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Liban - Éclairage

La crise syrienne entre dans une nouvelle phase...

Depuis l’annonce des décisions de la Ligue arabe concernant la Syrie, la région est entrée dans une nouvelle phase aux inconnues nombreuses. Si les représentants du régime syrien affirment que les résolutions adoptées par les ministres arabes des AE réunis au Caire samedi étaient préparées à l’avance et ont été exhibées en pleine réunion par le Premier ministre et ministre des AE du Qatar, avant d’être adoptées rapidement sans laisser aux ministres présents le temps de les discuter, il n’en reste pas moins que ce communiqué est d’une sévérité rare à l’égard de Bachar el-Assad. Les milieux proches du régime ne cachent d’ailleurs pas leur surprise face à ce qu’ils appellent la violence du communiqué de la Ligue et des décisions qui y ont été adoptées. Le régime croyait en effet avoir gagné un répit en annonçant son acceptation du plan de la Ligue, contrairement aux prévisions du président de la commission de la Ligue arabe pour la Syrie, le Premier ministre du Qatar. Des sources diplomatiques libanaises précisent à cet égard que le plan établi par cette commission, qui appelait à un retrait immédiat des rues des troupes du régime, avait été formulé sciemment d’une manière ferme pour pousser celui-ci à le rejeter et pour ouvrir la voie à une intervention du Conseil de sécurité de l’ONU. D’ailleurs, le Premier ministre qatari avait rappelé les autorités syriennes à l’ordre en leur demandant clairement de « ne pas biaiser ni atermoyer ».
Flairant le piège et profitant surtout des conseils russes et chinois qui lui suggéraient d’accepter le plan sans conditions pour couper court à une internationalisation de la crise syrienne avec l’aval de la Ligue, le régime de Bachar el-Assad a donc accepté le plan, espérant ainsi pouvoir gagner du temps. En parallèle, pour bien le pousser dans ses derniers retranchements, l’insurrection se poursuivait à Homs où les affrontements s’étaient quasiment transformés en confrontation confessionnelle entre alaouites et sunnites, qui menaçaient de s’étendre à d’autres régions du pays. Le régime a alors décidé de riposter à Homs, pour mettre un terme aux affrontements confessionnels qui restent son pire cauchemar. Mais la riposte de la Ligue arabe ne s’est pas fait attendre. Les ministres arabes des AE ont tenu une réunion extraordinaire samedi et ils ont adopté des mesures très sévères contre le régime syrien, accentuant son isolement et ouvrant la voie à une intervention internationale en Syrie.
Cette détermination sans concession de la Ligue arabe, et en particulier du président de la commission spéciale pour la Syrie, montre une volonté réelle de resserrer l’étau autour du régime de Bachar el-Assad. Et les rumeurs qui circulaient sur l’absence d’une décision claire d’en finir avec le régime de la part des États-Unis ont rapidement été démenties par les faits. Il est donc désormais clair pour les autorités syriennes que la communauté internationale, États-Unis en tête, veut renverser le régime à tout prix, pour briser l’axe dit de la résistance qui commence en Iran et se termine à Gaza en passant par le Liban et la Syrie. L’opération est devenue d’autant plus urgente que la date du retrait des troupes américaines d’Irak se rapproche dangereusement, alors que l’administration américaine n’a pas réussi à obtenir un accord pour le maintien de 50 000, ou même de 10 000 soldats sur le territoire irakien. Après maintes discussions avec le gouvernement de Maliki, il a finalement été convenu de maintenir après le 1er janvier 2012 près de 3 000 soldats sous forme d’experts, mais ceux-ci devront quand même obéir aux lois irakiennes, puisque le gouvernement de Maliki leur a refusé le statut diplomatique. C’est dire que pour l’administration américaine, ce retrait s’apparente de plus en plus à une défaite, qui augmente l’emprise de l’Iran sur l’Irak. Cette constatation a d’ailleurs provoqué la réaction de certains pays arabes sunnites qui exigent d’avoir en contrepartie la Syrie, où la communauté sunnite est largement majoritaire, alors que le régime est alaouite, en compensation de la perte du pouvoir en Irak. Pour toutes ces raisons, la solidarité des régimes arabes n’a pas joué avec la Syrie, qui semble désormais cristalliser le gigantesque bras de fer qui se joue actuellement entre les États-Unis et l’Europe d’une part, l’Iran de l’autre, alors que la Russie et la Chine cherchent à devenir des partenaires à part entière dans la définition des stratégies dans la région.
Les dernières décisions de la Ligue arabe contre le régime syrien montrent donc que la situation est entrée dans une nouvelle phase d’escalade et que les États-Unis et leurs alliés dans la région ne comptent laisser aucun répit au régime d’Assad. Quelles que soient les réactions que celui-ci pourrait avoir, ses ennemis veulent aller jusqu’au bout, et plus il résiste, plus ils trouveront de nouveaux moyens pour resserrer encore plus l’étau autour de lui. Le plan initial reste d’ailleurs le même et les décisions de la Ligue arabe l’ont montré clairement : ouvrir la voie à l’internationalisation du dossier syrien et la création d’une zone tampon qui servirait de bastion à l’opposition au sein du territoire syrien. De la sorte, si le régime ne craque pas, le pays s’enfoncera en tout cas dans une guerre civile confessionnelle qui le paralysera. Car même les pires ennemis du régime syrien ne peuvent pas ignorer le fait que celui-ci jouit encore d’une certaine légitimité et d’une tout aussi certaine popularité. De fait, les opposants affirment que le barrage de la peur est tombé et c’est pourquoi ils n’ont plus peur de manifester. Dans ce cas, ceux qui manifestent en faveur du régime ne le font donc pas par peur...
La Syrie semble donc s’installer dans une crise longue et dure, dont nul ne peut prévoir l’issue, tant les données peuvent changer. C’est pourquoi, les Libanais, toutes tendances confondues, auraient intérêt à mettre de côté leurs divisions pour tenter de consolider leur scène interne face à une possible contagion syrienne et surtout, pour ne pas servir d’arrière-cour aux protagonistes syriens...
Depuis l’annonce des décisions de la Ligue arabe concernant la Syrie, la région est entrée dans une nouvelle phase aux inconnues nombreuses. Si les représentants du régime syrien affirment que les résolutions adoptées par les ministres arabes des AE réunis au Caire samedi étaient préparées à l’avance et ont été exhibées en pleine réunion par le Premier ministre et...

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