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Culture - Foire

Menasart-Fair, un tour d’horizon de l’art sous le signe du croissant

Du croissant de l’Afrique du Nord à l’Asie du Sud, en passant par le Moyen-Orient, l’art, en multiples embranchements, a investi plus de 4 000 mètres carrés au BIEL. Espace qui porte le nom de Menasart-Fair où peinture, sculpture, vidéo et installations rivalisent de modernité, de couleurs et de formes. Vingt-cinq galeries, six cents œuvres exposées et trois cents artistes pour un événement culturel qui se voudrait méga.

Des porte-objets à effigie de lettres arabes de Nabatt (Arabie saoudite). (Michel Sayegh)

Sous le chapiteau du BIEL, par un torride temps de canicule, grande agitation pour mettre les touches finales d’une exposition gigantesque avec ses allées diverses incluant œuvres privées de collectionneurs libanais (18 pièces, mais pas toujours d’un intérêt soutenu, car Chafic Abboud n’est certainement pas à mettre à côté des figurines de Simone Fattal!), installations pointues (Abdulrahman Katanani, Samir Khaddaje, Mario Saba, Anita Toutikian), carré pour video box (belle brochette de vidéastes pour une heure de projection, allant du Pakistan à la Palestine, en passant par l’Arabie saoudite, le Liban, l’Égypte, la Chine, l’Algérie et le Maroc), un VIP Lounge joliment décoré et nanti de beaux livres d’art et, pour ne pas être en reste, on a même pensé aux enfants avec La Petite Académie et un jeu éducatif culturel...
Promenade impromptue et flânerie culturelle dans ces galeries offrant aux regards des visiteurs la diversité d’une production aux horizons variés, ainsi qu’un témoignage sur l’énergie et la force créative d’artistes de tous crins. Beauté, créativité, inspiration et expression aux teneurs bien entendu différentes, mais qui suscitent toujours un intérêt qui ne fléchit pas, surtout lorsqu’on songe à la conjoncture actuelle de la région.
Mais que l’on ne s’emballe pas trop, car sur les vingt-cinq galeries on ne trouvera qu’une seule de l’Afrique du Nord (Le Violon bleu – la Tunisie) et une autre de l’Asie du Sud (Richard Koh Fine Art – Malaisie/Singapour). Quant au reste, si on retrouve beaucoup d’œuvres d’artistes libanais qu’on connaît déjà plus ou moins (des artistes qui exposent fréquemment et régulièrement à tous les points de vente de la capitale), on est gré de découvrir des talents nouveaux. Talents d’artistes saoudiens, syriens, koweïtiens, égyptiens et des Émirats arabes unis dont le souffle neuf et original ravive, remue, secoue l’ensemble et frappe souvent par l’acuité et la pertinence des œuvres sélectionnées.
Une palette riche, foisonnante de vie, permettant la comparaison, toujours dans un esprit positif, des œuvres de toutes frontières qui jouxtent les unes à proximité des autres comme autant de fenêtres pour découvrir le monde et ses rêves, à portée de soi.
Mixed média, peintures, sculptures, photographies, matériaux et assemblages divers ont pris d’assaut les cimaises de ces murs érigés comme une ruche d’abeilles aux cellules accolées les unes aux autres.
Des statues noires, masse «moorienne» implorante, de la femme sculpteur saoudienne Noha al-Sharif aux écritures arabes de Zaman Jassim, aux carrés «vasareliens» d’Allah de Lulwah al-Houmoud, en passant par le graphisme vaguement japonisant de Nasser al-Turki (qui nous rappellent un peu, successivement, Wajih Nakhlé et Samir Sayegh), l’art contemporain saoudien entre en force en scène et interpelle dès l’entrée. De Djedda, panneau indicatif trompeur que ce Détour de Abdelnasser Ghanem où brusquement les tampons minutieusement apposés sur la toile parlent d’une technicité faite d’habileté et de patience.
Et émerge un Nadim Karam (qui nous a inondé par le passé avec ses délicieuses processions archaïques) encore plus ludique que jamais, avec même l’introduction (sur toiles ou sculptures en pastilles plastifiées luisantes) de couleurs fraîches et pimpantes.
