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À La Une - L'Orient Littéraire

La pensée arabe en crise

Un peu moins de quarante ans après la publication de La crise des intellectuels arabes du philosophe et historien Abdallah Laroui, ce thème est redevenu d’actualité, avec les révolutions de 2011. Les pages culturelles des quotidiens arabes sont devenues une scène pour un débat sur le rôle des intellectuels, leurs divulgations et leurs questionnements.

Adonis.

Après une longue période d’exil, les intellectuels ont refait leur entrée sur la scène publique à travers des débats qui sont d’une certaine manière une relecture de toute la période qui s’étend de 1967 à nos jours. Cette période de l’histoire intellectuelle du monde arabe a été le sujet de deux livres récents, qui ont pris comme point de départ la rupture de 1967. Pour Ibrahim Abu-Rabi’, auteur de Contemporary Arab Thought : Studies in Post-1967 Arab Intellectual History (Pluto Press, 2003), et Elizabeth Suzanne Kassab, auteure de Contemporary Arab Thought : Cultural Critique in Comparative Perspective (Columbia University Press, 2009), la pensée arabe a pris une nouvelle orientation après la défaite, donnant la priorité à des thèmes comme la laïcité, la tradition (turath) ou l’histoire. Mais elle va être fortement marquée par la défaite, la déception, et le sentiment que le changement voulu sera long et difficile. Et c’est peut-être dans les écrits d’un Abdallah Laroui, qui s’apparentent plus à une douche froide qu’il balance sur la société arabe et ses intellectuels, qu’on peut ressentir le mieux cette difficulté, cette tâche impossible mais nécessaire qui les attend.

Cette fin d’époque dont les effets politiques ont été désastreux va entraîner une radicalisation de la démarche critique amorcée avec la Nahda. Rejetant les révolutions imposées par le haut, les intellectuels vont se tourner vers l’intérieur pour essayer de trouver les causes de ce « mal-être » arabe. Pour toute une génération qui a vécu avec désarroi la défaite de 1967, le changement politique n’était plus suffisant, il fallait révolutionner la culture arabe dans ses dimensions sociales, religieuses et historiques. Pour reprendre les mots de l’intellectuel syrien Yasin Hafiz, les régimes révolutionnaires ont « fauché » les islamistes politiquement tout en les « semant » culturellement. Et le temps est venu, pour ces intellectuels, de commencer ce travail culturel de reforme des sociétés arabes, vu que les changements politiques n’ont pas été suffisants pour sortir ce monde de son carcan.

Avec la transformation dans le mandat des intellectuels, un changement qui va être favorisé par la descente du monde arabe dans la dictature et la fermeture graduelle de l’espace politique, c’est toute l’orientation politique des intellectuels arabes qui va être bouleversée. Si le problème réside dans la culture arabe, les « masses » arabes ne peuvent plus être les agents du changement. Elles n’ont pas de rôle actif, car elles ne sont plus les « sujets », mais les « objets » du changement à faire. Une certaine prise de distance par rapport aux masses va se mettre en place, annonçant le divorce des intellectuels avec la politique. Cette séparation va s’accentuer à la fin du siècle passé quand le choix se limitera aux dictatures militaires d’un côté et aux mouvements islamistes de l’autre, deux choix qui ne peuvent être endossés par les intellectuels modernistes de cette fin de siècle. Et c’est ce même dilemme politique, d’un État autoritaire et d’une société « dangereuse », qui poussera quelques-uns de ces intellectuels à avaliser l’invasion américaine de l’Irak, comme une solution à ce blocage historique.

 

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Après une longue période d’exil, les intellectuels ont refait leur entrée sur la scène publique à travers des débats qui sont d’une certaine manière une relecture de toute la période qui s’étend de 1967 à nos jours. Cette période de l’histoire intellectuelle du monde arabe a été le sujet de deux livres récents, qui ont pris comme point de départ la rupture de 1967. Pour Ibrahim Abu-Rabi’, auteur de Contemporary Arab Thought : Studies in Post-1967 Arab Intellectual History (Pluto Press, 2003), et Elizabeth Suzanne Kassab, auteure de Contemporary Arab Thought : Cultural Critique in Comparative Perspective (Columbia University Press, 2009), la pensée arabe a pris une nouvelle orientation après la défaite, donnant la priorité à des thèmes comme la laïcité, la tradition (turath) ou l’histoire. Mais elle...
commentaires (9)

