"La Syrie, qui a accepté le 2 novembre ce plan, y voit toujours un cadre adéquat pour remédier à la crise, loin de toute ingérence étrangère", selon le communiqué officiel de Damas qui avait dénoncé la décision de la Ligue arabe.
Le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères Amar Belani a affirmé à cet égard qu’une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe sur la Syrie se tiendra le 16 novembre à Rabat, la capitale marocaine.
Pour M. Belani, "si les ministres estiment que le gouvernement syrien n'a pas commencé à mettre en œuvre le plan arabe, ils constateront formellement une carence et appliqueront le gel de la présence syrienne au sein de la Ligue arabe".
Auparavant, devant la presse, le ministre algérien des Affaires Etrangères Mourad Medelci avait évoqué la possibilité de reconsidérer la suspension de la Syrie si Damas se conformait au plan arabe. "La suspension de la Syrie est temporaire et nous pourrons la lever le plus rapidement possible, avait-il dit. Pourquoi pas avant le 16 de ce mois?", avait-il aussi ajouté, en présence de son homologue égyptien Mohammed Kamel Amer.
Damas a également invité dimanche les pays arabes à envoyer des ministres en Syrie pour s'enquérir de la situation sur le terrain et superviser l'application du plan de sortie de crise proposé par la Ligue arabe. La Syrie "accueille favorablement une visite d'un comité ministériel arabe avant le 16 novembre", date à laquelle la décision de la Ligue arabe doit entrer en vigueur. Cette délégation "serait accompagnée d'observateurs, d'experts civils et militaires et de médias arabes afin de s'informer directement de ce qui se passe sur le terrain, et de superviser, en coordination avec le gouvernement syrien, l'application du plan arabe".
La Syrie demande enfin au secrétaire général de la Ligue arabe Nabil el-Arabi d'"agir rapidement pour appliquer ces propositions".
Le secrétaire de la Ligue, en visite à Tripoli, a déclaré, plus tôt dans la journée, que l'organisation pan-arabe étudiait désormais "la mise en place d'un mécanisme pour protéger les civils en Syrie", sans donner plus de précisions.
L'opposition syrienne a salué comme "un pas" vers la démocratie la décision samedi de la Ligue arabe, une démarche qui a provoqué la colère des partisans du président Bachar el-Assad.
Après l'annonce de cette décision, dans la nuit de samedi à dimanche, des centaines de partisans du régime ont attaqué les ambassades de l'Arabie saoudite, du Qatar et de la Turquie à Damas, ainsi que des missions diplomatiques turques et françaises à Lattaquié (nord-ouest) et Alep (nord), entraînant des protestations de ces quatre pays.
"L'ambassadeur de Syrie en France (Lamia Shakkour) est convoquée au Quai d'Orsay pour un rappel des obligations internationales de la Syrie", a affirmé le ministère français des Affaires étrangères.
La Turquie a pour sa part décidé d'évacuer les familles de ses diplomates et ses personnels non-essentiels et a convoqué le chargé d’affaires syrien en Turquie. La Turquie, déplorant "l'attitude du gouvernement syrien" a également demandé à la communauté internationale d'agir d'une "même voix" face à la situation en Syrie.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué la décision "forte et courageuse" de la Ligue arabe de suspendre la Syrie de l'organisation.
En revanche, la Russie continue d'honorer ses contrats de livraison d'armes à la Syrie, puisqu'aucune décision internationale ne l'en empêche, a indiqué dimanche un haut responsable russe du secteur cité par Interfax. Le président Assad a rendu hommage à la Russie, qui s'est placée "au côté du peuple syrien", lors d'un entretien avec le patriarche orthodoxe russe Kirill, en visite à Damas.
"La décision des ministres de la Ligue arabe n'est pas surprenante, car ce sont les mêmes qui avaient demandé une intervention militaire en Libye et contribué ainsi au massacre de plus de 50.000 Libyens innocents", a dénoncé le quotidien gouvernemental syrien Techrine.
Par ailleurs, des dizaines de milliers de fidèles du président syrien se sont rassemblés dimanche matin dans le centre de Damas pour dénoncer la décision arabe, aux cris de "Le peuple veut Bachar al-Assad".
La télévision publique a diffusé des images d'une autre manifestation pro-Assad sur la place des Omeyyades à Damas, ainsi que de plusieurs rassemblements à Alep (nord), Lattaquié (ouest) et d'autres villes du pays.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des militants pro-démocratie ont tenté d'organiser des contre-manifestations, mais ils ont essuyé les tirs des forces de sécurité, qui ont fait six morts à Hama (centre) et un autre à Deir Ezzor (est).
En outre, les forces de l'ordre ont tué encore quatre civils dimanche, trois à Homs (centre), haut lieu de la contestation, et un autre dans la région d'Idleb (nord ouest), tandis que des dissidents présumés ont tué deux agents de sécurité à Homs, selon l'OSDH.
commentaires (15)
André, j'étais prêt à y aller, car je croyais que tu m'avais déjà consacré Chef ! C'est bien que tu m'en as prévenu. Anastase Tsiris
Anastase Tsiris
14 h 09, le 13 novembre 2011