Rechercher
Rechercher

Couverture spéciale de la révolte en Tunisie

Le récit de la fuite de Ben Ali et de sa famille dévoilé

Faux passeports, chaos à l’aéroport de Tunis, changement au dernier moment... Ali Seriati livre sa version du 14 janvier 2011.
Poursuivi pour tentative de « sortie illégale de devises et falsification de passeport », Ali Seriati, l’ex-chef de la sécurité de Zine el-Abidine Ben Ali, a comparu hier devant le tribunal de Tunis avec 23 autres prévenus, membres de la famille présidentielle. Tous ont été arrêtés le 14 janvier à l’aéroport de Tunis-Carthage alors qu’ils tentaient de fuir le pays en possession de sommes d’argent importantes et de bijoux. Ali Seriati, lui, a été interpellé à l’aéroport militaire de l’Aouina, mitoyen de l’aérogare civile, après que l’avion de Ben Ali et quatre membres de sa famille eut décollé vers l’Arabie saoudite.
La Tunisie est alors plongée dans la révolte et les manifestations se succèdent dans le pays. « Vers 13h00 le 14 janvier, le président m’a demandé de préparer son avion », raconte M. Seriati dans la salle d’audience bruyante, bondée de journalistes et d’avocats. Le chef de la sécurité présidentielle, un corps particulièrement redouté par les Tunisiens, s’exécute. Quelques heures auparavant, Ben Ali lui a demandé de préparer les passeports rouges diplomatiques pour sa famille restreinte. Au moins l’un d’entre eux est un faux, selon l’accusation.
Ben Ali n’avait pas l’intention de partir, il voulait rester en Tunisie pour « assurer la sécurité » du pays, a affirmé M. Seriati, qui a néanmoins fait embarquer le couple et deux de leurs enfants. Le général Seriati a déclaré à la barre que Ben Ali s’est laissé « attendrir » par ses enfants, notamment le petit Mohammad, âgé de six ans. L’appareil présidentiel décolle en fin d’après-midi de l’aéroport militaire de l’Aouina et atterrit quelques heures plus tard en Arabie saoudite. « C’est ça, Ben Ali voulait aller faire le pèlerinage de La Mecque ! » interrompt alors un spectateur exaspéré.
Pourquoi l’avion est-il parti de l’aéroport militaire ? « Je voulais les faire partir de l’aéroport de Tunis-Carthage. J’ai appelé le plus haut gradé de l’aéroport, Zouhair Bayati, et ce n’était pas sa voix », reprend l’accusé, qui dit alors avoir compris que l’aéroport civil avait changé de mains. En outre, Marouane Mabrouk, un autre gendre de Ben Ali, l’appelle pour l’informer que sa femme et d’autres membres du clan ont été arrêtés par des « unités antiterroristes » à l’aéroport civil. Le général Seriati a donc changé les plans et fait partir la famille restreinte de Ben Ali depuis l’Aouina.
Parmi toutes les zones d’ombre qui entourent la fuite de Ben Ali, le rôle de M. Seriati est très questionné en Tunisie, certains le soupçonnant d’avoir poussé le président à partir, dans l’espoir de prendre ensuite le contrôle du pays.
Avant le témoignage de Seriati, les autres prévenus, tous membres de la famille Ben Ali/Trabelsi et tous incarcérés, ont défilé à la barre. Quatorze hommes, arrivés menottés, et neuf femmes, dissimulées sous des abayas blanches, ont contesté les accusations de tentative de fuite et détention illégale de devises. Parmi les prévenus figuraient deux sœurs de Leïla Trabelsi (la femme de Ben Ali), et surtout Imed, son neveu préféré, déjà condamné en juin dernier à quatre ans de prison pour consommation de stupéfiants.
L’audience a été suspendue jusqu’au 2 août.
(Source : AFP)
Poursuivi pour tentative de « sortie illégale de devises et falsification de passeport », Ali Seriati, l’ex-chef de la sécurité de Zine el-Abidine Ben Ali, a comparu hier devant le tribunal de Tunis avec 23 autres prévenus, membres de la famille présidentielle. Tous ont été arrêtés le 14 janvier à l’aéroport de Tunis-Carthage alors qu’ils tentaient de fuir le pays...