Dans le contexte présent, le pouvoir libanais est confronté à deux dossiers, aussi explosif l’un que l’autre, qui se posent quasi quotidiennement aux responsables officiels et qui constituent, à n’en point douter, la hantise des pôles du pouvoir, plus particulièrement le Premier ministre, Nagib Mikati. On l’aura deviné : ces deux dossiers portent sur le financement du Tribunal spécial pour le Liban, d’une part, et sur l’affaire des incursions syriennes en territoire libanais et le cas des opposants syriens ayant trouvé refuge au Liban pour fuir la répression sanglante à laquelle se livre le régime baassiste de Bachar el-Assad pour mater le soulèvement populaire dans son pays, d’autre part. Lundi dernier, au terme d’un entretien à Rabieh avec le chef du CPL, Michel Aoun, l’ambassadrice des États-Unis, Maura Connelly, avait lancé – pour la deuxième fois en quarante-huit heures – un véritable avertissement au Liban, mettant en garde contre les graves répercussions qui pourraient résulter du refus du gouvernement libanais de verser sa contribution au financement du tribunal international.
Dans la journée d’hier, c’est l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Susan Rice, qui, de New York, a pris le relais au niveau des messages d’avertissement adressés par l’administration Obama. Mme Rice a évoqué le second dossier qui constitue la hantise du gouvernement Mikati, ou plutôt du Premier ministre. Elle s’est d’abord élevée contre les violations répétées de la souveraineté libanaise par les forces syriennes loyalistes en divers points de la frontière entre le Liban et la Syrie. Et, parallèlement, elle a dénoncé les agressions perpétrées contre les opposants syriens réfugiés au Liban, invitant à cet égard le pouvoir à assurer la protection des ressortissants syriens ayant fui la répression meurtrière dans leur pays (voir par ailleurs la correspondance de New York de Sylviane Zehil).
Ce second point est particulièrement embarrassant pour le gouvernement Mikati. Car, d’un côté, le Liban est soumis à de fortes pressions de la part des États-Unis et de plusieurs pays occidentaux, dont notamment la France, afin qu’il protège les opposants syriens et qu’il respecte, de ce fait, sa tradition de pays d’accueil et de porte-étendard des droits de l’homme dans la région. Mais, d’autre part, le cabinet Mikati ne sait plus comment jongler avec les événements pour éviter de provoquer l’ire du régime baassiste, d’autant que dans la pratique, le gouvernement en place s’est carrément aligné sur le pouvoir de Bachar el-Assad, feignant de ne pas voir les massacres et les agressions quotidiennes dont le pays voisin est le théâtre.
C’est en toute vraisemblance l’ensemble de ce dossier fiévreux, dans sa double dimension, qui aurait été au centre des entretiens que l’adjoint du sous-secrétaire d’État américain pour les Affaires du Proche-Orient, Jacob Walles, a eus hier à Beyrouth. Le responsable US a ainsi conféré à ce propos, en présence de l’ambassadrice Maura Connelly, avec le président Michel Sleiman, le chef du législatif, Nabih Berry, et le Premier ministre. Aucune déclaration n’a été faite au terme de ces trois entrevues et aucune information n’a filtré sur la teneur de ces trois entretiens. Mais la conjoncture présente sur le double plan libanais et proche-oriental permet de déduire, sans trop risquer de se tromper, quels ont été les sujets abordés par le délégué du département d’État.
commentaires (8)
Et pourtant, Kamel, les banques libanaises auront beaucoup de fil à retordre. Ceux que tu appelles SIO/Yankees s'en foutent carrément si les Bensaoud ou autres Emirs et Sheikhs du golfe ont des dépôts dans les banques libanaises. Frapper le secteur bancaire libanais était de toujours le rêve tant caressé des SIO. Ne provoque pas le diable si tu veux être sûr de rester en paix. Je serai très content que tu aies raison. Mais j'en doute. Anastase Tsiris
Anastase Tsiris
14 h 52, le 27 octobre 2011