Mais M.Gedeon, vous prétendez qu'il n'y a pas de pensée monolithique occidentale alors que vous en êtes l'Archétype même, du fait de ce que vous proclamez : "Est ce qu'un intellectuel ou plusieurs pourrait me dire ce qu'il entend par " pensée arabe"?" !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

MOUJABER Alphonse

15 h 22, le 12 septembre 2011

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Commentaires (9)

  • Mais M.Gedeon, vous prétendez qu'il n'y a pas de pensée monolithique occidentale alors que vous en êtes l'Archétype même, du fait de ce que vous proclamez : "Est ce qu'un intellectuel ou plusieurs pourrait me dire ce qu'il entend par " pensée arabe"?" !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    MOUJABER Alphonse

    15 h 22, le 12 septembre 2011

  • Ce M. Moujaber est un bon pasticheur,décidemment!Et souvent drôle.Mais le pastiche n'est pas forcément vérité M. Moujaber....Il n'y a pas de pensée monolithique occidentale,pas plus qu'il n'y a des" masses" américaines,les USA étant un pays de communautés...quant à l'Européocentrisme,c'est un fantasme amusant.A propos,saviez qu'Europe était de chez nous?Alors,soyons un peu européocentriste!Merci pour le pastiche,c'était super!

    christian gedeon

    11 h 09, le 12 septembre 2011

  • Est-ce qu'un intellectuel, ou plusieurs pourait me dire ce qu'il entend par "Pensée Occidentale" ? La généralité du terme ne laisse pas d'étonner... Ne faudrait il pas plutôt parler "Pensées Occidentales" ? Ou plutôt des pensées des intellectuels Européens ou du "Nord" pris individuellement ? Ou devons nous comprendre que les intellectuels Occidentaux pensent par vagues ? C'est à dire tous de la même manière un instant T, puis de nouveau de la même manière à un instant T' ? Ce qui reviendrait en gros à leur dénier une action et une pensée individuelle ? Cette façon d'aborder le "monde Occidental" m'a toujours paru à la fois fausse et choquante. D'abord par son caractère de masse...La rue Européenne, les masses Américaines, et en l'occurence un bloc de pensée Occidentale...Ensuite par son caractère de pensée de "réaction" et pas d'action...comme si les "Occidentaux" souffraient d'une espèce de déterminisme qui les empêcherait de bâtir un raisonnement sui generis !J'attends des "intellectuels Francophones et Occidentaux" qu'ils nous donnent enfin et de façon claire et non discutable le droit à "l'individu" et pas l'obligation de penser en bloc ! Tant qu'on ne sera pas sorti du concept d'Européocentrisme (qui reste tellement prégnant ), nous n'aurons dépassé ni notre oedipe politique, ni notre oedipe social...et malheureusement, il ne semble pas que nous en prenions le chemin !

    MOUJABER Alphonse

    10 h 12, le 12 septembre 2011

  • Je comprends votre inquiétude et votre souffrance . Permettez-moi de répondre à votre article "Allô maman bobo "( Voir l’Orient-le Jour du samedi 3 Septembre 2011 ) en tant que psychologue.Nous vivons dans le siècle de la mondialisation, de la technologie et des grandes découvertes scientifiques où toute l’humanité est en pleine mutation. Cette grande métamorphose bouleverse les habitudes de pensées donnant à tous les problèmes sociaux, politiques, économiques,..une dimension planétaire . Il y a diversité culturelle avec complexité des relations sociales entraỉnant la naissance d’une nouvelle civilisation en transformation . Cette interconnection et interdépendance rendent l’Homme et surtout nos jeunes agités, perdus dans un grand "village planétaire " Sur ce , nos jeunes construisent une vie sociale virtuelle à la place de la "vie réelle " tout en préférant l’image de soi donnée via l’ordinateur à ce qu’elle est réellement. Ces derniers sont victimes de stress et de tension. Vous parlez d’une fille de 16 ans . Ne s’agit-il pas de l’adolescence ? Eh bien oui. C’est une pré-adulte qui traverse une période de changements sexuel, physique, psychologique,…Une période critique d’adaptation. Prise par la joie de vivre , elle oublie un peu son cercle familial .Elle a veut se situer, se découvrir et faire des choix. Ne vous inquiétez pas elle ne vous abandonnera pas : elle a toujours besoin de vous Patience . Patience . Tout rentrera dans l’ordre . Finalement , soyez toujours près de vos adolescents : vous êtes des guides pour eux. Nada Wehbé. www.nadawehbe.org Psychologue, responsable du CLUB-MAMANS au centre médico-social du Cercle de la Jeunesse Catholique ( CJC). Achrafieh, rue du Liban, quartier Jésuites, près de la Faculté de Droit de l’Université Saint Joseph Toute maman qui cherche des réponses à des questions concernant l’éducation de ses enfants est invitée à se joindre au CLUB-MAMANS le mardi 27 Septembre à 10h.

