Après plus de quatre heures de concertation, les chefs de diplomatie arabes ont appelé au transfert du pouvoir en Syrie.
Ils ont demandé à Bachar el-Assad de "déléguer des prérogatives à son vice-président pour traiter avec un gouvernement d'union nationale" appelé à être "formé dans les deux mois", selon le communiqué final lu par le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem al Thani, lors d'une conférence de presse.
"La présidence de ce gouvernement d'union doit être assurée par une personnalité de consensus. Sa mission sera d'appliquer le plan de sortie de crise de la Ligue et de préparer des élections législatives et présidentielle pluralistes et libres sous supervision arabe et internationale". Le gouvernement d'union devra aussi préparer l'élection d'une Assemblée constituante dans un délai de trois mois en vue de l'élaboration d'une nouvelle Constitution qui sera soumise à un référendum.
"La nouvelle initiative arabe vise à un départ du régime syrien de manière pacifique", a dit cheikh Hamad, en exprimant l'espoir que le gouvernement syrien l'accepte. Elle "ressemble à celle du Yémen", qui a permis d'aboutir à un accord sur un départ du président Ali Abdallah Saleh, a-t-il ajouté.
La Ligue arabe va demander par ailleurs le soutien de l'ONU à ses décisions liées à un règlement de la crise syrienne.
"Nous allons informer l'ONU de l'ensemble des résolutions de la Ligue arabe (...) en vue de son approbation", a déclaré cheikh Hamad. Une décision a été également prise de prolonger la mission et d'augmenter le nombre d'observateurs, selon le texte.
Dans l'après-midi, le Comité ministériel arabe chargé du dossier a recommandé la prolongation de cette mission. Cette recommandation a fait suite à la remise d'un rapport du chef des observateurs, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, demandant, selon des sources diplomatiques, la prolongation de la mission et son renforcement en personnels et en logistique. Le rapport, selon une source diplomatique, fait "porter aux deux parties concernées (gouvernement et opposition) la responsabilité de la poursuite des violences" dans le pays, en proie à une révolte populaire réprimée dans le sang par le régime et à des heurts entre déserteurs et l'armée régulière.
Selon l'ONU, plus de 5.400 personnes ont perdu la vie en dix mois de révolte et de répression en Syrie. Et les violences ont continué malgré la mission arabe. Les Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent la contestation sur le terrain, ont affirmé dimanche que 976 personnes avaient été tuées depuis l'arrivée des observateurs le 26 décembre.
Face à la poursuite de la répression, le CNS, dans un document adopté au Caire, a "demandé à la Ligue arabe de transférer le dossier syrien le plus vite possible au Conseil de sécurité". Ce dernier doit "transmettre le dossier syrien à la CPI et prendre des décisions fermes pour protéger le peuple syrien", ajoute le CNS, en réclamant l'imposition d'un "embargo aérien" à la Syrie, et la création de "zones sûres en vue de l'acheminement de l'aide humanitaire aux villes sinistrées". Le CNS appelle encore à "imposer des sanctions à l'ensemble des responsables syriens impliqués dans les 'crimes contre l'Humanité' en Syrie, en premier lieu le président syrien". Le groupe s'apprête à envoyer une mission auprès de l'ONU pour remettre "une lettre demandant que le dossier soit transféré au Conseil de sécurité".
Sur le terrain, des soldats dissidents ont brièvement pris samedi soir la ville de Douma, à seulement 20 km au nord-est de la capitale syrienne, après de violents combats avec les forces de sécurité, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Et dimanche, "des affrontements ont eu lieu entre ces forces et des groupes de soldats dissidents", a ajouté l'OSDH qui parle d'une éventuelle "tentative des forces de sécurité de prendre d'assaut Douma". Aucune information de source indépendante n'était disponible sur ces combats, la presse étrangère ayant interdiction de circuler librement dans le pays.
Signe que la contestation se rapproche de la capitale, des combats se sont déroulés aussi entre l'armée régulière et des groupes de dissidents à Talfita dans la province de Damas, selon l'OSDH. Cinq personnes -deux officiers et un soldat ainsi qu'un soldat dissident et un civil- sont morts à Talfita, et un civil à Douma, alors qu'une septième personne a péri à Idleb (nord-ouest), a précisé le groupe. L'agence officielle Sana a parlé de deux officiers tués par un "groupe terroriste" à Douma.
Vous êtes très crédible lorsque vous parlez de respect, Jabbour.
06 h 32, le 23 janvier 2012