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À La Une - Passion

Nada Raphaël, un trait d’union islam-christianisme

Un film et un livre « Electrochoks » pour raconter le Liban de la coexistence.

Nada Raphaël et Joëlle Sfeir présentant leur livre : « Trait d’union islam-christianisme ».

PARIS, de Carole DAGHER

Elle a l’enthousiasme de la jeunesse et la foi contagieuse. Une foi en l’humanité qui défie les obstacles et les préjugés, et qui en fait une véritable ambassadrice d’un Liban pluriel, où islam et christianisme poussent le « vouloir-vivre ensemble » jusqu’à l’assimilation, au sens socioculturel du terme. Comme dans les villages de Cheikh Mohammad et Mar Touma, au Akkar, où les habitants du premier sont chrétiens et ceux du second musulmans. Les héros du documentaire exceptionnel et très personnel de Nada Raphaël sont des habitants de villages mixtes, des gens capables de s’opposer, pendant la guerre libanaise, aux diverses milices en clamant haut et fort : « Si vous voulez détruire la mosquée (ou l’église) du village, vous devez d’abord détruire notre église (ou notre mosquée). »
Journaliste-photographe, réalisatrice et directrice de sa propre compagnie de productions à Montréal, Electrochocks, Nada Raphaël a produit, filmé et signé un documentaire intitulé Trait d’union islam-christianisme, résolument optimiste et porteur d’espoir, à contre-courant de la tendance mondiale actuelle. Ce film de 24 minutes fait suite à un livre de collection qui s’est vu décerner une mention spéciale dans le cadre du concours France-Liban 2011, organisé par l’Adelf (Association des écrivains de langue française). L’ouvrage, magnifiquement illustré de milliers de photos d’un Liban sillonné en long et en large, et rédigé avec la collaboration de Joëlle Sfeir, la coéquipière de Nada Raphaël et son associée dans « Electrochocks », est un véritable hymne d’amour à ce pays et à ses habitants qui tissent au quotidien dans la Békaa, sur la côte et dans la montagne les mailles d’une vie de partage et de solidarité, d’hospitalité et de confiance, depuis des siècles. La tradition orale y est mise en valeur ; elle est largement exploitée dans le documentaire, qui rapporte les histoires des anciens, les légendes et autres récits de villages qui renforcent une mémoire et une histoire communes, faites de saints auxquels croient chrétiens et musulmans, de miracles, de liens fraternels, de mariages interreligieux et d’actes de bravoure entre voisins de différentes confessions, les amenant à se protéger et à s’héberger mutuellement durant la guerre.
Commencés après la guerre de juillet 2006, le projet du livre puis le documentaire ont pris quatre ans de travail, d’allers-retours entre le Liban et Montréal, de recherches, de tournage et de montage, mobilisant une équipe de 49 personnes, et la visite de plus de 1 240 villages au Liban, avec les rencontres innombrables que cela implique. Une véritable plongée au cœur du pays rural, pour recueillir les témoignages des villageois, capter la beauté des lieux visités, des regards, des sourires, grâce à une petite caméra « destinée à se faire oublier et à favoriser la spontanéité des gens », comme le précise Nada Raphaël, puis à rendre au centuple, dans un pur moment d’émotion, la magie de ces rencontres, ou plutôt de cette rencontre avec le Liban profond, celui du « message », de la convivialité. Les témoignages sont puissants et montrent la force multiséculaire de la coexistence islamo-chrétienne dans toutes les régions libanaises, loin de tout sensationnalisme. Vision idyllique du Liban ? Peut-être, mais rien n’a été inventé, personnages, localités et situations décrites étant bien réels. Avec une spontanéité rafraîchissante, Nada Raphaël décrit son travail comme étant sa « vision personnelle de la coexistence du Liban, telle que je l’ai vue et vécue ».
Le film s’ouvre sur cette phrase : « J’habite sur la ligne verte. – De quel côté ? , me répondait-on. Aujourd’hui, même si la ligne verte n’existe plus, j’ai senti qu’elle me suivait partout, même à Montréal, en France et en Australie. Il fallait que je montre une autre image du Liban, la vraie », explique la journaliste-photographe, dont le téléobjectif capte délibérément le meilleur des hommes et des paysages. « Je voulais tabler sur l’humain, montrer la vie au quotidien, loin de la politique, mettre en relief les choses que l’on a tendance à oublier. Je trouve que nous ne sommes pas suffisamment émus par les choses positives, par ce qui nous rassemble. Les différences sont rassemblées par un trait d’union, qui est l’être humain. »
Ce travail gigantesque a séduit les vingt villes où le projet a été présenté, de Montréal à New York, et de Copenhague à Amman et Casablanca. À Paris, vingt-et-unième étape du tour de lancement, ce documentaire fait le « buzz », grâce à l’Association des anciens de Jamhour en France et en Europe (AFJE). Une soirée de projection du film a été organisée, en présence de la jeune réalisatrice, avec un débat auquel Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l’Orient, a pris part.
« Ce qui est merveilleux dans ce film, devait-il souligner, c’est qu’il montre à quel point chrétiens et musulmans ont envie de se connaître davantage. On est dans le registre de l’émotion. Je prendrais ce film comme programme de civisme, de citoyenneté. C’est la première fois dans ma vie professionnelle que je vois la différence faite entre la foi et la religion. La foi peut nous unir. »
Eu égard aux réactions passionnées du public, l’électrochoc était au rendez-vous. Rendez-vous ont été pris pour une deuxième projection du film, au Scribe de l’Harmattan, et une signature de livre avec projection de photos à l’Office du tourisme, rue Faubourg Saint-Honoré.
PARIS, de Carole DAGHER Elle a l’enthousiasme de la jeunesse et la foi contagieuse. Une foi en l’humanité qui défie les obstacles et les préjugés, et qui en fait une véritable ambassadrice d’un Liban pluriel, où islam et christianisme poussent le « vouloir-vivre ensemble » jusqu’à l’assimilation, au sens socioculturel du terme. Comme dans les villages de Cheikh Mohammad et...
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