Devant le pavillon des États-Unis, un char renversé chenilles en l’air est surmonté d’un trade mill. De temps en temps, un sportif y grimpe et active les chenilles à la force du mollet. Un bruit de char qui roule emplit le Giardino. L’idée est amusante. Et comme dans la plupart des pavillons, l’art contemporain carbure davantage au conceptualisme qu’à l’esthétisme. Alors dans ce contexte, tout le parc d’exposition de Mlita aurait trouvé sa place là, juste en face du pavillon américain. Le Hezbollah a tapé fort niveau concept : là, des chars israéliens rentrés dans le mur, là des casques israéliens placés en cercle, mimant une pupille, et en son centre un obus : el 3eyn ma bit ewim makhraz ! Plus loin, une maison en verre, brisée, remplie de matériel militaire pris à l’ennemi : yelle beyto mn ezez... illustrations grandeur nature et réelles de dictons libanais. Ah ! Que nous aurions voulu continuer d’aimer notre Hezbollah. Ah ! Que nous aurions voulu que le canon de ses armes reste tourné vers le sud du Sud-Liban !
En Sardaigne, on ne mange pas de sardines au borosilicate. La mer est belle. Turquoise ou émeraude. C’est pourtant la même que la nôtre. Mare nostrum, mais encoroune ahla men encorna. En Sardaigne, jour après jour, se lever avant les enfants pour préparer les sandwiches, comme maman du temps du Saint-Simon, et mordre dans un jambon-fromage comme dans sa madeleine personnalisée. Rouler la serviette et se diriger vers Capo Commino, vers le « Saint-balèche ». Dérouler sa serviette et piquer une tête. Se sentir portés par la mer, une mère encore plus enveloppante que le liquide amniotique. Faire la planche et dissoudre son esprit, perdu entre ciel et terre. Entendre la sonnerie de son portable comme une bizarerie surgie de la nuit des temps. Intrusion de Beyrouth. Quelles nouvelles ?
- Allo, vous m’entendez ? Je vous entends mais je ne vous écoute pas.
Autant lire son avenir dans le sable. Blanc. Fin. Et puis ? Tous les chemins mènent à Rome. Rome, pour jeter une pièce dans la fontana di Trevi, et filer en taxi au MAXXI, le navire de l’art du vingt et unième siècle conçu par Zaha Hadid. Encore une spaghettata avant d’aller piétiner à l’aéroport où, contrairement à l’AIB, l’annonce n’est jamais : al nida2 el niha2i wal akhir ! Se dire que rien ne nous manque au Liban pour attirer tous les touristes qui cherchent un coin de serviette sous le soleil autour de la Mediterranée.
Rien ?
En tout cas, ni les ressources, ni les paysages, ni les plages, ni les plagistes, ni les hôtels, ni le service, mais un je-ne-sais-quoi de dolce vita.
Carla a projeté un rêve avec Beyrouth comme leit-motiv; l'un l'a compris et y a contribué, l'autre l'a pris au mot telle une équation concrète. Bravo Carla de nous transporter dans la fantaisie de l'imaginaire en revenant à chaque fois au Liban.
16 h 25, le 05 août 2011