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Nos Lecteurs ont la Parole

Compte-rendu de Noël 2011

Louis INGEA

« Si tu pouvais, ce soir, écouter le silence
Frôler du bout des doigts la douceur de la nuit,
Tu sentirais soudain fondre l’indifférence
Qui marque de son sceau le poids de ton ennui.

Ouvrant ainsi ton cœur à l’appel du néant
Et freinant les échos de la rumeur qui gronde,
Tu verras que le noir n’est pas gouffre béant
Mais ravin endormi sur le labeur du monde.

Au creux de ton hiver, voici l’Enfant béni
Dans une auge parée d’un éclat solennel.
Entendras-tu vibrer le message infini
Que charrie pour chacun le moment de Noël ? »
Je sais, le poème est un tantinet à l’eau de rose. Cela m’est venu à l’esprit par pure fantaisie, l’autre soir, en pensant à la plus jeune de mes petits-enfants, qui continue de nous faire accroire au père Noël
Pour ma part, j’y reste acquis d’avance, dans la mesure où, j’en suis convaincu, chaque personne conserve toujours au fond de son cœur l’enfant qu’il fut... une fois.
Décembre est donc , traditionnellement, le mois de Noël. Celui d’une joie feutrée qui a vu le jour quelque deux mille ans plus tôt et qui ne cesse de faire renaître en nous la nécessaire flamme de l’espoir.
Mais Noël, advenu pour réveiller le monde, aura fini entre-temps par être récupéré pour figurer davantage en tête du palmarès des festivités et réjouissances populaires, un peu partout.
Il était bon, nous le savons, de célébrer avec éclat une naissance. Pas un foyer, pas un couple d’humains qui n’ait considéré la chose comme un événement central dans la vie de chacun. Un événement qui vient enrichir, augmenter, créer un plus... et bouleverser, en somme, la marche particulière des jours. Tout simplement parce que, accueillant parmi nous l’arrivée d’une conscience supplémentaire dans le creuset géant de notre conscience collective, nous pressentons confusément que toute vie qui éclot est porteuse d’un défi à tenir et d’un accomplis- sement ciblé qui a sa place dans la vaste trame du tissu universel.
Sauf que Noël n’est pas une naissance comme une autre. Qui que nous soyons et à quelque doctrine que nous appartenions, Noël marque quelque part l’irruption d’une volonté de rénovation. Connaissant par avance, pour les hommes d’aujourd’hui, ce que l’impact exceptionnel d’un être hors du commun aura provoqué dans l’histoire de l’humanité, comme rupture avec le passé, comme révolution dans les esprits, comme nouvelle discipline de vie, plus personne ne peut ignorer qu’à dater de ce moment unique dans les annales de la planète entière, il y ait eu un « avant » et un « après ».
Le monde actuel en est-il véritablement conscient ? Où en sommes-nous de Noël en 2011 ? Et serait-il exagéré de souligner que le constat en est douloureux, sinon effarant ? Combien de pages ne faudrait-il pas noircir pour discourir sur la déconfiture des hommes qui croient encore conduire selon leur caprice leur propre destinée et celle des autres ? Dans un monde, en même temps repu à en crever et néanmoins vidé de sa substance, dans un monde riche à milliards, d’un côté, et mendiant sa bouchée de pain, de l’autre, où donc pourrait s’épanouir la célébration d’un anniversaire, fût-il celui d’un rédempteur ? Je me refuse à patauger dans la narration, qui serait sans fin, de nos déconvenues. Aveuglés que nous sommes par l’avancée du progrès matériel, grisés par la notion de notre confort au quotidien, nous avons oublié que quelque chose en notre for intérieur, qu’on appelle une âme, a également besoin de sa nourriture de tous les instants.
D’aucuns, c’est vrai, s’en rendent compte. Certains regrettent parfois de ne pas y donner suite. Personne ou si peu qui se décident à faire le pas... Nous nous agrippons, telles des sangsues, aux divers temples abritant le veau d’or de l’économie mondiale, une économie aujourd’hui en faillite, pour assouvir sans arrêt appétits, désirs et soif de jouissances. Et croire dur comme fer que le bonheur s’incarne dans de telles opportunités.
Dans quel supermarché, dites-le-moi, peut-on trouver en sachets un sourire à acheter, une consolation à partager, un brin d’amour à déguster ? Existe-t-il une réponse à pareil genre de questionnement ?
Noël est là, peut-être, pour pallier la pauvreté de notre attente. Il se rappelle à notre souvenir une fois l’an, étant lui-même le « grand souvenir » toujours présent dans nos consciences. Il crèche sous un arbre scintillant de lumières dans le noir de notre nuit. Il frappe à la porte de nos cœurs endurcis par l’opulence du monde et exige une aumône à laquelle il a droit. Tout dépend de notre acquiescement. La libération est à ce prix. C’est si peu... et tellement beaucoup !
Pour ma part, en cette nuit, dans le secret de ma réflexion et malgré la sourde joie du grand rappel, je crains de devoir pleurer sur le monde pour la raison que ce monde, tel qu’il persiste, tel qu’il se sclérose, ne mérite plus qu’on essaie encore de l’aimer...
Parce que la joie, la vraie joie, est à côté. Elle est en nous pour peu que nous acceptions de laisser fermenter le levain de Noël puis de le laisser se répandre à travers les attitudes les plus simples de notre comportement.
Et parce que, par-dessus tout, ce ferment sacré porte un nom. Un nom troublant, dangereux et précieux : l’AMOUR.


Louis INGEA

« Si tu pouvais, ce soir, écouter le silenceFrôler du bout des doigts la douceur de la nuit,Tu sentirais soudain fondre l’indifférenceQui marque de son sceau le poids de ton ennui.Ouvrant ainsi ton cœur à l’appel du néantEt freinant les échos de la rumeur qui gronde,Tu verras que le noir n’est pas gouffre béantMais ravin endormi sur le labeur du monde.Au creux de ton...

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