Une "Conférence de Salut national" réunissant des centaines d'opposants syriens a dénoncé samedi à Istanbul la répression meurtrière des manifestations et les "mensonges" du régime, avec l'ambition de rassembler l'opposition.
Dans une salle de conférence comble - les organisateurs ont dénombré 350 participants - les participants ont entamé leur réunion par l'hymne national syrien et une minute de prière à la mémoire des victimes de la répression. "Le régime a perdu sa légitimité. Il ne peut pas rester au pouvoir après le sang versé, il doit répondre aux demandes des opposants et quitter le pouvoir d’une manière pacifique", a déclaré Mechaal al-Tamo, un militant kurde intervenant par téléphone depuis Damas. Les opposants ont aussi déploré l'annulation, en raison des violences, d'une réunion jumelle, qui devait avoir lieu simultanément à Damas. Les forces de sécurité syriennes "ont attaqué hier et tué 19 personnes, des centaines de personnes ont été envoyées à l'hôpital, d'autres ont été arrêtées et ils n'auraient pas permis à quiconque d'organiser une réunion", a déclaré à l'AFP Haïtham al-Maleh, une des figures majeures de l'opposition, qui lors de son allocution a également dénoncé une attaque contre le lieu prévu de la réunion. "Bachar continue de tromper les citoyens et le monde (... ) Il a annulé l’état d’urgence mais la (nouvelle) loi qu’il a imposée est pire. Il ne peut pas interdire une réunion pacifique", a protesté M. Maleh, qualifiant le président syrien de "menteur" et de "fasciste". M. Maleh a par ailleurs fait état de "2 000 morts, 1 500 disparus et 15 000 arrestations", depuis le début de la révolte.
Les participants de la conférence d'Istanbul devaient s'entendre sur une "feuille de route". "Nous avons un plan exprimant nos vues pour le futur, pour les changements en Syrie, pour un régime libre et démocratique, nous allons voir si quelqu'un a des objections et ferons les corrections raisonnables", a indiqué M. Maleh, un avocat de 79 ans défenseur des droits de l'homme, sorti de prison en mars après une condamnation pour "diffusion de fausses nouvelles susceptibles de porter atteinte au moral de la nation".
Le second volet de leur programme, la constitution d'un "gouvernement fantôme", a cependant été revu à la baisse après avoir essuyé des critiques concernant la représentativité de la conférence. "Ici, c'est le courant islamiste qui se réunit, beaucoup de tendances islamistes - les Frères musulmans mais d'autres aussi - qui essaient de se rencontrer, de s'organiser, de se positionner dans un processus en continuel changement", a affirmé à l'AFP Burhan Ghalioun, un opposant venu de Paris. "Certains avaient l'intention de créer un gouvernement provisoire mais ça n'a aucun sens aujourd'hui, c'est prématuré, tout le monde est contre. Ils adoptent désormais un profil beaucoup plus bas : sortir avec un comité de suivi pour continuer les discussions avec les autres formations de l'opposition", a ajouté ce sociologue et activiste des droits de l'homme, affirmant représenter une tendance laïque.
Wael al Hafez, un opposant également présent en Turquie, a, de son côté, proposé une idée neuve afin de gêner au mieux les services de sécurité syriens : la désobéissance civile. "Je suis pour toute chose qui unifiera le peuple syrien, aidera la population et nous unira dans notre combat contre ce régime répressif, illégitime, qui a usurpé le pouvoir et bafoué les droits de l'homme", a-t-il dit lors de la conférence. "Nous souhaitons intensifier les manifestations pacifiques en nous livrant à des actes de désobéissance civile, mais aussi en étouffant le pays économiquement, en le paralysant, le tout en causant le minimum de dégâts", a ajouté Wael al Hafez.
Commentant cette réunion, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a estimé que "les efforts de l'opposition pour se regrouper, s'organiser et définir un programme forment une part importante de la réforme politique". La tentative des Syriens de constituer une opposition est "encourageante", a-t-elle ajouté, évoquant son espoir d'une "coopération pacifique avec le gouvernement en vue d'un avenir meilleur". Mme Clinton a en outre jugé, au second jour de sa visite en Turquie, un pays partageant une longue frontière avec la Syrie, que la situation syrienne ne pouvait pas être influencée de l'extérieur. "Aucun d'entre nous n'a vraiment d'influence, en dehors de dire ce que nous croyons et d'encourager les changements que nous espérons", a-t-elle déclaré dans un entretien à Istanbul avec la chaîne d'information CNN-Türk. "Ce qui se passe en Syrie est très incertain et troublant, parce que nombre d'entre nous avaient espéré que le président Assad ferait les réformes nécessaires", a-t-elle ajouté.
Les États-Unis ont à la fois haussé le ton cette semaine contre le régime syrien et affirmé que le changement ne pourrait venir que des Syriens eux-mêmes. Hillary Clinton avait assuré vendredi que "la Syrie ne peut pas retourner en arrière" et qu'à ses yeux, le président Assad "a perdu sa légitimité" à force de répression brutale de sa population.
A la différence de la situation en Libye, aucun consensus ne semble se dégager au sein du Conseil de sécurité de l'ONU pour condamner fermement le régime Assad.
Sur le terrain en Syrie, plus d'un million de personnes ont manifesté vendredi, entraînant une répression qui a coûté la vie à 28 manifestants, selon des militants. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), près de 300 personnes ont été arrêtées après ces manifestations.
commentaires (3)
ces réunions aux frontières TURQUES n'augurent rien de bien , ce discours tenue à partir d'ISTAMBUL est une seconde connerie l'amérique encourage le régime des mollahs - syriens , que dalle pour le reste qui prône la démocratie Que Dame CLINTON saches qu'elle peut jouer seule , en tous les cas sans le peuple syrien constitué de plusieurs religions Que Dame CLINTON , pardon que Damnée Clinton !!! les scénarios catastrophes entre arabes de même pays sont connus ....... L'Algérie en a eu son compte pendant 10 ans , les arabes doivent éviter de trop écouter ces donneurs de leçons L'amérique espère faire de nous un peuple qui ne pense qu'à sa religion , qu'à la prière , pendant qu'elle s'accapare nos richesses , l'amérique rêve de nous voir tous à l'ère de la DJAHILIYA les régimes corrompus , anti nationaux doivent disparaitre pas besoin de sang pour cela une grève nationale suffit pendant 5 à 7 jours , ni école ni épicerie , ni rien de rien le régime tombera inévitablement
sadouni taoufik
18 h 34, le 17 juillet 2011