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Culture - Inauguration

Ashkal Alwan Home Workspace : les arts vivants en marche

Christine Tohmé ouvre avec fierté l’une après l’autre les portes de l’espace au cœur de Jisr el-Wati. La fondatrice d’Ashkal Alwan est la directrice, pour les deux prochaines années, de Home Workspace, un « lieu plurifonctionnel » de 2 200 mètres carrés dédié aux pratiques artistiques contemporaines et à l’enseignement des arts avec, pour pierre angulaire, le premier vrai programme de résidence d’artistes de la région.

Christine Tohmé : une rigueur et un savoir-faire reconnus internationalement. (Wissam MOUSSA)

Grâce au soutien initial de la Ford Foundation puis de la fondation Philippe Jabre, qui prête une ancienne usine de meubles pendant cinq ans, Home Workspace a été pensé et conçu par Christine Tohmé et l’architecte Youssef Tohmé, impliqué dans le projet au point de fournir ses services pro bono. « On vit au Liban une période d’éclosion culturelle qui touche tous les arts et que je trouve particulièrement excitante, explique-t-il. Et quand Christine Tohmé est venue me parler de son projet, j’ai découvert Ashkal Alwan, et son engagement avec d’autres artistes m’a tout de suite séduit. J’ai vu une volonté de promouvoir l’art, les artistes libanais et surtout le Liban d’une façon que j’apprécie. Qu’on parle différemment du Liban et de sa culture à un niveau international m’est apparu comme une nécessité. Je n’ai donc pas hésité une seconde à apporter ma contribution pour que ce projet se concrétise. »
La visite commence par la Wooden Room, très belle pièce aux larges et hautes fenêtres, insonorisée et équipée de douches. Yoga, répétitions, accrochages et autres séminaires pourront s’y installer le temps nécessaire. Un escalier mène à la mezzanine qui court le long de tout l’intérieur du bâtiment, abritant discrètement l’arsenal technique nécessaire à la création. Côte à côte, deux auditoriums d’une capacité individuelle de 50 personnes peuvent se transformer en espace commun via l’installation audiovisuelle. En face, une salle de montage entièrement équipée est ouverte aux résidents et aux artistes. Home Workspace justifie sa raison d’être avec deux pièces dédiées aux projets en cours, qui nécessitent un moment d’expérimentation et de
réflexion.
La bibliothèque, outre sa vocation classique de lieu de consultation des très nombreuses archives audiovisuelles d’Ashkal Alwan (fondée en 1994), Christine Tohmé lui a adjoint le projet dynamique de la liste de vœux ou Wishlist Program of Books. « Chaque année, un artiste, commissaire d’exposition, cinéaste, auteur ou penseur est invité à nous transmettre sa liste de souhaits d’acquisitions à ajouter au fonds de la bibliothèque et à organiser parallèlement une activité directement inspirée de la thématique de sa liste personnelle. » Elle ajoute : « Pour que cette bibliothèque soit réellement un lieu vivant : un lieu de passages et de pass(at)ions. » « En tant qu’architecte, ajoute Youssef Tohmé, il m’a d’abord fallu saisir l’identité d’Ashkal Alwan et la traduire dans cet espace qui est celui d’une ancienne usine. Avec mes collaborateurs, nous avons essayé de répondre aux besoins du programme tout en laissant la liberté aux étudiants de transformer l’espace pour des interventions précises. On a voulu, à travers l’aménagement et les matériaux et avec un budget très réduit, prolonger l’espace péri-urbain à l’intérieur de l’école, et cela pour conserver l’esprit d’Ashkal Alwan. »

