Sur la forme d’abord. « Il est complètement surréaliste qu’un gouvernement intervienne pour dissoudre un accord conclu après des mois de tractations entre les partenaires sociaux concernés », s’est indigné le président de l’ACB. En effet, rappelons que la semaine dernière, le Conseil des ministres avait approuvé, à la surprise générale, le projet du ministre Nahas qui fait fi de l’accord que la CGTL et le patronat venaient de signer au palais présidentiel et que les différentes parties ont qualifié d’ « historique ».
Sur le fond, « ce projet, comme les deux autres proposés antérieurement, comprend des éléments contraires à la Constitution que le Conseil d’État ne saurait laisser passer », a souligné M. Chammas. Il a expliqué que la loi 36/1967 n’habilite pas le gouvernement à fixer les allocations de transport, et l’augmentation journalière de 2 000 livres n’a donc pas lieu d’être. Il a également souligné l’incohérence d’inclure les charges des allocations de transport au salaire, « deux éléments de nature comptable très différente ».
« Nous ne laisserons pas le Liban sombrer dans un donquichottisme économique »
Mais au-delà de ces considérations d’ordres éthique et juridique, ce sont les conséquences économiques et financières sur le pays qui inquiètent les organismes commerciaux. « Ce projet est une catastrophe nationale », a martelé le président de l’ACB. Rappelons que le projet du ministre Nahas fixe le salaire minimum mensuel à 868 000 livres libanaises (contre 675 000 livres dans l’accord signé entre la CGTL et le patronat). Les indemnités de transport, qui s’élèvent à 236 000 livres par mois, sont incluses dans le salaire minimum, et par conséquent, les charges sociales et les indemnités de fin de service sont calculées en tenant compte de l’inclusion des indemnités de transport dans le salaire.
D’après les calculs présentés par l’ACB, les salariés bénéficieront donc de 910 millions de dollars supplémentaires par an, la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS) de 280 millions de dollars en plus. Les entreprises enregistreront quant à elles 1,4 milliard de dollars de pertes comptables, dues aux 650 millions de dollars de provisions pour indemnités de fin de service (dues à la hausse des salaires) et des 750 millions de dollars de provisions pour indemnités de fin de service (dues à l’intégration de l’allocation transport dans les salaires). « Cette situation met en péril un grand nombre de petites et moyennes entreprises qui, n’ayant pas les moyens de survivre à cette hausse conséquente des coûts, devront licencier des salariés ou même fermer boutique », a déploré M. Chammas.
Cette hausse des salaires risque également de se faire sentir sur l’inflation, « qui sera de l’ordre de 11 %, contre les 6 % actuels », a affirmé le président de l’ACB.
« Nous sommes prêts à la confrontation »
À l’issue de la réunion, les représentants des syndicats et organismes commerciaux se sont dit plus déterminés que jamais à empêcher ce nouveau décret à passer. Il y a deux jours déjà, les représentants des organismes économiques s’étaient mobilisés et avaient exposé ces mêmes points de vue au président de la République, Michel Sleiman.
« Nous sommes aujourd’hui tous dans l’attente que le Conseil d’État se prononce sur la constitutionnalité du décret. S’il était accepté, nous demanderions au président de la République et au Premier ministre de ne pas le signer. S’il est signé, nous ferons nous-mêmes appel au Conseil d’État à nouveau », a déclaré M. Chammas. Et si aucun des moyens n’aboutit, il a menacé d’avoir recours à la grève. « Nous sommes prêts à utiliser tous les moyens nécessaires et si la confrontation s’avère nécessaire, nous serons à la hauteur », a-t-il ajouté.
commentaires (1)
- - ( ILS ) Utilisent Don Quichotte et le Donquichottisme , à toutes les sauces politiques , quand ils se sentent pris au piège et acculés ! On a déjà , et même souvent , entendu ce terme utilisé , par les mêmes amis de monsieur Nicolas Chammas .. à l'encontre de l'actuelle majorité , de ses éminents et illustres membres et ministres et de son chef , par ces mêmes forces actuellement épuisées , et anciennement majoritaires , qui combattent contre le vent et menacent , sachant pertinemment , qu'ils ne peuvent plus rien , contre les Réformes qui sont en marche , qui se trouvent escortés par toute la population , y compris de leur base , qui retrouve une dignité perdue et rétablie , grâce à Rabié la Capitale du Changement .
JABBOUR André
09 h 13, le 29 décembre 2011