Rechercher
Rechercher

Culture - Initiative

Enquête au cœur de l’héritage populaire de Abadieh

L’association culturelle Zoukak a présenté, du 1er au 5 août, une série d’activités théâtrales au village de Abadieh (Mont-Liban).

Les jeunes de Zoukak à la recherche de la culture populaire...

L’initiative de cette troupe de théâtre, fondée en 2006, se situe dans le contexte d’une investigation autour de la culture populaire. Le spectacle interactif Le maréchal ne meurt jamais est la première phase de développement du projet, cherchant à réactualiser l’héritage traditionnel des villages du Liban.
«Youssef Andari, le maréchal» ou «le fou du village», autant d’appellations pour un même personnage ancré dans les souvenirs des habitants de Abadieh. Figure populaire du village, cet homme dément y a passé toute sa vie et est décédé dans les années 70. Dans leur performance expérimentale, les comédiens de Zoukak ont tenté de retracer l’itinéraire historique et géographique du personnage à partir de récits collectés et divers témoignages de proches ou de locaux qui ont connu le maréchal.
Le spectacle s’est déroulé dans la salle publique du village où une centaine de spectateurs de tous âges étaient regroupés dans un seul but: ressusciter le maréchal et témoigner d’une époque enterrée dans la mémoire collective. Hommes et femmes, petits et grands, vieux et vieilles, jusqu’au moukhtar, étaient tous réunis pour assister et participer à la reconstruction de la figure emblématique de l’homme fou.
Mission accomplie. Le maréchal renaît sur le plateau du théâtre. Le public s’amuse et admire la ressemblance entre le vrai Youssef Andari et le personnage sur scène, esquissé par l’un des acteurs de Zoukak, lui-même originaire de Abadieh. Des témoignages de cinq minutes de plusieurs habitants ont permis de rassembler un nombre suffisant d’informations pour réédifier le caractère.
Des récits évoquant par bribes la jeunesse du maréchal, son accident à la tête qui l’a rendu fou, ses habitudes, ses qualités, son sale caractère, ses opinions politiques, sa manière de se vêtir, ses goûts alimentaires, son humour et son don de poète et de zajaliste... Que d’informations rassemblées pas à pas au cours d’une longue recherche et lors de la performance, pour aboutir à la reconstitution d’un puzzle presque parfait! Ceux qui ont connu personnellement le maréchal ont même été invités à choisir les accessoires et les costumes les plus représentatifs du personnage, qui s’encombrait de cravates, de cordes et autres objets
excentriques.
Les enjeux du projet, expliquent les responsables: enquêter au cœur de l’héritage culturel des villages pour réécrire l’histoire de ces lieux oubliés, solliciter le travail de mémoire et d’introspection, favoriser les échanges dans des villages multiconfessionnels, inciter les divers partis au dialogue et rompre les silences et les non-dits dans un pays sans histoire nationale, tiraillé par les guerres et les conflits
intercommunautaires.
Zoukak a choisi, pour servir son théâtre à vocation sociale et thérapeutique, le prototype de l’homme fou, bouc émissaire, miroir de la société et de ses vices. Mais aussi, figure historique et incarnation de la mémoire d’un peuple qui n’a toujours pas réussi à former un pays.

Géraldine ZEIDAN
L’initiative de cette troupe de théâtre, fondée en 2006, se situe dans le contexte d’une investigation autour de la culture populaire. Le spectacle interactif Le maréchal ne meurt jamais est la première phase de développement du projet, cherchant à réactualiser l’héritage traditionnel des villages du Liban. «Youssef Andari, le maréchal» ou «le fou du village», autant...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut