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À La Une - Social

Salaires : Mécontents, patrons et salariés vont vers l'escalade

Un comité ministériel chargé de réexaminer le dossier des salaires.

Le Conseil des ministres réuni, mercredi soir, au palais de Baabda. Photo an-Nahar.

Faisant face à une levée de bouclier sans précédent, le Premier ministre Najib Mikati s'est retrouvé obligé de rouvrir le dossier des salaires qu'il avait cru clore, hier soir.

Dans les faits, la décision adoptée par le gouvernement sur le réajustement des salaires dans les secteurs privé et public (Smic porté à 700 000 LL; le réajustement plafonné à 1,8 million de LL) a été si largement contestée par les organismes économiques et certains milieux syndicaux que le cabinet, qui s'est réuni une deuxième fois mercredi après-midi, a décidé de charger un comité ministériel de réexaminer le dossier des salaires. Cependant, tant les patrons que les syndicats menacent de recourir à des mesures d'escalade dès mercredi prochain.

 

 

 

 Un mécontentement global

 

 

Dans la journée, le président de la Confédération générale des travailleurs au Liban (CGTL), Ghassan Ghosn, avait affirmé à la "Voix du Liban" qu’il réclamait "le réajustement de tous les salaires et surtout ceux dépassant 1,8 million de livres libanaises." M. Ghosn a également indiqué que "le Conseil des ministres était à deux doigts de l'effondrement mardi soir, suite au grand débat autour des revendications" de la centrale syndicale, ajoutant que "certains ministres étaient plus hostiles au réajustement  que les organismes économiques".

A minuit, hier, M. Ghosn avait annoncé que l’ordre de grève a été "suspendu", mais non "annulé", qualifiant d’ "injustes" la plupart des mesures prises par le cabinet. Il a toutefois annoncé que la centrale syndicale avait pu arracher au Premier ministre, Nagib Mikati, la promesse de retirer du projet de budget 2012 la proposition du ministère des Finances de majorer la TVA de 10 à 12 %.

 

De leur côté, les représentants du patronat ont laissé éclater leur colère contre  la solution retenue par M. Mikati.

A l'issue de leur réunion, mercredi, au siège de la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Beyrouth et du Mont Liban, sous la présidence de l'ancien ministre Adnane Kassar, les organismes économiques ont catégoriquement rejeté la décision adoptée par le gouvernement. "Nous appelons toutes les institutions du secteur privé à ne pas appliquer cette décision avant qu'elle ne soit révisée", a déclaré M. Kassar. Les organismes économiques ont dénoncé, par ailleurs, une décision qui ne respecte pas les critères scientifiques et ne reflète pas le développement économique du Liban. Pour M. Kassar, cette décision pourrait engendrer de dangereuses crises qui peuvent mener à une vague de licenciements ou même à la faillite de nombre d’entreprises qui seraient incapables de supporter financièrement les conséquences des ajustements salariaux tels qu'ils ont été adoptés mardi soir.

 

 

L'organisme de coordination syndicale a également refusé la décision du gouvernement qu'il a qualifiée d'"humiliante".
Il a appelé, dans ce contexte, le gouvernement à faire marche arrière, à adopter des bases scientifiques et objectives, en prenant en considération le taux d'inflation qui a dépassé les 100%, et le pourcentage des tranches salariales, lors du réajustement des salaires. L'organisme a appelé, par ailleurs, ses comités à tenir une assemblée générale pour discuter des démarches à suivre, dont une grève globale dans toutes les écoles publiques et privées mercredi prochain, un sit-in le même jour en face du Grand-Sérail et la préparation d'un congrès syndical national.

 

Par ailleurs, la querelle sur le réajustement des salaires a fait éclater au grand jour les divergences  entre les ministres du Courant patriotique libre (CPL) et le reste de l’équipe gouvernementale. Frustrés par la solution adoptée, les ministres du bloc du Changement et de la Réforme se sont retirés de la séance ministérielle d’hier. Le ministre de l’Energie et de l’Eau, Gebran Bassil, a qualifié l’accord final de simple "tranquillisant". "Nous rejetons cet accord parce que nous cherchons une solution qui permettrait d’établir une nouvelle phase dans le pays (…). On nous propose un tranquillisant dans le but d’annuler la grève" à laquelle avait appelé la CGTL pour aujourd'hui. "Ceci n’est pas un gouvernement, a encore affirmé M. Bassil au quotidien As-Safir. C’est un gouvernement de gouvernés". "L’accord conclu (par le cabinet) ne constitue pas une solution radicale, a-t-il ajouté. Et ceci reflète l’incapacité du gouvernement à résoudre les problèmes nationaux."

 

De son côté, le quotidien an-Nahar précise qu'une vive altercation a opposé le ministre du Travail Charbel Nahas, ainsi que d’autres ministres aounistes, au ministre de la Santé, leur allié amaliste, Ali Hassan Khalil, qui avait été chargé par le chef du Parlement, Nabih Berry, de trouver un accord sur la question des réajustements des salaires.

 

 

Mais pour le ministre libanais de l’Information, Walid al-Daouk, le gouvernement n’est pas sur le point de tomber. "Le gouvernement doit encore faire face à de nombreux défis, comme la loi électorale, ainsi que le financement du Tribunal Spécial pour le Liban (TSL)", a-t-il dit au journal saoudien Okaz. "L’opposition a le droit d’exercer son rôle de manière démocratique et constructive", a-t-il ajouté. 

 

Faisant face à une levée de bouclier sans précédent, le Premier ministre Najib Mikati s'est retrouvé obligé de rouvrir le dossier des salaires qu'il avait cru clore, hier soir.
Dans les faits, la décision adoptée par le gouvernement sur le réajustement des salaires dans les secteurs privé et public (Smic porté à 700 000 LL; le réajustement plafonné à 1,8 million de LL) a...

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