Avec toutes ces armes qui s’amoncellent, il n’est pas impossible que le résultat soit similaire à celui de l’Irak, divisé déjà en trois régions, le Kurdistan au nord, une région à prédominance sunnite au centre et une région à prédominance chiite au sud, et des minorités qui disparaissent dans les méandres de ce brassage religieux et ethnique. En Syrie, ce sera pareil ; une région côtière alaouite, une région centrale sunnite et une région au nord-est kurde, et pourquoi pas une région au sud-ouest druze. Et les chrétiens dans l’une ou l’autre des régions qui voudrait bien les accueillir.
Les accords Sykes-Picot concernant la Syrie seraient dépassés. Ils auraient vécu.
Pourquoi ne pas être optimistes en se disant que la démocratie sera au rendez-vous plutôt que la violence et la partition ? Tout simplement parce qu’il y a une volonté d’abattre le pouvoir actuel sans aucun ménagement et que celui-ci est sourd à toute solution pour laisser sa place. Le sang a beaucoup coulé depuis 1970 pour laisser place à une compassion possible de la part de « l’opposition armée » et la volonté de survie du pouvoir en tant que pouvoir fait qu’il n’est pas tenté de déposer les armes.
N’existe-t-il aucune solution pacifique concertée de cette crise ? Peut-être qu’il en existe, mais celui qui doit la donner est celui qui fournit les armes et l’argent à « l’opposition armée ». C’est lui seul qui peut pousser vers une solution pacifique. Malheureusement, il y a les intérêts stratégiques des États-Unis et d’Israël qui font que la crise ne sera résolue que par un démantèlement de la Syrie, en dépit de la résistance russe et iranienne pour sauvegarder le statu quo.
L’on se demande si cette confrontation armée sera confinée à la Syrie, si elle ne débordera pas sur toutes les frontières ? Dans tous les cas, elle aura des répercussions et des conséquences désastreuses sur la région. La Syrie est une charnière et toute déstabilisation de ce pays déstabilisera les voisins. Le grand perdant d’un changement de régime et de statut est bien sûr la Syrie mais aussi l’Iran, et celui qui en profitera est le pays qui a toujours souhaité voir affaiblir les États de la région pour survivre : Israël.
La Syrie rejoindra l’Irak, qui fut le premier dans la série des pays démembrés et affaiblis. Mais attention, la contagion de démembrement pourra toucher les autres pays hétérogènes de la région : Turquie, Bahreïn, Arabie saoudite, Égypte, Yémen... La carte de la région continuera d’évoluer irrémédiablement, jusqu’à ce que tous les pays soient malheureusement homogénéisés. Ce qui est peut-être le but recherché.
commentaires (4)
Ms Aoun, Tout dépend de l'entente nationale, de l'honnêteté des parties en présence, de leur allégeance à la nation, de leur acceptation du droit à la différence, du rapport de force entre les personnes modérées et des personnes extrémistes, du niveau de préparation des forces de sécurité et de l'armée tendant à empêcher les personnes voulant imposer leur loi moyenageuse ................
Joseph Zoghbi
05 h 43, le 23 novembre 2011