Quatre cents personnes ont été tuées en Syrie depuis le début de la mission des observateurs de la Ligue arabe le 26 décembre, a annoncé mardi le secrétaire général adjoint de l'ONU B. Lynn Pascoe, cité par l'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice.
M. Pascoe a donné ce nouveau chiffre lors d'une réunion des quinze pays du Conseil de sécurité sur la Syrie. Les Nations unies avaient jusque-là fait état d'un bilan de plus de 5.000 morts depuis le début des manifestations contre le régime du président Bachar al-Assad en mars dernier.
A l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité sur la Syrie, les ambassadeurs ont renouvelé leurs appels à la Russie pour ouvrir des négociations sérieuses sur l'adoption d'une résolution sur la répression sanglante des manifestations par le régime syrien.
Avant la réunion, l'ambassadeur allemand Peter Wittig avait expliqué devant la presse que l'hostilité de la Russie à une résolution condamnant le président Bachar al-Assad n'était "pas satisfaisante"."Nous voulons que des négociations sérieuses commencent sur une résolution. Nous sommes prêts à combler le fossé qui existe mais des négociations sérieuses doivent commencer", a encore dit Peter Wittig.
La Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution sur la Syrie en octobre. La Russie a depuis proposé son propre projet de résolution qui condamne à la fois les violences du gouvernement et celles provenant de l'opposition, mais un diplomate européen a indiqué que les discussions étaient "gelées" avec la Russie qui refuse des amendements à son projet de texte.
Les ambassadeurs occidentaux ont fait pression sur la Russie pour accélérer les discussions depuis décembre, mais en vain.
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a de son côté, demandé que la Ligue arabe "rende compte au Conseil de sécurité des Nations unies" des conclusions de sa mission d'observation, si celles-ci devaient être négatives. "Nous avons soutenu depuis le départ l'initiative de la Ligue arabe, notamment les décisions que cette organisation a prises dimanche dernier en reportant les conclusions finales de sa mission d'observation au 19 janvier", a déclaré Alain Juppé lors d'une audition devant la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
Des observateurs de la Ligue arabe sont en Syrie depuis le 26 décembre pour superviser un accord destiné à mettre fin aux violences dans ce pays, mais leur présence n'a pas mis un terme à plus de neuf mois d'effusion de sang.
Au contraire, la mission se trouve elle-même visée par les violences. Aujourd’hui deux officiers koweïtiens participant à la mission arabe d'observateurs ont été légèrement blessés dans une attaque menée par des "manifestants non identifiés", a indiqué mardi le ministère koweïtien de la Défense. Des observateurs du Koweït, des Emirats arabes unis, d'Irak, du Maroc et d'Algérie ont subi cette attaque alors qu'ils faisaient route vers la ville de Lattaquié, sur la côte méditerranéenne lundi, selon le ministère koweïtien. Les deux officiers ont été soignés dans un hôpital et sont en bonne santé, a ajouté le ministère dans un communiqué publié par l'agence officielle Kuna.
Le chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi avait dénoncé ces attaques, ajoutant qu'il tenait le régime de Damas pour responsable de leur sécurité.
Mais la Syrie tente de rassurer la Ligue."La Syrie continuera à assumer ses responsabilités en garantissant la sécurité et la protection des observateurs et en interdisant toute action qui entraverait leur tâche", a affirmé le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem lors d'un entretien à Damas avec le chef de la mission, le général Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi. M. Mouallem a souligné dans un communiqué l'importance que les observateurs, déployés dans le pays pour rendre compte de la situation, "accomplissent leur mission d'une manière objective et neutre", rejetant "tout acte nuisant aux observateurs". Le ministre a souligné également "l'engagement de la Syrie à appliquer le protocole arabe signé le 19 décembre avec la Ligue arabe et sa détermination à poursuivre la coopération avec les observateurs arabes".
Il a dénoncé "les tentatives de certaines parties régionales et internationales de mettre en doute (le travail) (...) des observateurs afin de mettre en échec le rôle de la Ligue arabe et de transférer le dossier au Conseil de sécurité" de l'ONU.
C'est la première fois qu'un incident impliquant des observateurs est annoncé depuis leur arrivée en Syrie le 26 décembre.
