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À La Une - Portrait

Mariano Rajoy, la victoire de la persévérance

Après les électeurs, il doit désormais convaincre l'Europe et les marchés financiers.

Le leader de la droite espagnole a su jouer sur une image rassurante dans la tempête économique. Jorge GUERRERO/

Peu charismatique mais tenace, le conservateur Mariano Rajoy, illustre la victoire de la persévérance, après deux échecs en 2004 et 2008.
Le leader de la droite espagnole a su jouer sur une image rassurante dans la tempête économique mais, après les électeurs, il doit désormais convaincre l'Europe et les marchés financiers, qui redoutent de voir l'Espagne emportée par la crise de la dette.


"Je suis Mariano Rajoy, Espagnol et Galicien né à Saint-Jacques de Compostelle il y a 56 ans": ce fils et petit-fils de juriste élevé dans la tradition catholique et cultivant une image sobre, voire ennuyeuse, ne pouvait pas trouver mieux pour débuter son autobiographie, publiée pour les élections.


Peu connu à l'étranger -il parle pourtant français et avoue prendre des cours d'anglais-, critiqué pour son indécision, ce grand brun à la barbe grise et aux lunettes rectangulaires a pourtant su rassembler autour de lui le Parti populaire (PP) et faire oublier ses deux défaites cinglantes aux élections de 2004 et 2008, contre le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero.


"Rajoy, c'est la victoire de la persévérance", analyse Anton Losada, professeur en sciences politiques à l'université de Saint-Jacques de Compostelle (nord-ouest).


Après un passage dans une école jésuite et des études de droit, il entre "timidement" en politique en adhérant à l'Alliance populaire (AP), parti de droite fondé par un autre Galicien, l'ancien ministre franquiste Manuel Fraga, qui deviendra le PP.


Discret mais téméraire, il sera élu député régional à 26 ans, avant de grimper les échelons jusqu'à devenir l'un des hommes de confiance de José Maria Aznar, chef du gouvernement de 1996 à 2004, qui l'adoubera pour lui succéder.


Plusieurs fois ministre, Rajoy se forge une image de médiateur hors pair et de bouclier inébranlable du gouvernement Aznar face au déluge de critiques sur la gestion désastreuse de la marée noire du Prestige en 2002 et l'entrée de l'Espagne dans la guerre en Irak, en 2003.


Gommant peu à peu son image de conservateur pur et dur, il se présente comme un dirigeant "prévisible, patriote, indépendant, modéré", contrastant avec "l'inconstance" et la "frivolité" supposées de Zapatero.
"J'ai hérité de mon père un sens très marqué du respect des règles, le sens de la justice et de l'effort", souligne-t-il dans son livre titré "En confiance".


Né le 27 mars 1955, grand amateur de sport, fan du Real Madrid et de cyclisme, il se pose en bon père de famille, capable de rassurer ses électeurs et de tenir la barre alors que "le miracle espagnol" prend l'eau.


"Son principal point fort c'est la crise et le chômage. Ce qui était une grande faiblesse, l'image d'un homme ennuyeux, prévisible, a fini par se muer en une grande force", commente Anton Losada.


Se posant en homme d'Etat, il a noué un accord avec les socialistes sur la réduction des déficits et salué l'annonce par l'ETA de la fin de la violence. Lui qui vitupérait aussi contre la libéralisation de l'avortement et le mariage homosexuel, reste flou sur ses intentions.


"C'est un partage du travail. Rajoy ne tranche pas mais les leaders du PP se partagent les positions pour répondre à un électorat très hétérogène. C'est une stratégie mais le problème c'est qu'à force, il a l'image de quelqu'un qui ne sait pas s'engager et cela peut se retourner contre lui", relève l'éditorialiste José Maria Ridao.


"Je prends les décisions quand il faut", a rétorqué Rajoy dans une interview accordée chez lui au côté de son épouse "Viri", Elvira Fernandez. L'entretien, accompagné de photos de ses deux fils, brosse le portrait d'un mari et père attentif, jamais à court d'humour.


Et sa passion pour le sport n'empêche pas ce grand amateur de cyclisme de reconnaître son penchant pour les cigares "aux prix stratosphériques".

Peu charismatique mais tenace, le conservateur Mariano Rajoy, illustre la victoire de la persévérance, après deux échecs en 2004 et 2008.Le leader de la droite espagnole a su jouer sur une image rassurante dans la tempête économique mais, après les électeurs, il doit désormais convaincre l'Europe et les marchés financiers, qui redoutent de voir l'Espagne emportée par la crise de la...

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