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À La Une - Le témoignage

Une grand-mère aux révolutionnaires libyens : « Merci de nous avoir redonné notre dignité »

de Tahani Khalil, une Libyenne résidant au Liban.

Un jeune homme célébrant l'entrée des rebelles à Tripoli. Ismail Zitouny/

Quand les rebelles sont entrés dans Tripoli, samedi, Tahani Khalil n’a pas été surprise. « Je me disais que ça ne pouvait pas continuer comme ça. Finalement, ça a été comme un accouchement au forceps ».

Tahani Khalil est libyenne. Mais elle a quitté son pays quand elle avait 15 ans et a enchaîné sur un exil d’une trentaine d’années. Aujourd’hui, cette architecte de 48 ans vit au Liban, avec un œil rivé sur son pays. Tout au long du week-end dernier, véritable tournant dans le soulèvement contre le colonel Kadhafi, Tahani Khalil était en contact avec ses cousins et amis résidant à Tripoli. « Ils ne s’attendaient pas à ce que les rebelles entrent si facilement dans Tripoli. Ils redoutaient un bain de sang », souligne-t-elle à lorientlejour.com.

Deux des fils d’une de ses cousines ont, eux, carrément décidé de se battre aux côtés des rebelles. « Ils ont une vingtaine d’années. C’était le moment qu’ils avaient toujours attendu. "Je ne pouvais tout de même pas les attacher à une chaise", m’a dit ma cousine, rongée par l’angoisse ». Les jeunes dans la rue donc, mais aussi les moins jeunes. « La mère de ma meilleure amie, une femme de près de 80 ans, est sortie de chez elle pour aller féliciter les révolutionnaires », raconte Tahani, en insistant sur le fait qu'au terme de « rebelle », elle préfère celui de « révolutionnaire ». « La mère de mon amie leur a dit : "Je vous remercie de nous avoir redonné notre dignité" », poursuit-elle.

Depuis que le quartier général de Kadhafi est tombé, mardi soir, les Tripolitains n’ont qu’une idée en tête : aller visiter ce complexe, baptisé Bab al-Aziziya. « Bab al-Aziziya... Le nom de ce complexe suffisait à nous terroriser. Il y avait des centres de torture à l’intérieur », indique l’architecte.

Le plus gros des combats semble être fini à Tripoli, et il était temps. « Mes cousins sont restés à Tripoli pendant toute la guerre. Même une cousine qui habitait à côté du QG de Kadhafi, et a donc enduré des bombardements de manière quotidienne », explique Tahani, à qui ses proches ont raconté les pénuries. « A un certain point, il n’y avait plus que deux heures d’électricité par jour, dans une ville où le mercure monte à 45 degrés et où l’on n’a pas les équipements nécessaires en générateurs. Les prix des denrées alimentaires ont triplé, les familles ont dû recommencer à faire du pain à la maison. Quant à l’essence, la pénurie était sévère. Mon cousin mettait sa voiture devant la station essence. Il revenait une semaine plus tard et la voiture n’avait pas bougé ». Aujourd’hui, les Tripolitains sont soulagés.

Sur l’avenir et tous les défis et questions qui l’accompagnent, Tahani Khalil se veut optimiste. « J’avais 7 ans quand la révolution a eu lieu. Je n’ai connu que ça, et trente ans d’exil. Alors aujourd’hui, je veux être positive. Je suis réaliste, nous n’avons rien, pas d’institutions, pas de partis politiques. Et le CNT (Conseil national de transition, représentation politique des rebelles), n’est peut-être pas parfait. Il comporte tout de même de nombreux anciens membres du régime. Soyons clair, nous n’aurons pas une démocratie à l’occidentale. Et nous avons devant nous plusieurs mois de désordre, c’est normal. Mais j’ai espoir », affirme cette architecte avide de s’impliquer d'une manière ou d’une autre dans la reconstruction de son pays.

Reconstruire pour les jeunes, pour donner à ceux qui ne connaissent pas leur pays, l’envie d’y aller. « Cette révolution, finalement, c’est pour nos enfants », dit Tahani.

« L’essentiel, c’est que nous soyons déjà en train de regarder devant nous. Je ne dis pas qu’on l’a déjà oublié l’autre, dit Tahani, en référence à celui qu’elle ne nomme que rarement, le colonel Kadhafi. « Mais presque ! ».

 

Quand les rebelles sont entrés dans Tripoli, samedi, Tahani Khalil n’a pas été surprise. « Je me disais que ça ne pouvait pas continuer comme ça. Finalement, ça a été comme un accouchement au forceps ».
Tahani Khalil est libyenne. Mais elle a quitté son pays quand elle avait 15 ans et a enchaîné sur un exil d’une trentaine d’années. Aujourd’hui, cette architecte de 48 ans...

commentaires (2)

Amazing grandmother full of hope and joy! Dilemma of a mother wanting her country liberated and worrying sick about her children! Rational analysis of the post-revolution period and reasonable expectations! An article worth publishing. Thank you for posting it.

El-khoury Nadia

13 h 29, le 24 août 2011

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Commentaires (2)

  • Amazing grandmother full of hope and joy! Dilemma of a mother wanting her country liberated and worrying sick about her children! Rational analysis of the post-revolution period and reasonable expectations! An article worth publishing. Thank you for posting it.

    El-khoury Nadia

    13 h 29, le 24 août 2011

  • quel dignite losque on voi les musulmans se tuant entre eux

    jasper white

    11 h 09, le 24 août 2011

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