il s’agirait de veiller à la mise en œuvre du plan adopté ce week-end par les États membres de la Ligue et qui prévoit la mise à l’écart du président Bachar el-Assad.

 

Par ailleurs, selon la chaîne de télévision al-Arabiya, des diplomates occidentaux et arabes veulent proposer de suspendre la Syrie de l’Unesco, afin d’isoler encore plus Damas.

 

En outre, le gouvernement canadien a annoncé hier de nouvelles sanctions à l’encontre du régime syrien, visant notamment quatre banques et trois sociétés pétrolières ainsi que 22 personnes, essentiellement des membres de l’appareil de sécurité. Il s’agit du cinquième train de sanctions de ce type adopté par le Canada depuis mai dernier.

Dans ce contexte, les observateurs des monarchies arabes du Golfe ont quitté Damas, après la décision de leurs pays de se retirer de la mission de la Ligue arabe. Les 55 observateurs du Golfe doivent être remplacés par d’autres observateurs arabes. Les autres membres de l’équipe d’observateurs restent en revanche en Syrie, les autorités ayant donné leur accord mardi à une prolongation d’un mois de la mission. Dans un entretien avec le chef de la mission des observateurs arabes déployés en Syrie, le général Mohammad Ahmad Moustapha al-Dabi, le ministre des Affaires étrangères, Walid Moallem, a d’ailleurs souligné « l’engagement de Damas à coopérer totalement avec la mission des observateurs », selon l’agence officielle SANA.

 

Par ailleurs, la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS, un mouvement d’opposition) a appelé le général Mohammad Ahmad Moustapha al-Dabi à « venir voir les chars blindés à Hama avant qu’ils ne détruisent la ville ».

Sur le terrain en effet, « l’armée syrienne pilonne Hama à l’arme lourde utilisant des lance-roquettes », pour la deuxième journée consécutive, ont affirmé hier les Comités locaux de coordination (LCC) qui organisent la mobilisation. « Les chabbiha (milices loyales au régime) et les agents de sécurité, appuyés par des chars, pilonnent de toutes parts le quartier de Bab Qobli. » « Il y aurait des morts et des blessés. Des maisons se sont effondrées », indiquent les LCC faisant état d’un « déploiement de près de 4 000 soldats » dans cette ville située à 210 km au nord de Damas.

 

De même, selon l’agence officielle SANA, un prêtre, Bassilius Nassar, a été assassiné par un « groupe terroriste armé » alors qu’il portait secours à un blessé à Hama. Mais les LCC affirment que le prêtre a été tué dans « l’offensive du régime contre Hama ».

Damas avait affiché mardi sa détermination, par la voix du ministre des Affaires étrangères, Walid Moallem, à en finir avec la révolte populaire réprimée dans le sang depuis mars. Le quotidien al-Watan, proche du pouvoir, a parlé d’une offensive pour reprendre plusieurs quartiers aux mains des insurgés à Hama, après « l’échec des efforts déployés » pour une solution pacifique. Les autorités « ont décidé de régler la situation de manière définitive (...) afin de débarrasser la ville des (milices) armées », écrit le journal.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui avait également annoncé mardi l’offensive, a ainsi fait état de trois civils tués hier à Hama. Six autres civils, dont un enfant de 5 ans et sa mère, ont péri dans les provinces de Damas et Homs, selon la même source, alors que la chaîne al-Arabiya faisait état de 24 tués dans le pays hier. Signalons que Hama est un symbole de la lutte contre le régime depuis la terrible répression en 1982 d’une révolte des Frères musulmans, mouvement interdit, contre le président Hafez el-Assad, père de l’actuel président, et qui avait fait 20 000 morts.

 

Toujours sur le terrain, dans la province d’Idleb, le président de la section locale du Croissant-Rouge syrien, Abdelrazak Jbeiro, a été tué par « un groupe terroriste armé » dans le secteur de Khan Cheikhoune, a fait savoir l’agence de presse SANA.

 

Enfin, les Nations unies ne sont plus en mesure de fournir un bilan précis des victimes de la répression en Syrie, a reconnu hier la haut commissaire aux Droits de l’homme Navi Pillay. « Nous avions un chiffre de 5 000 » morts depuis le début des manifestations en Syrie en mars 2011, a-t-elle déclaré à la presse. « C’est davantage maintenant. » Mais ses services, a admis Mme Pillay, « ont désormais des difficultés » pour obtenir un bilan fiable, car « certaines zones sont totalement fermées, notamment des quartiers de Homs ».

Les efforts internationaux pour sortir la Syrie de la crise se heurtent toujours à l’intransigeance de la Russie à l’ONU, au moment où l’armée syrienne a lancé une vaste offensive dans le centre du pays.
Les Européens, qui avaient adopté lundi de nouvelles sanctions contre Damas, ont effectivement indiqué vouloir un vote au Conseil de sécurité de l’ONU lundi ou mardi...

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