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Moyen Orient et Monde - Révolte

L’ultimatum arabe expire sans aucune réponse de Damas

Des milliers de Syriens descendent dans la rue, alors que la répression fait au moins 40 victimes.

Les funérailles d’un militant à Dael, près de Deraa, tournent à une manifestation de plusieurs centaines de personnes contre le régime syrien. Photo YouTube

Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe réunis jeudi au Caire avaient donné jusqu’à hier à Damas pour accepter l’envoi d’observateurs, sous peine de sanctions. « Jusqu’à maintenant, nous n’avons toujours aucune réponse du gouvernement syrien », a déclaré hier un diplomate arabe après l’expiration du délai. La Syrie s’expose donc désormais à des sanctions économiques arabes, mais bénéficie toujours du soutien appuyé de Moscou : « À ce stade, nous avons besoin non pas de résolutions, de sanctions ou de pressions, mais d’un dialogue intersyrien », a insisté un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. Par contre, la chaîne libanaise Manar, citant des sources syriennes, expliquait hier que la Syrie n’était pas concernée par l’ultimatum de la Ligue arabe. Toujours selon les mêmes sources, « tout cela est une tentative explicite de la Ligue de prétendre avoir tout proposé à la Syrie qui n’a pas coopéré », ajoutant que Damas s’apprêtait à répondre à la Ligue à travers son ministre des Affaires étrangères, Walid Moallem.
Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est dit « prêt » hier à aider la Ligue arabe dans sa tentative de trouver une solution à la crise en Syrie, a déclaré son porte-parole Martin Nesirky.
En revanche, le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a jugé que cet ultimatum constituait « une dernière et nouvelle chance » à saisir pour Damas. « Il y a une dernière, une nouvelle chance pour la Syrie », a indiqué M. Davutoglu à Istanbul. Il a également affirmé que les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe se réuniraient à nouveau dimanche au Caire pour coordonner leur riposte au silence de Damas. Auparavant, les ministres arabes des Finances doivent se réunir aujourd’hui pour discuter d’éventuelles sanctions, qui pourraient ensuite être soumises dimanche aux ministres des Affaires étrangères des pays arabes. Alors que l’économie syrienne est déjà affectée par les sanctions européennes et américaines, des mesures de rétorsion économiques arabes risqueraient d’étouffer la Syrie, dont la moitié des exportations et près d’un quart des importations se font avec les pays arabes.
D’autre part, le comité de l’ONU contre la torture a dénoncé hier des « violations flagrantes et systématiques des droits » de l’homme en Syrie ainsi que leur « impunité ». Claudio Grossman, qui dirige le panel des 10 experts du comité, s’est dit préoccupé en particulier par des informations sur des tortures et des mutilations infligées à des enfants, ainsi que par des « exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires ».

Étalage de force occidental en Méditerranée
Par ailleurs, des informations relayées par des correspondants de médias arabes à Washington faisaient état de l’envoi d’un porte-avions américain et de navires canadiens, à la suite de l’envoi de navires russes à Tartous et Lattaquié la semaine passée, au large des côtes syriennes.
Sur le terrain, des milliers de Syriens ont manifesté hier, les uns pour dénoncer le régime et soutenir les militaires dissidents, les autres pour conspuer l’ultimatum de la Ligue arabe sur l’envoi d’observateurs en Syrie. Sur la page Facebook « La Révolution syrienne contre Bachar el-Assad », les militants prodémocratie avaient appelé à manifester en « ce vendredi pour que l’Armée syrienne libre (ASL) protège la révolution pacifique ». L’ASL, dont le chef Riad el-Assaad est basé en Turquie, a revendiqué ces derniers jours une série d’attaques meurtrières contre l’armée régulière chargée de réprimer par la force la révolte entamée il y a plus de huit mois. Comme chaque vendredi depuis la mi-mars, les Syriens ont donc manifesté par milliers après la prière hebdomadaire, en particulier dans les provinces de Homs (centre), Idleb (Nord-Ouest) et Deraa (Sud), ainsi qu’à Deir ez-Zor, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et les Comités locaux de la coordination (LCC).
Les forces de sécurité ont de nouveau tiré pour disperser la foule et ont parallèlement poursuivi leurs opérations à la recherche de militants. Selon l’OSDH, les forces de l’ordre ont tué au moins six civils hier : trois dans la province de Homs, un autre à Deir ez-Zor, un autre à Jassem (Sud) et un adolescent de 16 ans dans la région de Damas. Selon al-Arabiya, en revanche, la répression des forces de sécurité aurait fait au moins 40 morts hier.
L’agence officielle syrienne SANA a, de son côté, fait état d’immenses manifestations de partisans du régime à Damas et Alep (Nord) pour dénoncer les menaces de la Ligue arabe contre la Syrie. SANA a aussi fait état de deux morts parmi les forces de sécurité pendant le désamorçage d’une bombe à Hama (centre), où trois autres bombes ont explosé sans faire de victimes.
Dans un rare communiqué cité par SANA, le commandement de l’armée syrienne a également confirmé hier la mort de 10 militaires, dont six pilotes, dans une attaque la veille revendiquée par l’ASL. La multiplication de ce type d’accrochages soulève les craintes de voir le pays sombrer dans la guerre civile.
(Sources : agences et rédaction)
Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe réunis jeudi au Caire avaient donné jusqu’à hier à Damas pour accepter l’envoi d’observateurs, sous peine de sanctions. « Jusqu’à maintenant, nous n’avons toujours aucune réponse du gouvernement syrien », a déclaré hier un diplomate arabe après l’expiration du délai. La Syrie s’expose donc désormais à des...

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