Tous les gouvernements qui se sont succédé, se rendant à la plus élémentaire des logiques, ont promis, quand ils décrétaient des augmentations, de travailler à l’élaboration d’un programme économique, d’un plan financier, régulant les taux de relèvement de manière à ce qu’aucune partie ne soit lésée. Et, surtout, de manière à ce que les modifications salariales à la hausse ne fassent pas flamber les prix. Car, comme toutes les ménagères qui font leur marché le savent, dès qu’une augmentation de salaires est annoncée, et avant même qu’elle n’entre en vigueur, c’est la valse des étiquettes partout dans le commerce. Tandis que les intéressés, c’est le mot, ressortent des stocks anciens achetés à bas prix.
Ce que l’on donne d’une main aux travailleurs est donc repris de l’autre. Et aucun gouvernement n’a tenu la promesse de mettre au point une feuille de route cohérente pour qu’il n’en soit plus ainsi. Dès lors, chaque changement de vitesse de croisière provoque une inflation assassine qui met le pays économique et financier au bord de la ruine. Car les palliatifs, les tranquillisants provisoires, les sédatifs ne sont qu’une fuite en avant qui n’a qu’un effet placebo.
Il convient cependant de rappeler qu’en 2007, le ministère des Finances avait effectivement établi un programme économique, que le gouvernement avait présenté à la conférence internationale tenue à Paris pour soutenir le redressement du Liban. Après les destructions de la guerre israélienne de l’année précédente. Il fallait donc amortir le prix structurel de cette guerre.
En profondeur
Mais il fallait également entreprendre des réformes pour promouvoir la croissance. Pour lutter contre la corruption, fléau pénalisant de l’économie. Comme pour relever le niveau de vie de la population. À travers, notamment, une révision du système social passant par le régime des retraites. Les réformes prévoyaient en outre de réduire la dette publique. De moderniser l’administration. D’intensifier l’investissement public à travers des projets de développement divers. De sorte que les secteurs de production s’en trouvent dynamisés.
Le plan détaillait également les dispositions à prendre pour une exploitation plus rentable des dépenses étatiques. Ou pour augmenter les recettes du Trésor par des mesures stimulant les capacités fiscales. Tant dans les locaux du département réceptionnant les contribuables. Et, en ce qui concerne les entreprises, par le lancement d’équipes plus performantes de percepteurs. L’on devait en outre créer un département d’évaluation des risques, promouvoir les qualifications des citoyens, unifier les taxations sur les revenus. En vue d’une meilleure justice sociale répartissant les charges de manière équitable, entendre pressurant bien plus les classes riches que les moyennes ou les pauvres.
En ce qui concerne les privatisations, le document fixait les objectifs suivants : donner un coup de fouet à la croissance ; réduire la dette et le déficit publics ; élargir le marché financier ; relever le niveau des prestations étatiques et de la confiance à cet égard ; réduire les coûts de production ; rendre l’économie libanaise plus concurrentielle.
Le document s’inquiète tout particulièrement du niveau très élevé de la dette publique et des dangers qui en découlent, tant sur le plan social que politique. Par suite des effets négatifs, à la longue, sur le PIB. Il souligne que cela aliène au fond la souveraineté et l’indépendance du Liban. Car il devient de plus en plus tributaire, pour sa survie économique et financière, d’assistances étrangères qui ne sont jamais gratuites. Qu’elles s’expriment en subventions ou en prêts à taux dits privilégiés ligotant le Liban pour 15 longues années. Ce qui s’est produit durant Paris 1, 2 ou 3.
Mais la politique de zizanies et de blocage vindicatif des antihaririens appartenant au 8 Mars a paralysé les institutions, la machine d’État. Elle a surtout contré le projet d’État souverain, torpillant tout au passage. Aucune réforme n’a été accomplie et le programme du ministère des Finances présenté aux donateurs à Paris est resté lettre morte. D’où la perte de la plupart des assistances décidées sur les bords de la Seine lors des trois conférences. Entre autres pour des projets de barrages hydrauliques et d’augmentation de la production d’énergie électrique.
Ils s'en foutent de la cherté et d'autres programmes pour rendre la vie moins poignante aux citoyens. La priorité chez eux, c'est qui peut marquer des points politiques contre l'autre. La course pour garder, pour les uns, et pour y arriver, pour les autres, au pouvoir ; mus par leur éternel appétit de se remplir les poches avant d'être évincés du pouvoir. Ce sont nos grands élus... Anastase Tsiris
05 h 31, le 16 octobre 2011