« Le peuple veut un nouveau Yémen », « Le peuple veut que la révolution triomphe », ont scandé les manifestants. Ces derniers ont proclamé leur refus de la décision du président contesté de charger son vice-président, Abed Rabbo Mansour Hadi, de négocier avec l’opposition un transfert du pouvoir, conformément à un plan des monarchies du Golfe que le président Saleh rejetait jusqu’à présent. L’opposition parlementaire a estimé que cette décision constituait une manœuvre et accusé le chef de l’État de « continuer à s’accrocher au pouvoir ».
Par ailleurs, la haut-commissaire pour les Droits de l’homme a lancé un appel en faveur d’une commission d’enquête indépendante internationale, après les violentes émeutes qui ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés dans le pays. Dans un rapport qui sera discuté par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Navi Pillay fait le point sur les résultats de sa mission envoyée au Yémen du 28 juin au 6 juillet, indiquant qu’un « grand nombre de violations des droits de l’homme et d’abus ont apparemment eu lieu ». « Beaucoup de ces allégations concernent l’emploi abusif de la force contre des manifestants en majorité pacifiques, par les forces de l’ordre et leurs alliés », indique le texte. Le rapport souligne également les « conflits entre pro et antigouvernementaux, membres de tribus armés, islamistes armés et forces de sécurité du gouvernement ».
Le danger el-Qaëda...
Sur le terrain, trois soldats ont été tués et cinq blessés dans des combats entre l’armée et des combattants liés à el-Qaëda qui contrôlent toujours une partie de la ville de Zinjibar dans le sud du pays, selon des sources militaires et médicales.
Dans ce contexte, plusieurs chefs du renseignement américain ont affirmé hier que même si le noyau dur de la nébuleuse terroriste a été durement ébranlé, au Yémen, sa filiale AQPA (el-Qaëda dans la péninsule Arabique), représente un danger croissant. La branche yéménite « est devenue l’une des entités régionales les plus dangereuses du jihad dans le monde », a précisé le nouveau directeur de la CIA David Petraeus. Le directeur national du renseignement James Clapper a affirmé de son côté qu’el-Qaëda au Yémen était de toute évidence « un ennemi caractérisé », faisant référence notamment à la tentative d’attentat contre le vol Amsterdam-Detroit le jour de Noël 2009, commise par un Nigérian de 24 ans.
Enfin, l’AQPA a revendiqué un attentat à la voiture piégée perpétré à la mi-août contre des rebelles chiites dans le nord du pays, a rapporté hier le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE.
(Source : AFP)