Le ministre des Affaires étrangères des Emirats arabes unis cheikh Abdallah ben Zayed Al-Nahyane a quant à lui reproché au régime syrien de ne pas faciliter la mission, dont le travail "devient de plus en plus difficile".
De même, le ministre tunisien des Affaires étrangères Rafik Abdessalem a affirmé que les observateurs de la Ligue arabe n'ont pas pu mener leurs actions comme prévu. Ils ont rencontré de nombreux obstacles. L'attaque de Lattaquié soulève des doutes quant à la poursuite de la mission", a-t-il déclaré.
Le ministère russe des Affaires étrangères a de son côté salué mardi dans un communiqué le travail de la mission d'observation de la Ligue arabe en Syrie. "Leur déploiement dans ce pays a déjà eu un effet stabilisateur sur la situation et aide à obtenir une image réaliste et objective de ce qui se passe en Syrie", a déclaré le ministère.
La Ligue arabe s'est prononcée dimanche pour la poursuite et le renforcement de sa mission d'observateurs en Syrie, malgré les critiques la visant. Une mission rendue de plus en plus difficile par la répression qui ne faiblit pas.
Aujourd'hui, dix civils ont été tués et quarante autres blessés par les forces de sécurité qui ont tiré sur une manifestation à Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dénonce "un massacre". Un civil a également été tué à Homs (centre), toujours selon l'OSDH, et trois personnes blessées par des coups de feu tirés sur une manifestation à Jisr al-Choughour, dans la province d'Idleb (nord-ouest).
Sur le plan sécuritaire, quatre camions soupçonnés de transporter des équipements militaires d'Iran en Syrie ont été interceptés au poste-frontière d'Oncupinar par les douaniers turcs, a annoncé le gouverneur de la province de Kilis, dans le sud de la Turquie. Des experts d'Ankara ont été dépêchés sur place pour examiner la cargaison, a-t-il précisé.
Dans ce contexte de violences, le grand mufti de Syrie cheikh Ahmad Badreddine Hassoune a appelé les opposants à "déposer les armes", lors d'une messe mixte islamo-chrétienne à la mémoire des 26 victimes tuées vendredi dans un attentat suicide à Damas. "Si vous désirez participer au pouvoir, présentez-nous vos programmes sans lever vos armes et s'ils nous convainquent, nous les adopterons", a ajouté le mufti, qui représente la plus haute autorité religieuse de l'islam en Syrie. Son fils, Sariah Hassoun, a été assassiné en octobre dernier dans le cadre d'une vague d'attentats visant les alliés du président Assad.
L'archevêque Luka al-Khouri, qui présidait la messe, a pour sa part critiqué les mesures punitives qui frappent de plein fouet l'économie syrienne. "Ceux qui imposent des sanctions aux Syriens et menacent son pain quotidien ne connaissent ni le Christ, ni la signification de la démocratie, des droits de l'Homme et des valeurs humaines", a souligné l'archevêque.
Sur un autre plan, le ministre syrien de l'Information Adnane Mahmoud a déclaré que "plus de 136 médias arabes et étrangers ont obtenu des autorisations d'entrée et de travail depuis le début de décembre pour couvrir les événements en Syrie", rapporte mardi le quotidien al-Baas. M. Adnane a accusé "certaines chaînes de télévision arabes et étrangères" de se livrer à des "incitations hystériques contre la Syrie et à des manipulations médiatiques".
La Syrie est en proie depuis la mi-mars à un mouvement de contestation qui se transforme en conflit armé opposant l'armée à des soldats dissidents ayant notamment rejoint l'"Armée syrienne libre" (ASL), une force d'opposition armée.
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commentaires (10)
En effet Robert ,je suis d'accord avec toi pour dire que finalement, tout ne tient pas entre la Syrie, l'Iran ou le Hezb résistant, mais en toute logique admet et selon ton raisonnement, que tout ne doit pas non plus tenir entre les mains des us, israel et l'europe suiviste. Tu es un scientifique, quand on admet A, on sait que non A existe aussi. Maintenant te dire quand est ce que tout ça va finir ? mon souhait serait le plus vite possible, le tien aussi, mais par la défaite des forces du complot pour moi, et des forces ("démocratiques") pour toi.
Jaber Kamel
07 h 20, le 11 janvier 2012