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Lifestyle - Rencontre

Robert K. Khoury, le perfectionniste

D’abord, il y a eu le père, Khalil... Puis il y a eu le frère, Bernard, l’architecte qui n’en fait qu’à sa tête, et le plus jeune des mousquetaires Khoury. Place à Robert, qui s’est construit un prénom, un nom et une carrière internationale dans le monde de l’informatique.

Robert Khoury chez lui à Vancouver.

Très jeune, il avait la tête dans la lune. Non pas rêveur, mais exigeant. Ses amis d’enfance se souviennent qu’il aimait dessiner des voitures de course. Et, surtout, qu’il voulait être astronaute pour explorer un autre monde, plus mystérieux, plus silencieux.
Robert Khoury a toujours été le « fort en maths », impatient et perfectionniste. Le regard perçant, la voix grave, label familial, il n’a jamais eu la « tête » du matheux. Ou du moins l’apparence... Il a grandi avec une vision large de ses ambitions et l’exigence, jamais assouvie, des perfectionnistes.
De son père, il a hérité la folie constructive et l’envie de se dépasser, en toute discrétion. En toute discrétion, il a construit une carrière à l’étranger où l’informatique, les chiffres, les algorithmes et autres combinaisons n’avaient aucun secret pour lui. Son langage, qui lui semble très clair, peut ressembler à du chinois pour les profanes. Les experts, eux, y ont vu clair et l’ont propulsé au-devant de la scène. À 40 ans à peine, les Bourses européennes lui achetaient ses programmes et le gouvernement français lui achetait sa compagnie informatique... « Ce succès, avoue-t-il modestement, a été la conjugaison d’une vision, de circonstances et de ténacité. »

Retour sur un parcours maîtrisé
C’est la guerre de 1975, encore elle, qui a poussé la famille Khoury à l’exil pour assurer une scolarité aux enfants et poursuivre une vie normale. En septembre 1976, il débarque à Paris, présente son bac C sans avoir fait sa première et réussit... avec mention. L’échec, pensait-il déjà, était inacceptable. Suivront des années préparatoires aux grandes écoles, Maths Sup, Maths Spé, avant d’intégrer l’École spéciale des travaux publics de Paris (ESTP). « Durant les trois années qui ont suivi, il me fallait à nouveau remonter dans la hiérarchie des réussites académiques, confie-t-il. C’est pourquoi j’ai souhaité poursuivre mes études à Columbia University pour y obtenir un Master Degree. Lentement, mais sûrement, j’ai commencé à réaliser que l’exil était plus qu’une parenthèse et que je devais envisager l’avenir autrement. Ou du moins ailleurs. Je voulais découvrir le monde et tenter de réussir parmi les grands. » L’année passée aux USA sera certes intense, mais elle lui confirme qu’il n’appartient pas à ce « nouveau monde ». Retour donc en France, l’entrée dans la vie professionnelle résonne alors comme une entrée dans le monde des adultes et sonne le glas d’une certaine insouciance. Le jeune homme collabore d’abord à une entreprise informatique, Anatex, spécialisée dans l’intelligence artificielle, qui avait pour objectif de « développer un logiciel de reconnaissance optique de l’écriture manuscrite, personnelle et cursive en temps réel ». Deux ans plus tard, il est sollicité par une jeune entreprise suédoise, Servisen, qui, explique-t-il, « intervenant sur les marchés dérivés, à Stockholm, souhaitait innover le processus du report des transactions et installer des bureaux à Paris ». Robert Khoury devient PDG à 27 ans. Cette aventure va durer dix ans. Elle lui permettra de grandir, d’apprendre, de se faire connaître sur les marchés financiers et surtout d’accompagner leur croissance technologique. « À cette époque, les marchés étaient passés de la criée à l’électronique, précise-t-il. J’ai imaginé la possibilité, à des intervenants intracommunautaires, de pouvoir négocier leur ordre de Bourse où qu’ils soient, comme s’ils étaient eux-mêmes membres de cette Bourse. » Trois ans plus tard, les services de son entreprise sont rachetés par la plupart des capitales européennes, Milan, Francfort, Amsterdam, Madrid, Londres et Paris. En 1996, ils deviennent incontournables pour les professionnels de la finance. Au point où la Société des Bourses françaises, pressentant que ce réseau devenait stratégique pour sa propre politique de routage, propose d’acquérir la totalité de son entreprise et de reprendre ainsi partiellement le contrôle des échanges boursiers. La cession est signée en 1997.

Nouvelle page
Khoury entame une préretraite à 38 ans. Les six années qui suivront seront une longue récréation dont le jeune homme abuse légitimement pour profiter de la vie en famille. En 2004, il décide de s’installer à Vancouver et commence à sortir de cette retraite, trop anticipée, à son goût. C’est en investissant dans l’immobilier, en s’apercevant de certaines lacunes dans les banques de données que se dessine dans son esprit un nouveau projet titanesque. « Le marché de l’immobilier en Amérique est transparent. Toutes ses données sont publiques, explique-t-il. Ces caractéristiques le rendent plus efficient, notamment pour les appartements qui s’acquièrent et se traitent comme des opérations en Bourse. En ayant accès à la base de données des agents de la ville de Vancouver, le Multiple Listing System, qui réunit toutes les informations sur ce marché, j’ai pensé à une méthode qui regrouperait tous les appartements et les immeubles dans un grand réseau où la moindre opération se répercute sur l’ensemble. » En 2009, le Real Estate Board de la ville mène des tests pour valider son mode d’évaluation. Les résultats sont plus qu’encourageants. Il décide alors de monter une nouvelle entreprise, Renaissance Trading Corp., qui fournirait aux professionnels du métier des estimations automatiques et instantanées avec des plans d’appartements et d’immeubles. « En 2010, le Real Estate Board du comté de Miami a eu connaissance du résultat de mes travaux et a voulu intégrer mon système dans sa base MLS. Ce qui représente plusieurs centaines de milliers d’appartements ! » Entouré d’une équipe de jeunes ingénieurs et des graphistes libanais, il s’attelle à cette tâche énorme avec la passion des nouveaux défis et lance le démarrage officiel du système en mai dernier.
« L’idée serait d’étendre ce concept à l’ensemble des villes nord-américaines et de fournir, également, une version grand public. On verra bien ce que l’avenir nous réserve », conclut-il avec un sang-froid qui ressemble à une maîtrise parfaite du sujet.
Très jeune, il avait la tête dans la lune. Non pas rêveur, mais exigeant. Ses amis d’enfance se souviennent qu’il aimait dessiner des voitures de course. Et, surtout, qu’il voulait être astronaute pour explorer un autre monde, plus mystérieux, plus silencieux. Robert Khoury a toujours été le « fort en maths », impatient et perfectionniste. Le regard perçant, la voix...

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Bravo Robert ! Et n'oublie pas notre formule : tu es notre maître à tous (sourire).

Robert Malek

05 h 40, le 05 septembre 2011

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Commentaires (1)

  • Bravo Robert ! Et n'oublie pas notre formule : tu es notre maître à tous (sourire).

    Robert Malek

    05 h 40, le 05 septembre 2011

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