Il y a la ferveur des uns et puis les terrasses de cafés pleines de monde, où se côtoient joyeusement touristes et Bosniens. Sarajevo la musulmane observe à sa façon le mois du ramadan, partagée entre spiritualité et bonheur de vivre. Aussitôt après avoir entamé le jeûne juste avant l’aube, de nombreux fidèles se rendent à la mosquée la plus proche de leur domicile pour la première prière du jour. D’autres se contentent de prier chez eux, en famille, une coutume chez de nombreux musulmans de Bosnie. Dans les ruelles de la vieille ville, les jeunes femmes scrupuleusement voilées en croisent d’autres cheveux au vent. L’islam, réprimé comme toutes les religions à l’époque communiste (1945-90), a repris vigueur pendant les guerres intercommunautaires des années 1990, mais dans une version européanisée, tolérante et laïque. La fin de l’ère communiste et la guerre ont été « l’occasion d’une très nette réislamisation » en Bosnie, relève un spécialiste français des Balkans, Xavier Bougarel. Quelques fidèles sont rassemblés dans la petite cour de la vieille mosquée de Sumbulusa, sur une colline qui domine la capitale bosnienne. Avant d’enlever leurs chaussures, certains se tournent vers le petit cimetière où, à l’ombre de quelques pruniers, reposent d’anciens imams du quartier. Les paumes tournées vers le ciel, ils prononcent la prière aux morts. « Ce mois exceptionnel suscite chez les fidèles les émotions les plus merveilleuses. On dit chez nous qu’il faut profiter du ramadan comme si c’était le dernier », explique avec passion le jeune prêcheur de la mosquée, Edin Spahic. Il souligne l’importance de la « solidarité » pendant ce mois sacré chez les musulmans, et, devant les fidèles rassemblés, lance un appel aux dons pour la Somalie. « Notre aide au peuple somalien, dit-il, n’est autre qu’une reconnaissance envers Allah pour les tous les biens dont nous jouissons ici. »
Une très grande majorité des habitants de Sarajevo, 80 % selon diverses estimations, sont musulmans, bien plus qu’ils ne l’étaient avant la guerre intercommunautaire de 1992-95, où la population était plus diverse. Les musulmans représentent environ 40 % des quelque 3,8 millions d’habitants de Bosnie. Ils sont sunnites et partisans pour la plupart d’un islam modéré, introduit dans les Balkans au XVe siècle par les Ottomans. Hormis une minorité radicale, présente seulement depuis le conflit des années 90, il s’agit d’un « islam européen », qui maintient le religieux dans la sphère privée, relève Dzevad Hodzic, professeur d’éthique et de philosophie à la faculté islamique de Sarajevo. « Les musulmans de Bosnie, explique-t-il, vivent dans un contexte politique et juridique européen depuis un siècle et demi » (depuis la cession de la Bosnie à l’Autriche-Hongrie, à la fin du XIXe siècle). Les musulmans du pays se sont forgé un « regard laïc sur le monde, non pas opposé à la religion, mais établissant une différence entre la religion, qui relève du domaine moral, privé, spirituel, familial, et l’État, qui est distinct de la foi », ajoute-t-il. « La tradition de l’islam en Bosnie, poursuit-il, est très marquée par les confréries soufies, une tradition mystique de l’islam connue pour sa tolérance et selon laquelle la croyance relève avant tout du monde intérieur de chacun », selon M. Hodzic. Loin de l’atmosphère de recueillement de la mosquée de Sumbulusa, les terrasses des cafés et des restaurants grouillent de monde dans le centre-ville, près de l’antique bazar. Il y a là des touristes, mais aussi des jeunes de Sarajevo, amateurs de bière et d’autres boissons alcoolisées. Beaucoup de musulmans de Bosnie toutefois, sans être particulièrement religieux, s’abstiennent de boire pendant le ramadan, quitte à se rattraper pour la fête de l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin de la période de jeûne, et le restant de l’année. La communauté islamique, la structure officielle représentant les musulmans de Bosnie, a d’ailleurs lancé un appel aux musulmans d’éviter tout excès pour cette fête fin août.
(Source : AFP)
Il y a la ferveur des uns et puis les terrasses de cafés pleines de monde, où se côtoient joyeusement touristes et Bosniens. Sarajevo la musulmane observe à sa façon le mois du ramadan, partagée entre spiritualité et bonheur de vivre. Aussitôt après avoir entamé le jeûne juste avant l’aube, de nombreux fidèles se rendent à la mosquée la plus proche de leur domicile pour...
commentaires (6)
C'est efectivement 43 à 48% selon GOOGLE.
AL-IMAM Bassam
04 h 52, le 28 août 2011