Ramy Maalouf est un musicien en colère. Et comment un musicien exprime-t-il sa colère ? En musique bien sûr. La colère de Ramy Maalouf s’est cristallisée sur le traitement infligé par certains de ses concitoyens libanais aux femmes de ménage et autres travailleurs migrants. De cette colère est née « Ntaha el Kteb », qui sera l’une des chansons du prochain album de Ramy Maalouf, flutiste et compositeur né en 1983 à Kfertey, dans le Metn.
« « Ntaha el Ktéb » est une lettre de suicide d’un travailleur migrant au Liban dans laquelle il relate à son fils qui vit toujours à l’étranger pourquoi il a pris une telle décision », explique Ramy Maalouf à lorientlejour.com. Par travailleur migrant, Ramy entend les employés domestiques, les gardiens, les employés dans les stations d’essence, les danseuses de cabaret et autres mannequins étrangers…
Dans la chanson, le travailleur migrant explique à son fils les mauvaises conditions de travail, l’insécurité et les épreuves qu’il traverse au Liban. « Les travailleurs migrants sont en quelque sorte invisibles, pas même des êtres humains de deuxième classe », s’insurge Ramy. Avouant ne plus pouvoir supporter cette « vie de chien », le travailleur migrant explique qu’il a décidé de se mettre fin à ses jours. « A la fin de la chanson, il rend son dernier souffle et on entend la sirène de l’ambulance », souligne le musicien, qui travaille actuellement en Espagne.
Ramy souligne qu’il a voulu cette chanson « 100 % libanaise ». « Les paroles sont écrites et chantées en dialecte libanais » et « la mélodie est libanaise par excellence. La gamme et les instruments de musique utilisés sont les instruments de l’orchestre traditionnel oriental », souligne le flutiste, qui tient à remercier Georges Nehmé « qui a accepté de chanter cette chanson bien que ses paroles et son sujet soient très délicats, ainsi que les musiciens et les choristes et plus particulièrement ceux qui ont participé bénévolement à ce travail au service de la cause anti-raciste ».
Avec cette chanson, Ramy veut également dénoncer le fait que l’Etat ne prenne pas de « mesures sérieuses et efficaces pour prévenir et réprimer la violence raciste ni pour protéger les victimes de ce racisme ». « Il est incontestablement honteux que le Liban soit classé 3e sur la liste noire des Etats-unis en matière de trafic d’être humains », insiste-t-il, avant d’ajouter : « L’Etat libanais doit assumer ses responsabilités. Le Parlement doit adopter le projet de loi contre le trafic des êtres humains. Le gouvernement doit également amender le code du travail libanais et le code de sécurité sociale pour inclure les domestiques migrants. Il doit aussi amender le code pénal pour garantir une protection pour les victimes de discrimination raciale et réprimer tout offenseur raciste ».
« J’espère que ma chanson a pointé du doigt la misère des travailleurs migrants et domestiques. Je la dédie d’ailleurs à la mémoire de tous ceux qui sont morts au Liban à cause du racisme de certains Libanais et de la négligence et de l’insouciance des autres, et à toute personne qui a souffert ou qui souffre toujours à cause de violences racistes exercées contre elle », conclut Ramy Maalouf.
Ramy Maalouf est un musicien en colère. Et comment un musicien exprime-t-il sa colère ? En musique bien sûr. La colère de Ramy Maalouf s’est cristallisée sur le traitement infligé par certains de ses concitoyens libanais aux femmes de ménage et autres travailleurs migrants. De cette colère est née « Ntaha el Kteb », qui sera l’une des chansons du prochain album de Ramy Maalouf,...
commentaires (7)
Le comble c'est que certaines jugent le niveau social de leurs "amies" à la nationalité de la personne qui travaille chez elles. Même pas ridicule. Pathétique.
Tina Chamoun
04 h 37, le 27 juillet 2011