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Culture - Galerie

L’âme des matériaux anciens dans l’art de Lee Frederix

C’est un petit espace un peu hybride, entre galerie et atelier d’artiste, situé en plein quartier bobo de Mar Mikhael*. Baptisé HQ, en référence à Headquarters, il est l’aboutissement d’un vieux rêve de Lee Frederix, artiste et designer américain installé au Liban.

Lee Frederix : entre art et design son cœur balance. (DR)

Si vous passez rue des Pharaons, à Mar Mikhael, il y a de fortes chances que vous croisiez Lee Frederix assis sur le pas de sa porte – comme les boutiquiers d’antan! – plongé dans le travail, son portable ouvert sur ses genoux.
Tête – et barbe de deux jours – rousse, l’allure juvénile en tee-shirt, jeans, boucles d’oreille et multibagues en argent, Lee Frederix est un artiste dans l’âme. Rêveur, rebelle, esthète et sentimental. Un jeune homme de 38 ans qui a déjà plusieurs vies, plusieurs destinations à son actif, mais qui de Pittsburgh (en Pennsylvanie) à Beyrouth, en passant par le Nouveau-Mexique et Paris, est resté fidèle à son amour des vieux objets et des matériaux industriels.
«Cette fascination pour les anciennes pièces d’usine remonte à mon enfance. J’ai grandi dans une ville industrielle, regorgeant de locaux et d’usines désaffectés. J’adorais traîner dans ces lieux pour y admirer les machines abandonnées qui rouillaient sur place. Pour moi, elles avaient une esthétique particulière. Celle du vécu, avec les traces et les cicatrices du passage du temps, comme pour les humains», raconte-t-il, de l’enthousiasme plein la voix et les yeux.
C’est par pur hasard que Lee Frederix, s’est retrouvé à Beyrouth il y a tout juste dix ans. «Je vivais à Paris depuis à peu près une dizaine d’années quand une amie libanaise me propose de passer des vacances à Beyrouth. Au départ, j’étais un peu réticent, mais à peine j’avais mis les pieds au Liban que j’ai voulu y vivre. Séduit, dit-il, par cette énergie qui se dégage de ce pays et même par son chaos», le jeune homme s’y installe donc quelque mois plus tard, en avril 2011.
Il s’y intègre si bien qu’il finit par épouser une Libanaise. Côté boulot, son parcours sera moins linéaire. Cet architecte de formation, d’esprit bohème, commencera par jouer les barmans. «Je faisais cela aussi durant ma période parisienne. Je n’ai jamais voulu rentrer dans le moule, intégrer une agence d’architecture et perdre ma liberté», tout en se consacrant à sa passion de «l’art à base de récupération». Puis, il intègre le circuit des DJ, collabore, ponctuellement, à des projets d’architecture et enseigne cette matière dans des établissements universitaires, dont, à présent, l’AUST. Mais sans jamais perdre de vue sa passion première des matières et objets usagés qu’il ramasse, récupère ou achète, ici et là, dans les vieux souks du Liban et de la région comme dans les puces à l’étranger. Des «trésors» de bois ou de ferraille avec lesquels il compose des tableaux, des sculptures, des installations, qu’il présente dans des expositions collectives, dont trois Salons d’automne du musée Sursock (2003, 2004 et 2006). Tout en concevant, durant quelques années en parallèle, des objets de design pour l’enseigne Artishow, l’une des premières galeries beyrouthines à dédier un espace aux jeunes designers libanais (ou vivant au Liban), qui a fermé ses portes aujourd’hui.
Si dans ses créations artistiques, Lee privilégie les associations d’éléments récupérés (documents d’archives, bijoux, illustrations, photos d’époques, planches, lamelles métalliques...) pour composer des sortes de tableaux de famille (en forme de boîtes à secrets sous vitres accompagnées de clés et serrures) évoquant histoires d’héritages ou de destins, en matière de design, c’est vers le passé qu’il se tourne également. En s’inspirant des lignes pures et géométriques des grands architectes des années 30 à 50 (Le Corbusier, Gerrit Rietveld...) et, bien sûr, des objets industriels.
Pour héberger et présenter ses créations accumulées au fil des années et celles en constante élaboration, il fallait à Lee Frederix un lieu à leur image. Le petit local d’HQ logé dans une rue ancienne en plein revival semblait fait sur mesure. Aménagé très simplement, avec des murs blancs traversés de quelques segments d’un vert caractéristique des années cinquante, accordés au sol en béton ciré, il forme un cadre d’esprit à la fois contemporain new-yorkais et néo-industriel totalement en harmonie avec ses créations. Un lieu «non formaté» qui a une âme, du caractère, comme ces tables basses composées à partir d’anciens moulins à café, de rouleaux à câbles en bois et de plaques de verre, ces autres élaborées à partir de tiroirs d’imprimerie montés sur piétements en aluminium et recouverts d’un vitrage transparent ou encore ces tables d’appoint fifties renversées par-dessus tête et mariées à du plexi coloré que propose Lee Frederix!
Lequel, outre ses propres créations, veut exposer aussi celles de ses amis artistes. Et leur offrir, à travers HQ, un espace de brassage d’idées d’expositions, de performances et de happenings.

* Rue des Pharaons, Mar Mikhael. Tél : 01 566181 ou 03 559181.
Si vous passez rue des Pharaons, à Mar Mikhael, il y a de fortes chances que vous croisiez Lee Frederix assis sur le pas de sa porte – comme les boutiquiers d’antan! – plongé dans le travail, son portable ouvert sur ses genoux. Tête – et barbe de deux jours – rousse, l’allure juvénile en tee-shirt, jeans, boucles d’oreille et multibagues en argent, Lee Frederix est un artiste...

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