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Moyen Orient et Monde - Reportage

Pour le sosie de Kim Jong-il, la mort du « cher leader » n’est pas une blague

Kim Young-sik n’a jamais pu rencontrer le dirigeant défunt ni même se rendre en Corée du Nord.

Kim Young-sik imitant le salut du « cher leader » dans sa boutique de Séoul. Prakash Singh/AFP

Il s’est fait insulter dans la rue, a joué dans un film et a imité le salut du « cher leader », et le plus célèbre sosie de Kim Jong-il a l’impression qu’une part de lui-même est morte avec le dirigeant nord-coréen.
Pendant plus de dix ans, le Sud-Coréen Kim Young-sik, propriétaire d’une petite boutique de la banlieue de Séoul, a imité le chef communiste qui a conduit son pays d’une main de fer pendant 17 ans. Mais depuis le décès de Kim Jong-il le 17 décembre, ce père de famille de 61 ans craint de devoir ranger au placard le célèbre blouson kaki du numéro un nord-coréen, qui lui avait permis de passer à la télévision japonaise et d’apparaître dans une publicité au Moyen-Orient. « Je me sens vidé, comme si une partie de moi était morte. Les gens essaient de me réconforter en me disant que certaines personnalités deviennent plus célèbres une fois morte, mais je ne crois pas que ce sera le cas de Kim », explique-t-il.
Ça a commencé tout à fait par hasard. « En sortant de la douche un jour, mes cheveux ont pris une forme bouffante. On m’a dit que je ressemblais à Kim Jong-il. » En 1995, il joue le rôle du dirigeant dans un film de fiction sud-coréen racontant l’épopée d’un scientifique du Sud aidant secrètement le Nord à se doter de l’arme atomique pour éviter une invasion japonaise. Depuis, il a côtoyé les dirigeants du monde, en tout cas ceux qui les imitent, notamment les sosies de George W. Bush et Vladimir Poutine. Sa carrière fut aidée par la politique de dialogue avec le Nord, lancée à la fin des années 1990 par le président sud-coréen Kim Dae-jung. « Les gens commencèrent à me remarquer et à m’inviter à des tas d’émissions de télé », raconte Kim Young-sik.
Pourtant, ressembler à un dirigeant dont le pays a connu une famine désastreuse dans les années 1990 et qui a enfermé des milliers d’opposants n’est pas toujours facile. « On m’insultait, on me traitait de “dictateur”, mais ceux qui me connaissent me saluaient en criant “Kim Jong-il” ! Je leur rendais leur salut à la manière de Kim. » En attendant, ressembler comme deux gouttes d’eau à son modèle exige du travail : un coiffeur refait tous les trois mois la permanente du sosie qui a modifié son aspect à mesure de l’amaigrissement de Kim Jong-il, visible après son accident cérébral en 2008. Kim Young-sik possède ainsi cinq paires de chaussures à talonnettes et quatre costumes différents, inspirés des tenues portées par le dirigeant nord-coréen, notamment son fameux ensemble blouson et pantalon kaki. « Avant, je les portais tous les jours. C’est dommage, je ne pourrai plus les mettre », déplore-t-il. Il regrette aussi de n’avoir jamais pu rencontrer Kim Jong-il, et de n’être même jamais allé en Corée du Nord, qui lui a refusé un visa de tourisme.
À l’heure où le fils cadet du défunt, Kim Jong-un, lui succède, Kim Young-sik pense qu’il doit lui aussi passer la main à la jeune génération. « J’aimerais continuer à interpréter Kim Jong-il, mais ils trouveront quelqu’un pour imiter Kim Jong-un. On m’a demandé si mon fils lui ressemblait, mais non. Sinon, je l’aurais amené à une audition ! » dit-il, mélancolique.
(Source : AFP)
Il s’est fait insulter dans la rue, a joué dans un film et a imité le salut du « cher leader », et le plus célèbre sosie de Kim Jong-il a l’impression qu’une part de lui-même est morte avec le dirigeant nord-coréen.Pendant plus de dix ans, le Sud-Coréen Kim Young-sik, propriétaire d’une petite boutique de la banlieue de Séoul, a imité le chef communiste qui a...

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