Les députés libanais ont voté, peu avant 16h, la confiance au gouvernement de Nagib Mikati par 68 voix pour et une abstention. Juste avant le vote, les députés du 14 Mars ont quitté l’hémicycle.
Ce vote est intervenu après une troisième journée de débats dominés par la question des armes du Hezbollah et celle du Tribunal Spécial pour le Liban (TSL).
Premier à prendre la parole ce matin, au troisième jour du débat, le député des Forces libanaises, Georges Adwan, a entrepris de décrire la situation du Liban. Pour lui, le cabinet de Nagib Mikati n’est que le prolongement d’un « coup de force » dont la chute du gouvernement de Saad Hariri était déjà un élément.
M. Adwan s’est largement étendu sur la question des armes du Hezbollah. Il a rappelé qu’à la table de dialogue, les différentes parties s’étaient entendues sur plusieurs points, dont la mise en place du Tribunal Spécial pour le Liban, la délimitation de la frontière avec la Syrie et les armes des Palestiniens. Le dialogue a buté sur les armes du Hezbollah, a-t-il ajouté. Les armes échappant au contrôle de l'Etat doivent revenir sous la tutelle étatique, a martelé M. Adwan, qui a dit au Premier ministre : « Vous n’avez pas beaucoup de temps pour choisir entre la force de la légalité et la légitimité de la force ».
Abordant les dossiers régionaux, M. Adwan a déclaré qu’« il faut imposer deux principes : la liberté des peuples et leur droit à choisir leurs dirigeants, et leur droit à ne pas être réprimés quand ils réclament la liberté ». On ne peut pas soutenir des revendications pour le Bahreïn et ne pas les soutenir pour la Syrie, a-t-il encore ajouté.
Prenant ensuite la parole, Boutros Harb a averti M. Mikati qu’il est « otage entre les mains de la majorité ». Akram Chehayeb, député du PSP, a, ensuite, regretté « que la division entre le 8 Mars et le 14 Mars mette le pays au bord du gouffre ». Le député du PSP a également rappelé que la stabilité du Liban ne peut passer que par la réconciliation.
Le ton est monté quand le député Kataeb Samy Gemayel a pris la parole. Le gouvernement de Saad Hariri est tombé en raison de son soutien au TSL, a dit M. Gemayel, avant de citer Winston Churchill : « Vous deviez choisir entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur, mais vous aurez la guerre ». M. Gemayel a établi un parallèle avec la situation actuelle, d'aucuns soulignant que les Libanais doivent choisir entre la justice et la stabilité, le rejet du TSL ne signifiant pas que l'on en a garanti la stabilité.
Toujours au sujet du TSL, Samy Gemayel a prouvé la caractère infondé de certaines « preuves » présentées par Hassan Nasrallah pour démontrer que le tribunal est à la solde d’Israël.
Le député Kataëb s’en est également pris au Hezbollah, déclarant qu’« au Liban, un groupe agit comme s’il avait des droits que les autres n’ont pas ».
Au sujet du TSL, le député Gemayel a déclaré : « Nous ne cherchons pas à accuser des gens innocents. (…) Nous cherchons ceux qui ont vraiment assassiné nos frères et nos martyrs ». « Le Hezbollah est notre partenaire. (…) Je suis sûr que mes (collègues du Hezbollah) n’ont rien à voir avec l’assassinat, mais vous avez fait une grosse erreur en déclarant que personne ne peut mal agir au sein du Hezbollah, pour reconnaitre ensuite que certains de vos militants traitaient avec la CIA», a-t-il ajouté. Les déclarations ont donné lieu à une réaction de Ali Ammar, député du Hezbollah, qui a déclaré que de nouvelles preuves seraient présentées.
Prenant ensuite la parole, le député du parti de Dieu, Mohammed Raad, a réitéré le rejet par le Hezbollah, du TSL. M. Raad a jugé regrettable que « le TSL ait été utilisé dans le cadre d’une stratégie visant la résistance ». Selon lui, certaines parties sont complices sur ce plan, et le parti de Dieu ne se laissera pas avoir. « Au Liban, nous demandons tous la vérité et la justice et nous les considérons comme des garanties de la stabilité. Mais la grande tromperie consiste à lier la justice au TSL. (…) Ce tribunal n’a aucune légitimité, c’est un outil entre les mains des Etats-unis et d’Israël. (…) Son but est de déstabiliser le Liban, de diviser les Libanais, d’attaquer la résistance. (…) Pour toutes ces raisons, nous sommes contre le TSL », a-t-il déclaré. « Il n’y aura pas de discorde au Liban, ni entre sunnite et chiites, ni entre chrétiens et musulmans », a ajouté M. Raad.
Nawaf Moussawi a également pris la parole pour lancer une nouvelle offensive contre le TSL, rappelant que le Hezbollah avait, dans un premier temps, coopéré avec cette instance internationale.
Toujours au sujet du TSL, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora a demandé : « Nous ne demandons que la justice, qui est le fondement de la dignité, est-ce un crime ? ». Sur les armes du Hezbollah, M. Siniora, dernier député à intervenir, a rappelé avoir dit, en Europe et aux Etats-Unis, que cette question était « une question interne devant être discutée dans le cadre de la table de dialogue. (…) Mais ces armes ont été utilisées à l’intérieur du Liban dès que le premier problème politico-sécuritaire s’est présenté ». Rappelant que le Hezbollah a déclaré que ses membres visés par l’acte d’accusation du TSL ne seraient jamais arrêtés, Fouad Siniora a demandé au gouvernement en général et au Premier ministre Nagib Mikati, en particulier, s’ils approuvaient cette déclaration.
Suite aux interventions des députés, Nagib Mikati a exercé son droit de réponse, déclarant que, conformément au principe de la continuité dans l'exercice du pouvoir, son gouvernement allait continuer à "coopérer avec le TSL, en application de la résolution 1757". M. Mikati a également déclaré que son gouvernement ne néglige pas la question des armes. « Nous soulignons que retirer les armes des villes sera l’une de nos priorités », a-t-il déclaré, ajoutant que la question des armes palestiniennes serait également traitée.
Ce vote est intervenu après une troisième journée de débats dominés par la question des armes du Hezbollah et celle du Tribunal Spécial pour le Liban (TSL).
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