D’après le commissaire, l'explosion près du siège du gouvernement norvégien a fait sept morts et neuf blessés graves. Et au moins 85 personnes sont mortes au cours de la seule fusillade sur l'île d'Utoeya. Plusieurs dizaines de personnes seraient également hospitalisées pour des blessures plus ou moins graves et quatre ou cinq personnes sont encore portées disparues. Un journaliste de l'AFP a vu des policiers à bord de bateaux sonder les eaux à la recherche d'éventuelles victimes supplémentaires. Tous les corps des adolescents tués dans le massacre n'avaient pas encore été retirés près de 20 heures après les faits.
La police a annoncé vendredi avoir arrêté un suspect, un Norvégien « de souche » âgé de 32 ans. Le suspect, identifié par les médias norvégiens comme étant Anders Behring Breivik, a été tenu responsable des deux attaques par les enquêteurs, mais ces derniers n'excluent pas de nouvelles arrestations. Le suspect a reconnu avoir ouvert le feu sur l'île, a déclaré le commissaire Sveinung Sponheim, de la police d'Oslo. « Le suspect s'est rendu dès que la police est arrivée sans opposer de résistance. Aucun coup de feu n'a dû être tiré » par les policiers, a déclaré l'officier. La tuerie a duré « environ une heure trente », a-t-il dit, précisant que l'homme avait deux armes à feu, dont une de poing. Il portait un pull estampillé avec le sigle de la police lorsqu'il a été arrêté après la fusillade, mais il n'a jamais travaillé pour celle-ci, selon le commissaire. Ses motifs ne sont toujours pas connus, selon la police. Le commissaire a ajouté que les enquêteurs cherchaient à déterminer si un deuxième tireur était présent sur l'île, comme le laissent supposer certains témoignages.
D’après la télévision TV2, le suspect arrêté est proche des milieux d'extrême-droite et avait deux armes enregistrées en son nom, dont un fusil automatique. Sur son profil sur Facebook, l'homme à la chevelure blonde mi-longue se décrit comme « conservateur », « chrétien », célibataire, intéressé par la chasse et par des jeux tels que « World of Warcraft » et « Modern Warfare 2 ». L’homme est un « fondamentaliste chrétien », a déclaré un responsable de la police, Roger Andresen. Le Parti du Progrès (FrP), une formation de la droite populiste norvégienne, a annoncé que le suspect avait été membre du FrP et en avait été radié en 2006. « Cela m'attriste encore plus d'apprendre que cette personne a été parmi nous », a déclaré la présidente du FrP, Siv Jensen. Selon la fondation Expo, un observatoire des groupes d'extrême droite basé à Stockholm, le suspect avait été inscrit sur un forum néo-nazi suédois sur internet. « Il s'est enregistré comme utilisateur en 2009, sous un pseudonyme qui conduit à son adresse e-mail », a déclaré à l'AFP Mikael Ekman, chercheur dans cette fondation. Baptisé Nordisk, ce forum a été créé en 2007 et déclare défendre « l'identité, la culture et les traditions nordiques ». Sur Facebook, le suspect se présente aussi comme directeur de Breivik Geofarm, une ferme biologique qui lui a donné accès à des produits chimiques susceptibles d'être utilisés pour la confection d'explosifs. Une centrale d'achat agricole a indiqué samedi qu'il avait acheté début mai six tonnes d'engrais chimiques.
Une voiture piégée
Le carnage, qualifié de « tragédie nationale » par le Premier ministre Jens Stoltenberg et qui a suscité une vague d'indignation et de compassion à travers le monde, a débuté vendredi en milieu d'après-midi par un attentat à la bombe en plein cœur d’Oslo. La bombe se trouvait dans une voiture, selon la police. L'explosion a été entendue à des kilomètres à la ronde, elle a soufflé les fenêtres du bureau du Premier ministre et l'imposante tour brune était endommagée sur toutes ses façades, ce qui permettait littéralement de voir de part en part du bâtiment. Tous les immeubles environnants ont également été fortement touchés. Selon le principal tabloïd norvégien Verdens Gang (VG), dont la rédaction était aux premières loges de l'attaque, le corps d'une personne inanimée pendait dans le cadre d'une fenêtre éventrée. Les images des télévisions norvégiennes montraient des immeubles totalement défigurés, des trottoirs jonchés de débris de verre, de la fumée s'élevant du quartier, de nombreuses ambulances et des blessés ensanglantés. « Des personnes gisent en sang dans la rue », a lancé une journaliste de la radio publique NRK présente sur place. La police a rapidement bouclé le quartier, où une voiture noire se trouvait sur le flanc et où les alarmes des bâtiments dévastés hurlaient dans le vide tandis que des pompiers tentaient de contenir un incendie. Un porte-parole de la police a rapidement appelé les habitants d'Oslo à « éviter les grands rassemblements » et à rentrer chez eux.
Samedi à l'aube, la police d'Oslo a annoncé que l'armée et la police allaient renforcer la sécurité auprès des bâtiments et institutions potentiellement menacés après la double attaque, la plus sanglante en Europe depuis les attentats du 11 mars 2004 à Madrid, qui avaient fait 191 morts et près de 2000 blessés et avaient été revendiqués au nom d'el-Qaëda par une cellule islamiste radicale. Les États-Unis, l'Otan, l'Union européenne et de nombreux pays ont condamné l'explosion et adressé leurs condoléances. « Nous condamnons ces actes de violence odieux », a déclaré la porte-parole du département d’État américain, Heide Bronke Fulton.