Le XV de France dos au mur

"Je pensais avoir fait le tour en terme de honte, mais c'est vrai que ça a été encore une fois extrêmement violent". Réaction de Marc Lièvremont, entraîneur du XV de France, hier face à la presse, après la raclée infligée à son équipe par les Tonga (19-14) dans la phase de poule qualificative de la Coupe du monde de Rugby qui se déroule actuellement en Nouvelle-Zélande.

Pour vraiment prendre la mesure du naufrage français de samedi, il faut rappeler que les Tonga n’avaient pas rencontré la moindre nation du premier tiers du classement mondial depuis 2007, et que leur capitaine, Finau Maka, évolue en Fédérale 3 (5e division française) à Pamiers, dans l’Ariège.

Face aux Tonga, les tricolores ont enregistré leur deuxième défaite dans la phase de poule qualificative de cette Coupe du monde, le plus mauvais bilan des Bleus depuis 1987. Miracle, malgré ces résultats catastrophiques, les coéquipiers de Thierry Dusautoir auront tout de même la chance de participer aux quarts de finale, face aux Anglais samedi prochain à Auckland.

Comment inverser la vapeur, provoquer le déclic qui permettra aux joueurs de Lièvremont de retrouver le rugby qui a placé le XV de France parmi les premières nations de l’Ovalie ?

Question plus tragique encore : est-il trop tard pour le déclic ? Le lien entre l’entraîneur et les joueurs semble en effet être mis à rude épreuve. En témoigne l’épisode qui a suivi la défaite, dans le vestiaire français.

Après la raclée, Marc Lièvremont cherche à surmonter la déception et réunit son groupe autour de plusieurs packs de bière, une tradition qui a déjà fait ses preuves. "Je me suis absenté une demi-heure pour une obligation médiatique, quand je suis revenu il n’y avait plus personne, même là, ils m’ont déçu", a déclaré plein d’amertume le coach tricolore, avant de pointer du doigt les effets négatifs de la médiatisation sur le rendement des joueurs. "J'ai vu des joueurs à l'hôtel avec leur agent avant le match, des joueurs avec leur agent après le match, plutôt que de se rassembler et de parler entre eux. Je sais qu'ils ont une carrière à gérer, une presse, peut-être, à satisfaire par rapport à leur image".

L’entraîneur s’est même laissé aller à un parallèle avec la déroute des footballeurs français lors de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. "Certains se sont gaussés des footballeurs en 2010, mais quelque part, mes joueurs aussi ne sont pas descendus du bus", ajoute-t-il, après avoir avoué une profonde admiration pour Raymond Domenech, l’entraîneur des Bleus en Afrique du sud, "qui s’est battu".

La troisième mi-temps aura eu lieu finalement au retour à l’hôtel, après un passage chez l’ambassadeur de France. Une récupération un peu spéciale selon le 3e ligne Imanol Harinordoquy : "Ce n’était pas trop diététique. Se retrouver, discuter, échanger, boire des bières ensemble. On en avait besoin".

L’équipe s’est envolée aujourd’hui pour Auckland, où se jouera samedi prochain le match couperet face aux Anglais. Le XV de la rose n’a pas impressionné depuis le début de la compétition, mais la faillite des Bleus, aussi bien sportivement que dans l’esprit, laisse peu de place à l’optimisme.

La composition de l’équipe devrait être connue demain et, sauf imprévus, aucun changement n’est à attendre.