Vas(e)-y-Clovis !

Je viens de réciter (non sans peine) à mon fils de 9 ans sa leçon d’histoire. Elle parle de la dynastie des Mérovingiens et de son illustre fondateur, le roi Clovis, avec une très brève allusion à un incident, pourtant très célèbre et révélateur du tempérament de l’homme. Alors pour lui, voilà l’histoire du « vase de Soissons » !
Proclamé roi des Francs en 481, Clovis, alors âgé de 15 ans, ne règne d’abord que sur un petit royaume. En cinq ans, il conquiert une bonne partie du nord de la Gaule par la diplomatie ou la force. Victorieux de Syagrius, le dernier représentant de l’autorité romaine en Gaule, il s’empare de sa capitale Soissons. C’est là que, en 486 et conformément à la coutume franque, il procède au partage du butin. Un vase d’une « grandeur et d’une beauté merveilleuses » attire son attention dans une église du diocèse de Reims ; il demande alors à ses hommes de le lui réserver. Mais l’un des guerriers, jaloux, frappe le vase d’un coup de hache en s’écriant : « Tu n’auras rien ici que le sort ne t’attribuera vraiment ! » Contrairement à la légende, il semble que le vase était en métal et n’ait pas été brisé. D’ailleurs, Clovis, cédant aux supplications de l’évêque de Reims, le lui a restitué et ceci est mentionné dans le testament de ce dernier, rédigé en 533 ! Ce serait le premier geste de sa conversion.
Toutefois, on se demande comment un simple guerrier a osé braver l’autorité de son roi et pourquoi ce dernier ne l’a pas puni sur-le-champ. Mais la vengeance est un plat qui se mange froid. En effet, un an après, passant ses hommes en revue dans le champ de Mars, il reproche au guerrier fautif le mauvais état de ses armes et jette à terre la hache qui avait frappé le vase de Soissons. Comme le guerrier se baissait pour la ramasser, le roi lui fendit le crâne d’un coup de sa propre hache en disant : « C’ est ainsi que tu as fait à Soissons avec le vase. » Clovis entend ainsi que son autorité ne soit plus discutée...
Sept ans plus tard, son mariage avec Clotilde, princesse burgonde et catholique, marque une étape supplémentaire vers sa conversion au christianisme. Enfin, à Noël 498, il se fait baptiser à Reims par l’évêque Rémi, auquel il avait restitué le vase. Sincère ou non, sa conversion et simultanément celle de son armée revêtent une portée politique décisive aux yeux du peuple gallo-romain. Il est désormais le seul roi chrétien de Gaule, donc le seul légitime. C’est ainsi qu’un petit chef de tribu germanique a fondé le véritable royaume des Francs, l’ancêtre de la France. OK, Ronald ?

Sources principales : herodote.net
histoirefrance.com
dictionnairesensagent.com