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Couverture spéciale de la révolte en Égypte

Sous pression pour arrêter le sang, l’armée égyptienne défend son action

Le pouvoir militaire accuse les manifestants de « chercher à détruire l’État », tandis que les heurts reprenaient de plus belle.
Le pouvoir militaire en Égypte tentait hier de défendre son action face aux pressions internationales pour mettre fin à la confrontation avec des manifestants antiarmée qui a fait 12 morts et des centaines de blessés en quatre jours dans le centre du Caire.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a en effet accusé les forces de sécurité égyptiennes d’usage « excessif » de la violence à l’encontre des manifestants. La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a, elle, appelé dimanche les Égyptiens à s’abstenir de toute violence et demandé « instamment aux forces de sécurité égyptiennes de respecter et de protéger les droits universels de tous les Égyptiens, y compris les droits d’expression et de réunion ».
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige l’Égypte depuis la chute en février du président Hosni Moubarak, a donc réagi en affirmant que l’armée n’avait « pas recours à la force contre les manifestants » mais les a accusés de « chercher à détruire l’État ». Le général Adel Emara, membre du CSFA, a aussi révélé qu’un « plan visant à brûler l’Assemblée du peuple avait été découvert ».
Concernant les arrestations de manifestants, le parquet du Caire a décidé le maintien en détention de 123 personnes arrêtées dans les heurts et la libération de 53 autres, ordonnant que neuf autres prévenus soient soignés avant d’être entendus, a annoncé l’agence officielle MENA. Ils encourent des poursuites pour résistance à l’autorité, violences contre les forces de sécurité, incendie de bâtiments publics et atteinte à des propriétés publiques et privées.
De même, deux personnes ont été tuées hier à l’aube, alors que les forces de sécurité évacuaient les manifestants de la place Tahrir, haut lieu de la contestation, a-t-on appris auprès du ministère de la Santé. Après une accalmie, des heurts ont repris hier après-midi, manifestants et forces de l’ordre échangeant des jets de pierre et de projectiles incendiaires par-dessus un mur de blocs de pierre érigé par l’armée pour empêcher l’accès au siège du gouvernement et qui bloquait la rue où se sont concentrés les derniers affrontements, tout près de la place Tahrir.
À proximité, des équipes s’affairaient pour sauver des ouvrages et manuscrits endommagés de l’Institut d’Égypte, fondé en 1798 par Napoléon Bonaparte, qui a brûlé samedi au cours des affrontements. Sur ce plan, la France a demandé aux autorités égyptiennes « une enquête exhaustive et transparente sur les origines et les responsabilités » de la destruction de l’établissement, qui abritait quelque 200 000 ouvrages, certains rarissimes.
Rappelons que les affrontements avaient éclaté vendredi entre les forces de l’ordre et des manifestants qui campaient depuis fin novembre devant le siège du gouvernement pour protester contre la nomination par l’armée comme Premier ministre de Kamal el- Ganzouri, qui avait déjà occupé ce poste sous M. Moubarak. Les manifestants réclament également la fin du pouvoir militaire, visant en particulier le chef de l’armée et chef d’État de fait, le maréchal Hussein Tantaoui.
Ces violences sont les plus graves depuis des affrontements similaires qui avaient fait au moins 42 morts, principalement au Caire, quelques jours avant le début des législatives. Elles ont même occulté la tenue sans incident majeur de la deuxième phase du scrutin, qui a conforté la nette domination des formations islamistes, au détriment des partis libéraux et des mouvements issus de la révolte anti-Moubarak.
Les Frères musulmans ont d’ailleurs revendiqué 39 % des voix pour cette deuxième phase et les fondamentalistes salafistes « plus de 30 % », contre respectivement 36 % et 24 % lors de la précédente phase, où les islamistes toutes tendances confondues avaient recueilli 65 % des suffrages. Le taux de participation pour cette deuxième phase, qui concerne un tiers du pays, a été de 67 %, a indiqué la commission électorale.
(Source : AFP)
Le pouvoir militaire en Égypte tentait hier de défendre son action face aux pressions internationales pour mettre fin à la confrontation avec des manifestants antiarmée qui a fait 12 morts et des centaines de blessés en quatre jours dans le centre du Caire.Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a en effet accusé les forces de sécurité égyptiennes d’usage « excessif » de la...