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La stabilité de l’Irak dépendra largement de la participation des sunnites à la vie politique

Les femmes à la reconquête de leur statut d’antan

Les Irakiennes, dont la situation s’est considérablement dégradée durant les près de neuf années de présence américaine dans le pays, ont à cœur de reconquérir un statut qui leur était jadis envié dans le monde arabe.

Trois décennies de conflits ont fait quelque 1,5 million de veuves en Irak. Marwan Naamani/AFP

Alors que les derniers soldats américains se sont repliés vers le Koweït voisin, les militantes des droits des femmes n’ont guère de raisons de saluer la période qui s’achève. « La régression a été très forte », estime ainsi Nada Ibrahim, députée au Parlement. Les Irakiennes ont payé un lourd tribut, y compris en matière d’éducation, en raison des combats, de l’omniprésence des armes, de la montée en puissance des milices islamistes et des tribus, explique-t-elle.
À cela est venue s’ajouter la perte de leurs hommes, tués, blessés, emprisonnés ou enrôlés dans des groupes armés, qui les a contraintes à assumer seules le rôle de chef de famille. Trois décennies de conflits ont fait quelque 1,5 million de veuves en Irak, où la moitié de la population a aujourd’hui moins de 18 ans.
Selon l’organisation Human Rights Watch, les Irakiennes bénéficiaient avant la guerre du Golfe de 1991 de la meilleure protection de tout le Moyen-Orient. Arrivé au pouvoir en 1968, le parti de Saddam Hussein, le Baas, avait fait adopter un cadre juridique garantissant l’égalité, l’éducation obligatoire des filles, le statut des femmes au travail ou leur protection en cas de divorce. La guerre de 1991 et les années d’embargo ont entamé cet acquis et la situation des femmes a encore empiré après 2003 du fait de la forte influence prise par les extrémistes religieux dans la politique et les questions de société, souligne l’ONG.
Les Américains n’étaient pourtant pas dépourvus de bonnes intentions à l’égard des femmes, reconnaît Mme Ibrahim. Mais « ils étaient des envahisseurs » et leurs initiatives ont été à ce titre rejetées par la population. Safia al-Souhaïl, une autre députée, estime que les Américains ont mené de bonnes actions sur le terrain mais leur reproche d’avoir encouragé la marginalisation des femmes en politique en leur refusant leur soutien au début de la reconstruction du pays. « Ils prétextaient des inquiétudes sur le fait que notre société n’accepterait pas ça », souligne-t-elle. Mais « 2003 était le bon moment et si nous avions commencé à ce moment-là, nous aurions pu aujourd’hui avoir une femme Premier ministre. » Au lieu de cela, l’actuel chef du gouvernement, Nouri al-Maliki, s’est rendu récemment à Washington à la tête d’une délégation exclusivement masculine, une « honte pour l’Irak », s’agace-t-elle. « Oui, les femmes ont vécu des situations de conflit, de guerre et de terrorisme mais la sécurité commence à s’améliorer en Irak et donc la situation des femmes va elle aussi progresser », tempère la secrétaire d’État pour les Droits des femmes, Ibtihal Jassem al-Zaïdi, unique femme du gouvernement. « Je pense que les ministères de l’Intérieur et de la Défense sont capables de protéger l’Irak et les Irakiennes après le retrait des Américains », ajoute-t-elle. Anou Borrey, conseillère du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), se veut elle aussi optimiste : « Il a été question d’une possible augmentation de la violence mais il y a aussi une meilleure compréhension de la loi et du fait que les gens seront punis » en cas d’atteinte aux femmes. Et les femmes elles-mêmes « sont de plus en plus organisées, elles se rendent compte qu’elles ont des capacités, elles savent aussi qu’elles ont des droits », souligne-t-elle. « Les États-Unis n’ont rien fait pour les femmes du pays quand ils étaient ici. Je pense que c’est la lutte des militantes, des défenseurs des femmes qui changera la situation dans le pays. C’est par les femmes irakiennes que nous changerons les choses », conclut la députée Nada Ibrahim.
(Source : AFP)
Alors que les derniers soldats américains se sont repliés vers le Koweït voisin, les militantes des droits des femmes n’ont guère de raisons de saluer la période qui s’achève. « La régression a été très forte », estime ainsi Nada Ibrahim, députée au Parlement. Les Irakiennes ont payé un lourd tribut, y compris en matière d’éducation, en raison des combats, de...