    Nada Wehbe

    09 h 30, le 12 septembre 2011

  • désolé pour les fautes de frappe...l'énervement sûrement!

    GEDEON Christian

    04 h 55, le 12 septembre 2011

  • ESt ce qu'un intellectuel,ou plusieurs pourait me dire ce qu'il entend par " pensée arabe"?la généralité du terme ne laisse pas de l'étonner...ne faudrait il pas plitôt parler" pensées arbes"?ou plutôt des pensées des intellectuels arbes pris individuellement?ou devons nous comprendre que les intellectuels arabes pensent par vagues?C'est à dire tous de la même manière un un instant T,puis de nouveau de la même manière à un instant T'?Ce qui reviendrait en gros à leur denier une action et une pensée individuelle?Cette façon d'aborder le "monde" arabe m'a toujours paru à la fois fausse et choquante.D'abord par son caractère de masse...la rue arabe,les masses arabes,et en l'occurence un bloc de pensée arabe...ensuite par son caractère de pensée de "réaction" et pas d'action...comme si les "arabes" souffraient d'une espèce de déterminisme qui les empêcherait de bâtir un raisonnement sui generis!J'attends des "intellectuels " arabes qu'ils nous donnent enfin et de façon claire et non discutable le droit à "l'individu",et pas l'obligation de penser en bloc!Tant qu'on ne sera pas sorti du concept d'Oumma(qui reste tellement prégnant,,nous n'aurons dépassé ni notre oedipe politique,ni notre oedipe social...et malheureusement,il ne semble pas que nous en prenions le chemin!

    GEDEON Christian

    19 h 23, le 11 septembre 2011

  • Devant le genre de répression qui a lieu en Syrie les intellectuels arabes (et autres) pourraient réagir pour commencer comme de simples êtres humains: dire qu'il y a des choses qu'on ne doit pas faire, quels que soient les circonstanc es. Les tortures auxquelles sont soumis citoyens désarmés, et même armés, en Syrie, sont totalement inacceptables. Le problème premier n'est pas qui va remplacer le régime syrien, mais que ce régime a eu et a un comportement inhumain. Ensuite, on verra. Et puis cessons cette pauvreté de raisonnement qui veut que des islamistes sont automatiquement destinés au pouvoir si les ditatures sautaient. Il y a des Syriens modérés, '"raisonnables", qui pourraient partager le pouvoir actuel, ou le remplacer. De toutes façons, si la maison brûle, on ne va pas dire que l'eau qui va éteindre l'incendie va faire de l'inondation. Il faut d'abord que l'incendie s'arrête.

    Adnan Etel

    12 h 03, le 11 septembre 2011

  • Entre le surmenage intellectuel étouffé depuis 1967 ,et le surmenage nerveux de 2011 , nos intellectuels arabes pourront ils briser enfin ce rideau de fer ou la liberté pourra de nouveau voir le jour ?Sublime pour être vrai Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha.A.Nazira

    05 h 34, le 11 septembre 2011

  • Il faut admettre que si les intellectuels ont une mission...ils n'ont aucun mandat...n'est-il pas temps de sortir de l'illusion?

    Beauchard jacques

    04 h 36, le 11 septembre 2011

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