De Dubaï arrive ce médiumnique Halim al-Karim avec des visages fantomatiques aux regards troublants. En passant devant le stand «Emmagoss», on retrouve le clan Guiragossian, de père en fils et fille. Le dessin, de toute évidence, est dans les gènes, mais la touche du maître reste l’apanage de Paul, chantre des lignes simples et des silhouettes entrelacées.
Toile en L de Chawki Chamoun. Une toile fidèle à la narration picturale de Chamoun depuis des lustres, stylisée et habitée d’une foule en attente comme devant une piste de neige et (nouveauté ?) ce crochet pour longer le mur d’à côté et rattraper l’autre angle.
On retrouve Dubaï pour ces écritures de lettres arabes géantes sur fond coloré de Abdul Qader al-Rais, formulation toujours d’actualité mais certainement, dans ce moule, pas de première nouveauté. Les parures qui en découlent, c’est déjà toute une autre histoire.
Envers du décor à cause de la guerre et immeubles en ruine saisis sur le vif par Gilbert Hage dont la caméra capte, en toute clarté, le ciel bleu tout aussi bien que l’amer de la destruction et de la désolation.
De l’Asie du Sud, des dinosaures. Dinosaures aux pattes crochues et aux dents en scie de bûcheron pour Natae Utarit, qui transforme l’horreur en conte de Walt Disney... Femme au dos lisse et perles de nacre sur fond noir pour Mouna Rebeiz, dont la palette a des touches de mystère et de sensualité.
De la Syrie, Kevork Mourad offre des totems (acrylique sur papier) avec une vision en noir et blanc d’un monde fantasmagorique pour d’improbables voyages d’un Sindbad le marin perdu dans des océans surréalistes. Les «icônes» de la femme, de la galerie Janine Rubeiz, ouvrent leur cortège avec Feyrouz croulant sous un bouquet de fleurs et une tempête de dentelles. Il y a aussi Marilyn Monroe et sa robe blanche découvrant en toute coquinerie ses cuisses, ainsi qu’un superbe montage de photos de Rania Matar dans un intérieur de chambre de jeune fille avec «iPod» à l’oreille...
Outre la magnifique sculpture d’Adam Honein, l’Égypte présente ses derviches tourneurs et leur ronde giratoire. De Sidi Bou Saïd, les belles étoffes brodées, blanc sur noir, comme des tapisseries orientales, mais surtout ces poèmes de Mahmoud Darwich écrits à même une gaze légère et signés Meriam Bourdebala.
Sans être très fourni, mis à part ce qui concerne le pays du Cèdre et les projections vidéo, voilà un tour d’horizon, un peu hectique, où il y a un peu de tout, de l’art, de la Tunisie à la Malaisie, en passant par force mégalopoles ou capitales arabes.
Certes un peu fantasque et sans thème précis ce tour d’horizon (avec pas mal de déjà-vu de la production libanaise qui donne, pour quelques-uns, l’impression parfois d’aérer les tiroirs!), mais cela reste de toute évidence un témoignage sur la société, un aperçu sur les élans et les dires d’un imaginaire livré à ses fantaisies et, par-delà une certaine contestation sociale ou une notion de spiritualité, le sens du frisson esthétique.
Tout cela, comme un échange culturel. Tel un pont jeté entre trois régions pour entretenir le public d’un art ouvert, tout en ne niant ni ses influences, ni ses emprunts, ni ses libertés, ni ses sources, ni son authenticité, ni ses audaces. Un art qui se voudrait dans le «trend» de l’actualité.
Sous le chapiteau du BIEL, par un torride temps de canicule, grande agitation pour mettre les touches finales d’une exposition gigantesque avec ses allées diverses incluant œuvres privées de collectionneurs libanais (18 pièces, mais pas toujours d’un intérêt soutenu, car Chafic Abboud n’est certainement pas à mettre à côté des figurines de Simone Fattal!), installations...

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