Évoquant ainsi la situation en Syrie devant la Conférence des évêques en France, le patriarche Raï a défendu le président Assad et exprimé sa « crainte d’une transition en Syrie » qui pourrait représenter une menace pour les chrétiens d’Orient. « J’aurais aimé qu’on donne plus de chances à M. Assad pour faire les réformes politiques qu’il a commencées » en Syrie, a-t-il déclaré devant les prélats de France.
« En Syrie, le président n’est pas comme quelqu’un qui, à lui seul, peut décider des choses, a affirmé Mgr Raï. Il a un grand parti Baas qui gouverne. (Assad) lui, en tant que personne, est ouvert. Il a étudié en Europe. Il est formé à la manière occidentale. Mais il ne peut pas faire des miracles, lui, le pauvre », a dit le patriarche maronite.
« Nous, nous avons enduré de la Syrie et de son régime, a ajouté Mgr Raï. Je n’oublie pas cela, mais je voudrais être objectif. Il (Bachar el-Assad) a lancé une série de réformes politiques. Il fallait donner plus de chance au dialogue interne. Plus de chance à soutenir les réformes nécessaires . » « Nous ne sommes pas avec le régime, mais nous craignons la transition, a reconnu Mgr Raï. Nous devons défendre la communauté chrétienne. Nous aussi, nous devons résister. »
Les armes du Hezbollah et le problème palestinien
Par ailleurs, dans une interview à la chaîne al-Arabiya, Mgr Raï a repris à son propre compte la thèse défendue par le Hezbollah concernant le sort et la fonction de l’arsenal militaire du parti chiite pro-iranien, en ce sens que le Hezbollah devra rendre ses armes « après le retour des Palestiniens à leurs foyers et la libération de la terre ».
Mgr Raï a demandé dans ce cadre à la communauté internationale d’« aider à libérer la terre et à faciliter le retour des Palestiniens à leur terre ». « C’est alors que nous dirons au Hezbollah de livrer ses armes car elles deviendront inutiles du fait que les armes du Hezbollah sont liées à de nombreuses questions », a déclaré Mgr Raï.
Évoquant par ailleurs les soulèvements populaires dans les pays arabes, il a déclaré : « Nous ne voulons pas que pour des réformes, que nous appuyons, que des peuples soient sacrifiés. »
Après avoir pressé la communauté internationale à obtenir l’application par Israël des résolutions internationales « afin d’ôter au Hezbollah le prétexte de maintenir son arsenal », Mgr Raï a déclaré, au sujet de l’avenir de la Syrie et des retombées du soulèvement populaire syrien sur le Liban : « Il est vrai que la Syrie est sortie militairement du Liban, mais elle maintient des relations avec certains Libanais. Nous commençons au Liban à payer le prix des problèmes qui se posent en Syrie, du fait de la fermeture des frontières entre la Syrie et certains pays. Si la situation empire en Syrie et qu’un régime plus dur que le régime actuel émerge, tel que le régime des Frères musulmans, les chrétiens dans ce pays paieront le prix, par des tueries ou l’exode. L’exemple de l’Irak est devant nous. »
Et d’ajouter : « Si le régime change en Syrie et que les sunnites prennent le pouvoir, ils s’allieront avec leurs frères sunnites au Liban, ce qui aggravera encore plus la situation entre chiites et sunnites. Ce qui nous importe en tant qu’Église est qu’il n’y ait pas de violence. En Orient, on ne peut pas changer les dictatures en démocraties aussi facilement. Les problèmes de l’Orient doivent être résolus ave la mentalité de l’Orient. »
En conclusion, Mgr Raï a dénoncé l’attitude des pays occidentaux concernant la situation des minorités dans la région. « De quelle démocratie parlent-ils ? » a-t-il déclaré sur ce plan.
Notons enfin que Mgr Raï est arrivé hier à Lourdes où il a notamment célébré la messe à la basilique Notre-Dame du Rosaire.
commentaires (39)
Je vois que beaucoup de lecteurs 14 marsistes commencent à sortir de leurs gonds des qu'il s'agit du PATRIARCHE RAI...certains à la limite de l'impolitesse, tel M. GEARA...Cela me rappelle le temps ou dans ces memes colonnes, certains s'aventuraient à critiquer Mgr Sfeir, si partial à l'époque...et s'attiraient les foudres des lecteurs sans compter les multiples declarations des politiciens comme M. Souaid rappellant "la gloire qui a ete donnee à Bkerké" l'infaillibilité en quelque sorte du Patriarche Sfeir dont il ne fallait surtout pas mettre en doute les jugements...au risque d'etre excommunié! Le 14 mars, c'est toujours deux poids, deux mesures avec vous...
Carine Fares
01 h 43, le 10 septembre 2011