Quand on annonce un guitariste, une soirée ordinaire aurait observé un musicien parmi d’autres qui aligne les sons hispaniques en jouant de son instrument et en marmonnant des paroles dans une autre langue. Vous l’aurez compris, cette soirée était tout, sauf ordinaire. Donc au lieu de cela, nous avons eu droit à un guitariste seul qui n’a ouvert la bouche que pour nous saluer et présenter des morceaux sans paroles. Mais c’est Thibault Cauvin qui, sous tous les angles, était le plus calqué sur une réalité incertaine. À premier abord, le guitariste a l’air jeune, très jeune, avec des cheveux allant dans tous les sens. Rien que pour jouer de sa guitare de la sorte, il devrait figurer au panthéon des divinités présentes! Il joue des morceaux sur sa guitare classique, tantôt jazz, tantôt latino. Par «joue des morceaux sur sa guitare» comprenez qu’il ne fait pas que gratter les cordes avec brio, mais qu’il s’aventure aussi à être percussionniste d’un nouveau temps en tapotant tous les recoins de son instrument pour en sortir des sons d’un autre monde. Cauvin joue des deux mains, tape des deux mains, tape dans ses mains... fermez les yeux et vous imaginez pas moins de trois guitaristes sur scène. Et pourtant...
Thibault Cauvin joue même, à un moment, un morceau écrit pour lui par son père Philippe. Et c’est là qu’on comprend que le génie peut être génétique. Tel père (ou pair), tel fils. Cauvin se coiffe et se recoiffe entre les morceaux, a des tics un peu bizarres et joue de sa musique comme s’il était possédé. Pour faire court, Thibault Cauvin évolue dans la lignée des grands guitaristes de ce siècle. Qui sait, peut-être que dans 10 ans, on achètera des tee-shirts à l’effigie de Carlos Santana, Jimmy Page et de Thibault Cauvin (c’est là qu’on regrettera de ne pas avoir insisté pour un autographe).