Rechercher
Rechercher

Culture - Livre

Bernard Giraudeau : portrait d’un voyageur lumineux, éternel insatisfait

Le 17 juillet 2010, après cinq années de combat contre la maladie, l’acteur-écrivain-voyageur Bernard Giraudeau était emporté par le cancer : une première biographie retrace le parcours de cette belle gueule du cinéma français au regard de faïence, qui aurait détesté n’être que ça.
«Il pouvait être difficile à vivre, sembler capricieux, mais c’était son insatisfaction permanente qui remontait en surface, la certitude de pouvoir faire mieux», assure à l’AFP Bertrand Tessier, qui signe Bernard Giraudeau, le baroudeur romantique (éditions L’Archipel).
«Cet homme a passé son temps à penser qu’il n’avait pas donné assez aux autres. Mais ce qu’il leur a donné les a marqués à jamais», constate encore l’auteur.
Les deux enfants de l’acteur-écrivain, Sara et Gaël, leur mère l’actrice Anny Duperey, les frères et sœur, les amis, les réalisateurs dessinent par leurs souvenirs les facettes multiples de cette âme belle et torturée qui a mis du temps à se trouver derrière sa façade si enviable.
Anny Duperey, qui vécut seize ans avec lui, parle d’une «inaptitude au bonheur. Il le voyait comme quelque chose d’amollissant et dangereux: chaque fois qu’on était vraiment bien, il disait: “Voilà, on devient vraiment cons”.»
«Les gens beaux n’ont jamais de réponse sur les raisons pour lesquelles on les choisit, et ça les mine», insiste Bertrand Tessier. Pour cette raison, Bernard Giraudeau cherche très vite à casser son image et refuse la relève de Delon qui s’offre à lui après Les Spécialistes.
Dans Rue Barbare, il est content de se montrer barbu en rouflaquettes. Ce qui ne l’empêchait pas de veiller à ce que ses yeux bleus soient bien éclairés!
Sa carrière d’acteur s’avère assez courte au cinéma: l’ancien danseur s’est vite tourné vers le théâtre et la réalisation. Après Les Longs manteaux et Les Caprices d’un fleuve, il avait d’ailleurs acquis les droits d’un roman chilien, Mirage d’amour avec fanfare, de Herman Rivera Letelier.
Le synopsis est écrit quand le premier cancer (du rein), en 2000, se déclare. Il est prêt à tourner quand le deuxième (du poumon) le rattrape.
«Aujourd’hui encore, le producteur belge Hubert Toint (coproducteur du Cauchemar de Darwin) cherche à monter le projet, par fidélité», indique Bertrand Tessier.
L’acteur embrasse une ultime carrière avec l’écriture, sa troisième vie: «De 2005 à 2010, il est devenu un écrivain majeur, à l’immense succès populaire et reconnu par la critique alors qu’il se battait simultanément avec hargne contre la maladie.»
Consacré «écrivain de marine», il noue ainsi les fils de son autre passion, la mer et les voyages. Sa famille a retrouvé et confié les lettres qu’il envoyait en 1964-65 depuis le porte-hélicoptères Jeanne d’Arc, où il s’est embarqué à 16 ans pour un premier tour du monde: «à une époque où il n’y avait ni Nouvelles frontières ni le Guide du routard pour un gamin de La Rochelle qui rêvait de voir le monde», souligne l’auteur.
«Celui qui sortait premier de l’école des apprentis-mécaniciens de marine était assuré de décrocher la Jeanne: il a fini major de sa promotion.»
Enfin, son combat contre le cancer, qu’il a vécu comme une possibilité de «rédemption», estime son biographe, lui a ouvert d’autres portes. «Il ne l’a pas vécu comme une fin, puisqu’il est devenu écrivain. Mais surtout il en a parlé, et cette parole était importante pour les malades», insiste le biographe.
Ses frères et sœur ont d’ailleurs lancé le Fonds de dotation Bernard Giraudeau (www.fondsbernardgiraudeau.com) pour soutenir les associations de malades et leurs familles.
Le 17 juillet 2010, après cinq années de combat contre la maladie, l’acteur-écrivain-voyageur Bernard Giraudeau était emporté par le cancer : une première biographie retrace le parcours de cette belle gueule du cinéma français au regard de faïence, qui aurait détesté n’être que ça.«Il pouvait être difficile à vivre, sembler capricieux, mais c’était son insatisfaction...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut