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Lifestyle - Faune

Des girafes aux Philippines, vestige de la folie du dictateur Marcos

Le manque de fonds et la consanguinité font que les animaux s’éteignent lentement.

Hors de leur habitat naturel, les animaux risquent fort de ne pas survivre longtemps. Photo Ted Aljibe/AFP

Dans les années 70, le dictateur Ferdinand Marcos décide de créer une réserve africaine sur une île des Philippines, loin de la savane. Trente-cinq ans plus tard, l’expérience folle semble s’acheminer vers une mort lente.
Amenés depuis l’Afrique soi-disant pour les sauver de l’extinction, girafes, zèbres et antilopes se sont approprié l’île de Calauit, au nord de Palawan (Ouest). Les habitants ont été chassés et les forêts de bambous rasées pour laisser place à de hautes herbes censées rappeler aux animaux leur habitat du Kenya. Aujourd’hui, une centaine de mammifères survivent tant bien que mal sur cette île, soit le même nombre qu’à l’origine.
Mais l’île n’est pas devenue un refuge paradisiaque pour animaux en danger, comme le souhaitait Marcos. « Aucun (de ces animaux) n’était en danger. C’était absurde ! déclare Tony Parkinson, un Anglais qui organisait des transferts d’animaux pour les zoos depuis l’Afrique et qui s’est occupé du voyage vers les Philippines. Nous ne les aurions jamais mis sur cette île s’ils avaient réellement été menacés d’extinction ! » En l’absence de nouvel arrivant, les animaux souffrent également de consanguinité, tandis que trois espèces d’antilopes se sont éteintes dans la réserve, selon le gérant, Froilan Sariego.
En outre, les coupes budgétaires ont considérablement réduit le personnel, qui ne compte plus que 34 employés pour la maintenance du parc, contre plus de 300 du temps de Marcos. « Le manque de fonds est notre plus gros problème », soupire Froilan Sariego. Et sans argent pour réparer le matériel, l’habitat n’est plus adapté aux girafes, qui souffrent de coupures infligées par les feuilles de bambou et d’infections diverses, contractées lorsqu’elles tentent de se nourrir d’une végétation inadaptée à leur régime naturel.
Les habitants, chassés de l’île, sont revenus après la chute de Marcos en 1986. Ils tuent les mammifères africains pour les manger, vendre leur viande ou tout simplement les empêcher de dévorer leurs cultures, affirme le gérant du parc. « Nos patrouilles ont peur de les confronter. Nous n’avons pas d’armes », déclare Froilan Sariego. « Les girafes causent beaucoup de dégâts. Quand elles se mettent à manger les bananes, il ne reste plus rien. Elles mangent aussi nos noix de cajou et nos papayes », se plaint Dante Dabuit, un des chefs de village. Mais il nie que les habitants, environ 1 200 sur l’île, tuent les animaux de la réserve. « S’ils voulaient vraiment les exterminer, ils pourraient le faire en une semaine, vu qu’il n’y en a plus beaucoup », note-t-il. Selon lui, les habitants veulent conclure un accord avec le gouvernement de la province pour déterminer les conditions d’une coexistence pacifique entre habitants et animaux.
Mais même si ces tensions s’apaisent, l’expérience folle de Marcos risque fort de se terminer mal en raison des problèmes de consanguinité, constate Theresa Mundita Lim, une des responsables du Bureau de l’environnement de la région. « S’ils veulent continuer (l’expérience), il leur faut renouveler le pool génétique, à savoir amener d’autres animaux depuis l’Afrique », déclare-t-elle. Et cela, même les défenseurs de la nature sont contre. « C’est totalement à l’encontre des principes de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) sur le sujet des espèces invasives », des espèces exogènes qui peuvent perturber la biodiversité du pays où elles sont introduites, rappelle Michael Dougherty, porte-parole à Bangkok de cette association, la principale ONG mondiale consacrée à la protection de la nature.

           (Source : AFP)
Dans les années 70, le dictateur Ferdinand Marcos décide de créer une réserve africaine sur une île des Philippines, loin de la savane. Trente-cinq ans plus tard, l’expérience folle semble s’acheminer vers une mort lente.Amenés depuis l’Afrique soi-disant pour les sauver de l’extinction, girafes, zèbres et antilopes se sont approprié l’île de Calauit, au nord de...

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