Incubateur en mouvement
Après l’enclave de la cafétéria, le visiteur se retrouve dans une immense pièce d’un seul tenant, ponctuée de piliers de soutènement et, au plafond, un réseau de puissants tuyaux pouvant supporter une charge de 600 kilos. Un système d’accrochage à la hauteur des ambitions des résidents pour un coût de plus de 200 000 dollars. Au fond, donnant sur la rue, trois salles fermées par des murs de verre et leur encadrement de portes et de fenêtres très sixties : la salle de sculpture et de peinture ; le bureau de l’enseignant-résident ; une salle de conférences. De l’autre côté de cette large zone, les bureaux de l’association, ceux réservés à une jeune association « sans lien avec la culture » et de la directrice.
« Youssef Tohmé et moi avons construit en même temps l’espace et la raison d’être de Home Workspace, explique Christine Tohmé. Loin d’être une vitrine, c’est un incubateur de procédés artistiques contemporains. Pour ma part, je travaille dans la culture depuis 17 ans et ma préférence va aujourd’hui aux moments qui précèdent la finalité du travail. » Ce terreau fertile et nouveau, tourné vers la réflexion et la manière de penser en général, a pour comité d’administration des membres issus du monde des affaires, des arts et du management culturel. Il n’est donc ni une galerie ni un musée, mais une résidence d’artistes, d’une part, et un lieu ouvert aux artistes pour leurs recherches et leurs pratiques ainsi qu’au public, d’autre part.

Arts et société civile
C’est ainsi que sous la houlette de l’artiste Emily Jacer, qui s’est engagée à passer 11 mois auprès de ses étudiants, que ceux-ci ont commencé leur scolarité il y a une dizaine de jours. « L’enseignante a invité près de 13 artistes locaux et étrangers à participer à la première édition de notre programme, poursuit sa directrice. Les étudiants prennent en charge leur logement et leurs dépenses journalières, auquel cas l’association leur propose une panoplie d’aides. » Emily Jacer a été choisie, ainsi que les étudiants pour l’exercice 2011-2012, par un comité constitué de Joana Hadjithomas, Walid Raad, Khalil Rabah, Lina Saneh et Gregory Sholette. Et elle-même a convié Mirène Arsanios, Franco Berardi, Tony Chakar, Rami Daher, Willie Doherty, Jean Fisher, Alfredo Jaar, Hassan Khan, Cesare Pietroiusti, Kamran Rastegar, Lina Saneh, Hito Steyerl et Akram Zaatari. Les résidents sélectionnés sont Mohammad Abdel Karim (Égypte), Noor Abu Arafeh (Palestine), Roy Dib (Liban), Sarah Farahat (Égypte/États-Unis), Maria Elena Fantoni (Italie), Raphaël Fleuriet (France), Samar Kanafani (Palestine/Liban), Mahmoud Khaled (Égypte), Saba Innab (Jordanie), Joe Namy (Liban/États-Unis), Haig Papazian (Liban), Edward Salem (Palestine/États-Unis), Tamara Samerraei (Koweït/Liban), Mohammad Yaqubi
(Palestine).
Christine Tohmé a tenu à inclure à son cahier des charges les cours du soir ouverts au public : atelier d’écriture, histoire de l’art, du cinéma et bien d’autres encore seront accessibles à des prix justes. Mais aussi une ONG récemment créée qui s’intéresse « à la société civile, car nous voulons rappeler l’importance du lien entre celle-ci et les arts. Et une fois ce lien établi, les questions en même temps que la responsabilité civile se développent ». La rigueur et le savoir-faire avérés de Christine Tohmé, à présent reconnue et sollicitée internationalement, devraient permettre à Home Workspace d’écrire, on le lui souhaite, une nouvelle page des arts vivants issus et venant vers le Moyen-Orient.
Grâce au soutien initial de la Ford Foundation puis de la fondation Philippe Jabre, qui prête une ancienne usine de meubles pendant cinq ans, Home Workspace a été pensé et conçu par Christine Tohmé et l’architecte Youssef Tohmé, impliqué dans le projet au point de fournir ses services pro bono. « On vit au Liban une période d’éclosion culturelle qui touche tous les arts et que je...

commentaires (1)

- - Vois parlez de la rigueur et du savoir faire avérés de Christine Tohme , mais vous oubliez de parler de sa beauté qui ne passe pas inaperçue , meme quand elle est pensive comme le penseur de Rodin ! Regardez la bien dans la photo comme elle est sublime , une beauté naturelle bien de chez nous .

JABBOUR André

13 h 38, le 11 octobre 2011

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Commentaires (1)

  • - - Vois parlez de la rigueur et du savoir faire avérés de Christine Tohme , mais vous oubliez de parler de sa beauté qui ne passe pas inaperçue , meme quand elle est pensive comme le penseur de Rodin ! Regardez la bien dans la photo comme elle est sublime , une beauté naturelle bien de chez nous .

    JABBOUR André

    13 h 38, le 11 octobre 2011

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